
Le centre de facturation d'Électricité du Liban à Zouk Mosbeh. Photo João Sousa
Dans une lettre datée du 8 décembre dernier, dont l’authenticité a été reconnue par le service de presse de son destinataire, la Banque du Liban a informé le fournisseur public Électricité du Liban qu’elle lui fournira des dollars « frais » contre des livres libanaises au taux de sa plateforme Sayrafa, inférieur à celui du marché, mais en appliquant une majoration de 20 %.
La mesure sera appliquée dès que les premières factures de courant répercutant les nouveaux tarifs d’électricité, publiés en octobre, seront émises, soit en février prochain. Cela veut aussi dire que les montants en livres des nouvelles factures, calculés sur la base de nouveaux tarifs en dollars, seront convertis au taux de Sayrafa majoré de 20 %, a indiqué le service de presse.
Initialement, EDL voulait appliquer le taux de Sayrafa au début de chaque mois, comme le précise le courrier. La manœuvre proposée par la BDL doit permettre à EDL de financer ses achats de carburant, ce que ce dernier ne peut pas faire actuellement faute de moyens pour accéder légalement à des dollars frais en raison des contraintes auxquelles il doit se soumettre en tant qu’établissement public. Le fournisseur ne peut actuellement compter que sur les livraisons de carburant obtenues via un accord de troc avec l’Irak et, en conséquence, ne produit qu’une poignée d’heures de courant par jour. À ce propos, EDL nous a confirmé que la cargaison de 30 000 tonnes de carburant irakien reçue le 20 novembre dernier « suffira jusqu’à janvier ».
Enfin, la BDL ne semble pas avoir prévu de solution pour permettre à EDL d’échanger en dollars plus de 800 milliards de livres que le fournisseur a récupérés en collectant des factures calculées selon les anciens tarifs et l’ancienne parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar.
Le fournisseur a lui aussi fait les frais des restrictions bancaires illégalement mises en place depuis le début de la crise lors de la deuxième moitié de 2019. Des mesures que les autorités n’ont pas régulées et qui ont conduit au blocage de dizaines de milliards de dollars de dépôts dans les banques libanaises et à l’arrêt des conversions dollar/livre à la parité officielle.
Nouvelle grille tarifaire
En crise chaotique depuis plus de trois ans, le Liban a officiellement abandonné l’ancien régime de change stabilisé par la BDL à travers le budget de 2022, adopté en septembre puis entré en vigueur le 15 novembre dernier avec plusieurs mois de retard sur les délais normaux. En parallèle, les autorités ont approuvé une nouvelle grille des tarifs d’électricité qui étaient figés depuis 1994 sur la base d’un baril de pétrole à 23 dollars.
Les nouveaux tarifs, présentés sous le chapeau d’un plan d’urgence visant à éviter le black-out complet, ont commencé à être appliqués à partir du 1er novembre, mais les factures liées ne seront collectées qu’à partir de fin février, ou début mars, le fournisseur étant encore en train de finaliser la collecte dans toutes les régions. Hasard du calendrier, c’est aussi en février que la BDL prévoit d’augmenter à 15 000 livres pour un dollar le taux de retrait de dollars « bancaires » ou « lollars » (les dollars bloqués dans le système bancaire), soit le taux applicable pour les circulaires n° 151 et n° 158 qui aménagent ces restrictions.
Comme EDL l’avait confirmé à L’Orient-Le Jour en octobre, les nouveaux tarifs vont osciller entre 10 cents de dollar, pour ceux qui consomment moins de 100 kilowattheures (kWh) par mois, et 27 cents de dollar par kWh, pour ceux qui en consomment davantage. Les frais supplémentaires par ampère (A) sont fixés à 0,21 dollar. Les frais d’abonnement ont tous été majorés : ceux précédemment fixés à 5 000 livres seront désormais facturés 4,3 dollars, tandis que ceux à 10 000 livres le seront à 8,6 dollars, entre autres détails que nous avions exposés dans un article du 15 novembre dernier.
EDL avait enfin prévenu que le fournisseur n’était pas le seul responsable de l’application des nouveaux tarifs et de la hausse de la production qu’elle devait permettre de financer, rappelant que nombre d’institutions sont impliquées pour sa mise en place, telles que la BDL, plusieurs ministères, municipalités et autres établissements publics.
Dans une lettre datée du 8 décembre dernier, dont l’authenticité a été reconnue par le service de presse de son destinataire, la Banque du Liban a informé le fournisseur public Électricité du Liban qu’elle lui fournira des dollars « frais » contre des livres libanaises au taux de sa plateforme Sayrafa, inférieur à celui du marché, mais en appliquant une majoration de 20 %.
La...
commentaires (6)
Ils vont multiplier la facture actuelle d'EDL par 8 ou par 10 alors qu'ils ne donnent qu'une heure ou deux d'electricite par jour ? Ils ne savent plus ou voler les citoyens. Dans ces conditions, il vaut mieux demander le retrait des compteurs. De toutes facons, il faut se debrouiller sans.
Michel Trad
16 h 50, le 14 décembre 2022