
Des proches de victimes de la double explosion meurtrière du 4 août 2020 rassemblés près du port de Beyrouth, sous la statue de l’Émigré, le 4 décembre 2022. Photo Lyana Alameddine
"L'enquête est au point mort" ; "la mafia protège les criminels" : rassemblés dimanche près du port de Beyrouth, sous la statue de l’Émigré, des dizaines de proches de victimes de la double explosion meurtrière ont lancé un nouveau cri de douleur pour réclamer une reprise de l'enquête sur le drame, bloquée depuis des mois en raison des ingérences politiques. Un autre groupe qui s'est scindé du reste des familles, et qui est mené par Ibrahim Hoteit, dont le frère est mort lors des explosions, s'est rassemblé à quelques centaines de mètres pour réaffirmer son opposition au juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction sur le drame.
Brandissant des photos de leurs proches, les familles ont appelé "les députés de la contestation populaire ainsi que ceux qui soutiennent leur cause à se tenir à leurs côtés afin que justice soit rendue".
Enquête au point mort
Mona Jawich, dont la fille Rawan, est morte sur son lieu de travail à Gemmayzé, a déploré le fait que "l'enquête soit au point mort". "Nous n'arrêterons pas de descendre dans la rue pour rappeler aux gens ce qui s'est passé le 4 août 2020. C'est difficile pour nous d'être les seuls à réclamer la vérité", a-t-elle confié à notre journaliste sur place, Lyana Alameddine. Même constat du côté du père de Jawad Chaaya, tué lui aussi par la double explosion. "L’enquête est au point mort et la mafia protège les criminels", a-t-il dénoncé, dans une allusion à certains responsables politiques qui s'ingèrent dans l'enquête. Il a aussi regretté que nombre de familles des victimes n'ont pas pu se déplacer pour participer au sit-in en raison de la flambée des prix des carburants dans un Liban en pleine crise.
Hiyam al-Bikaï, qui a perdu son fils, a elle aussi dénoncé l'immobilisme de l'enquête depuis "deux ans et quatre mois". "Cela fait un an et un mois que le juge Tarek Bitar ne peut pas travailler en raison des ingérences politiques", a-t-elle fustigé. "Les coupables font partie de la classe au pouvoir, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk, l'ancien ministre des Travaux publics Youssef Fenianos, ainsi que les députés Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil. Je vais continuer à protester pour qu'un jour on installe les potences", a-t-elle dit.
La campagne contre le juge Bitar
Le groupe mené par Ibrahim Hoteit, un farouche opposant au juge Bitar, s'est rassemblé à quelques centaines de mètres de la statue de l’Émigré, près de la porte numéro 3 du port. M. Hoteit a affirmé que son groupe "poursuit sa campagne à l'encontre du juge parce qu'il n'a pas convoqué le juge des référés à l’époque des faits Jad Maalouf, ni l'ancien commandant en chef de l'armée Jean Kahwaji, qui étaient informés du stockage de tonnes de nitrate d'ammonium au port de la capitale". "Ce sont eux qui devraient assumer la plus grande responsabilité du drame", a-t-il estimé.
Un groupe de proches de victimes, mené par Ibrahim Hoteit, rassemblé près de la porte numéro trois au port de Beyrouth, le 4 décembre 2022. Photo Lyana Alameddine
Plus de deux ans après la tragédie, l'enquête est bloquée par de multiples manœuvres politiques et elle est actuellement suspendue en raison de différentes plaintes déposées contre le juge Bitar, notamment par les députés Ghazi Zeaïter, Ali Hassan Khalil et l'ancien ministre des Travaux publics Youssef Fenianos, qui sont tous poursuivis dans l'enquête et ont fait l'objet de mandats d'arrêt. Bien que soupçonnés, MM. Zeaïter et Khalil ont été réélus au Parlement en mai 2022. Le ministre sortant des Finances Youssef Khalil, qui est proche du président du Parlement Nabih Berry, a été accusé d'entraver l'enquête en ne signant pas les nominations judiciaires qui sont bloquées depuis plusieurs mois.
Début septembre, le Conseil supérieur de la magistrature avait décidé de nommer un juge d'instruction suppléant dans l'enquête sur l'explosion qui a fait plus de 220 décès et 6.500 blessés, a détruit des quartiers entiers de la capitale. Toutefois, des familles ont insisté sur le fait que le juge Bitar est "le maître de son dossier" et affirmé qu'"avec une juge aussi audacieux et impartial, la vérité ne sera pas perdue."
Tant que le barbu les teint par les C… il n’y aura ni enquête ni justice. Il faut tout faire pour se débarrasser de lui et de son armada armée par un pays étranger qui veut anéantir le notre , ensuite nous pourront prétendre à état fonctionnel, digne de ce nom. En attendant, Les libanais ne sont pas au bout de leur peine ni de leur misère.
12 h 25, le 05 décembre 2022