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Politique - Présidentielle

Le « oui, mais » du Hezbollah à Joseph Aoun

Depuis Bkerké, Ibrahim Amine el-Sayed assure que le parti chiite ne met aucun veto sur le chef de l’armée en cas d’entente.

Le « oui, mais » du Hezbollah à Joseph Aoun

Le patriarche maronite, Béchara Raï, recevant Ibrahim Amine el-Sayed à la tête d'une délégation du Hezbollah, lundi à Bkerké. Photo tirée de la page Facebook du patriarcat maronite

« Nous n’avons de veto contre personne », a affirmé le président du conseil politique du Hezbollah, Ibrahim Amine el-Sayed, lundi depuis Bkerké, en réponse à une question portant sur l’élection du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, à la présidence de la République, alors que le nom du général circule depuis des mois dans les coulisses en tant que candidat consensuel à la magistrature suprême.

L'éditorial de Issa Goraïeb

En vœux-tu, en voilà !

Il s’agit de la toute première fois que le parti chiite se prononce aussi clairement au sujet de la candidature du chef de la troupe. Outre le fait de se montrer ouvert à un compromis politique élargi articulé autour de la présidentielle, le Hezbollah a voulu adresser un message à un allié qui lui donne du fil à retordre, le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, qui refuse catégoriquement d’avaliser l’option Joseph Aoun, mais aussi l’élection du leader des Marada Sleiman Frangié, favori du parti chiite. Mais le leader aouniste ne veut rien entendre et continue de faire grimper les enchères face à son seul allié, fragilisant de plus en plus l’entente de Mar Mikhaël.

Dans la forme, la visite d’une délégation du Hezbollah à Bkerké visait à faire revenir à la normale les rapports avec l’Église maronite, secoués depuis juillet dernier, avec l’arrestation de l’évêque Moussa el-Hage au poste frontalier de Naqoura. Des rapports également tendus en raison des appels incessants du patriarche à la neutralité du Liban et de ses critiques du blocage de la présidentielle par le camp du 8 Mars. Mais dans le fond, le déplacement à Bkerké a surtout permis au Hezbollah de remplir un objectif-clé : adresser les messages qui s’imposent à qui veut les entendre depuis la tribune de la plus haute autorité religieuse chrétienne du pays. Le parti chiite a ainsi pris soin de se montrer ouvert à un candidat consensuel à la tête du pays, au lieu de paraître intraitable dans son appui à une personnalité à laquelle Mgr Raï ne serait pas favorable, de par sa position de principe rejetant l’éventualité d’un président affilié à un camp politique bien déterminé.

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S’exprimant à l’issue de la réunion avec le patriarche, Ibrahim Amine el-Sayed a tenu a rappelé qu’entre sa formation et Bkerké, « il n’y a pas de divergences, mais des points de vue différents ». C’est en réponse à la question d’une journaliste que le responsable chiite s’est attardé sur la candidature de Joseph Aoun. « Nous n’avons de veto contre personne », a-t-il lancé, assurant que son parti « accepterait un consensus » qui porterait sur l’élection du chef de l’armée. Des propos qui interviennent quelques semaines après une rencontre entre le porte-parole du patriarcat maronite, Walid Ghayad, et Mohammad Khansa, émissaire du Hezbollah, dans le cadre d’efforts déployés par le parti de Dieu pour parvenir à une entente autour du nom du futur président et pour paver la voie de Baabda devant Sleiman Frangié, en le présentant comme une figure consensuelle.

« Pas de plan B »

Faut-il en déduire que le Hezbollah serait désormais disposé à lâcher M. Frangié au profit de Joseph Aoun? Non, à en croire le bras droit de Hassan Nasrallah, Hussein Khalil, contacté par L’Orient-Le Jour. « Sleiman Frangié est notre candidat. C’est notre plan A, et il n’y a pas de plan B », tranche-t-il, rappelant qu’Ibrahim Amine el-Sayed a été clair en soulignant que « les rapports entre le Hezbollah et le général Aoun sont une chose, et la question de la présidentielle en est une autre ». Allant encore plus loin, le chef du conseil politique du Hezbollah s’est prononcé en faveur d’un président « doté d’un poids populaire et politique », un atout dont le commandant en chef de l’armée ne dispose pas. Ce qui sous-entend que le Hezbollah n’œuvrera pas à mener Joseph Aoun jusqu’à Baabda, mais n’entravera pas une entente élargie qui irait dans ce sens. « Cette prise de position du Hezbollah n’est pas nouvelle. Le parti est conscient que la présidentielle ne sera que le fruit d’une entente. Il laisse donc la porte ouverte à un compromis », analyse Kassem Kassir, journaliste proche des milieux du parti de Dieu.

Bassil opte pour l’escalade verbale

Sauf que l’ouverture du Hezbollah à d’autres options reste porteuse d’un message à Gebran Bassil : le parti de Dieu pourrait passer outre le veto orange pour avaliser une éventuelle entente autour du patron de l’armée. Une analyse que le CPL ne partage pas. « Le fait que le Hezbollah établisse une distinction entre la présidentielle et les rapports avec Joseph Aoun est une chose positive », souligne Ghassan Atallah, député du Chouf. Selon lui, « tout le monde sait que Sleiman Frangié, Michel Moawad (candidat d’une partie de l’opposition) et même Joseph Aoun n’ont aucune chance d’être élus. D’où l’importance de l’initiative que M. Bassil lancera prochainement pour appeler à l’élection d’un candidat dont le nom n’a pas encore été mis sur le tapis », dit-il. En attendant, le chef du CPL a opté pour l’escalade face à son allié chiite. Dans une interview accordée au site d’information Assas, il a réitéré son opposition à l’option Frangié, parce que « cette candidature ne correspond pas au projet réformiste dont a besoin le pays ». Il s’est également dit contre l’élection de Joseph Aoun, qui « n’a pas de programme ».

