Entre les embardées du dollar toujours dans le sens de la hauteur, les caquètements foireux au Parlement, où ceux qui torpillent la présidentielle sont copains comme coquins avec ceux qui boycottent le gouvernement, le débit prostatique de l’internet à l’ombre de la jacquerie des salariés du mobile et des fanfaronnades du ministre, il est quand même rassurant de constater : 1) Qu’Istiz Nabeuh rame à contre-courant, en insistant à promouvoir la bave à gros bouillons qu’il appelle pompeusement dialogue. 2) Que le Basileus et le Tondu jouent chacun sa partition, pendant que le Franju distille son jus de crâne pour leur rafler la mise. 3) Que Mikati-les-miquettes persiste à vendre sa sauce mielleuse à la communauté internationale, tout en feignant d’ignorer l’élevage au Sud de barbus biberonnés au Khamenei non écrémé.
Le Libanais ordinaire, lui, s’en bat les claouis et savoure par petites lampées les derniers oukases fiscaux du brave Youssef Khalil, distributeur automatique de taxes et impôts. Faut dire qu’il a de l’ambition, le dernier sous-fifre du Taulier du Parlement. Et il est surtout très pressé. Non content de pomper dans les billets de macaque qui ne valent plus un fifrelin, ce sont les dollars frais des salaires qu’il entend maintenant siphonner. Diable ! Sa liste des courses est longue et surclasse de loin le panier de la ménagère chez les gueux. Espère un peu : le parc auto des ministres et députés à rénover avec de la peinture bien fraîche et surtout bien noire ; une batterie d’imprimantes à l’énergie solaire pour les nouvelles factures d’Électricité du Liban, laquelle entend se goinfrer avant même que de produire du courant ; une panoplie complète et dans toutes les tailles de couches pour adultes et autres protège-caleçons pour masquer les misères intimes des papys de la République. Libanais, préparez la monnaie !
Alors que la population n’a plus que l’impôt sur les os, cet État foireux n’a rien trouvé de plus urgent que de tripler les salaires dans la fonction publique. Une démarche salutaire certes pour les quelques fonctionnaires honnêtes qui restent, mais scandaleuse pour l’écrasante majorité des glandus payés à pantoufler aux frais du contribuable, et qui déjà du temps du dollar à 3 livres n’en foutaient pas une rame. Quant au financement, il sera assuré par… les « réformes à venir », promet le ministre du Pognon en se retenant de pouffer. À ce train, ce n’est même plus du racket, mais une attaque à main armée.
Pas un seul de ces tordus n’a suggéré ne serait-ce qu’en bégayant une cure d’amaigrissement et une baisse du train de vie de cet État impotent et inutile. Alors forcément, on se rabat sur le plus facile : rançonner les minables à coups de taxes. Ce qui est logique, puisqu’ils sont plus nombreux. En somme, des salaires pour les flemmards et une dette pour les geignards…
Qu’il est bon de se sentir gouverné !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (10)
C'est letitre d'un show de Samy Khayath en 1966 !
Chucri Abboud
19 h 19, le 14 décembre 2022