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Allant plus loin, il s’est dit prêt à remettre sur le tapis sa candidature à la magistrature suprême s’il juge que sa « concession provisoire » est interprétée comme « un signe de faiblesse » du CPL. Encore un message au Hezbollah avec qui l’entente « ne tient plus qu’à un fil », selon M. Bassil, engagé dans un bras de fer avec le parti chiite sur fond de divergences sur le dossier présidentiel qui se sont accrues avec la tenue, début décembre, d’un Conseil des ministres, avec l’aval du parti de Dieu, en période de vacance présidentielle. Mais les turbulences menées par le leader chrétien ne semblent pas déranger le Hezbollah. « Nous ne sommes pas un même parti et il est libre de faire ce qu’il veut », commente Hussein Khalil. Depuis Bkerké, Ibrahim Amine el-Sayed est allé encore plus loin : « Gebran Bassil n’a jamais été sous la coupe du Hezbollah pour qu’il n’y soit plus maintenant. »

« Nous n’avons de veto contre personne », a affirmé le président du conseil politique du Hezbollah, Ibrahim Amine el-Sayed, lundi depuis Bkerké, en réponse à une question portant sur l’élection du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, à la présidence de la République, alors que le nom du général circule depuis des mois dans les coulisses en tant que candidat...

commentaires (7)

- PAYS DEVENU BORDELIQUE, - AUX MAINS DES VENDUS CERVEAUX-TROUS, - DU VIEUX DIT FORT, DE SON GENDRIQUE, - DU BARBU, BERRIOTE ET VOYOUS.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 28, le 04 janvier 2023

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Commentaires (7)

  • - PAYS DEVENU BORDELIQUE, - AUX MAINS DES VENDUS CERVEAUX-TROUS, - DU VIEUX DIT FORT, DE SON GENDRIQUE, - DU BARBU, BERRIOTE ET VOYOUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 28, le 04 janvier 2023

  • Des amis et parents m’ont dit beaucoup mieux sans président qu’avec un président iranien ….

    Eleni Caridopoulou

    18 h 43, le 04 janvier 2023

  • Tout le monde trouve normal qu’un parti venu de l’antiquité. Un parti intégriste. Un parti islamiste. Une organisation militaire créée, financée, entraînée, armée par un pays étranger : Cette organisation doit approuver « la nomination » d’un président de la république libanaise. Sachant que l’existence même du Liban réside dans l’ouverture au monde, de jouer les pacificateurs, d’être le pont entre l’orient et l’occident. Le liban pays multilingue par défaut. Liban et libanais qui sont tout à fait à l’opposé de l’intégrisme. Le mode de vie des libanais , de nos ancêtres, de nos arrières grands parents QUI ONT CONSTRUIT ce pays avec l’aide, la culture, les lois, les architectes etc… de FRANCE. Aujourd’hui, le liban vu de l’extérieur ressemble plus à l’Iran et l’Afghanistan … beaucoup plus qu’au liban hérité , transmis par nos parents…mais qui nous a été volé. Nous sommes loins du Liban de Jc boulos, victor bercin, théâtre de 10heures, Yvette Sursock, abou melhem, abou salim LE LIBANAIS.. Rires et rigolades étaient présents….Le liban de Camille chamoun et de tout ce monde qui donnait au liban : UNE PLUS VALUE ET UN SENS A SON EXISTENCE… Pauvre pays qui a perdu tout un pan de sa vitrine culturelle et son positionnement pacificateur régional.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 15, le 04 janvier 2023

  • Lorsqu’on se réclame fièrement, des mercenaires au service d’un autre pays que celui qui les nourrit et les héberge, on n’a aucun droit de se mêler de sa souveraineté ni de son sort. Qu’il soit claire que les vendus, tôt ou tard paieront leur trahison. C’est une promesse et ce, quelque soit le temps que ça prendrait. Vous êtes tous condamnés à paraître devant la justice de notre pays pour les innombrables et innommables actes que vous avez commis sur son sol et sur son peule, ainsi que tous vos collabos. Qui vivra verra.

    Sissi zayyat

    12 h 08, le 04 janvier 2023

  • - JE RETIENS MA LIBRE EXPRESSION - CAR JE DETESTE LA CENSURE - DES CENTRES OBTUS SANS VISION, - QUI NE SONT QU,INSULTE ET INJURE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 04 janvier 2023

  • Le Hezbollah n;a pas de veto contre Joseph Aoun, mais s'en méfie tout de même - on l'espère, à juste titre. On se souvient que Michel Sleiman, en tant que commandant de l'Armée, ne s'était guère comporté comme souverainiste, et se montrait très proche du Hezbollah. Il avait présidé une cérémonie d'adieu au digne émule de Jazar le Boucher, Rustom Ghazali. Plus tard, après avoir mené la bataille de Nahr el Bared, malgré un veto du Hezbollah, pour se faire pardonner, il lui dédiera sa victoire. Plus carpette que ça, on ne fait pas! Et pourtant, devenu président de la République, il adoptera des positions nettement patriotiques, et donc opposées au "Parti de Dieu".

    Yves Prevost

    07 h 51, le 04 janvier 2023

  • S’il vous plaît cessez d’écrire "élection". Il s’agit d’une nomination. Ce n’est pas bien d’induire les gens en erreur!

    Gros Gnon

    00 h 41, le 04 janvier 2023

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