Installés sous respiration artificielle, les gros bonnets-benêts de la République, plutôt que de se pencher sur des sujets aussi terre à terre que l’élection présidentielle, un nouveau gouvernement ou la panade économique, sont trop occupés à brasser du vent en nous servant leur verbiage autiste à propos des grandes manœuvres internationales autour du Liban. Incorrigibles vermisseaux du Levant ! On a beau leur expliquer que le monde n’a rien à braire de leurs querelles de chiffonniers, ils veulent absolument se placer.
« La présidentielle n’attend plus qu’un accord irano-US sur le nucléaire », bêlent à l’unisson les analystes sur les plateaux télé. Comprendre : dès que les mollahs de Téhéran, qui enrichissent l’uranium à défaut d’enrichir leur population, auront le feu vert pour bricoler leur bombe, ils auront la gentillesse d’offrir aux Libanais un président enrobé d’une chapelure zghortiote, et si possible d’une fine pelure d’orange, selon une recette de leurs sous-fifres du Hezbollah.
À partir de là, on peut toujours rêver d’un scrutin présidentiel où le vaincu, même s’il s’est étalé dans les grandes largeurs, félicite le vainqueur sans ressentir une atteinte intolérable à son orgueil et son amour-propre. Un scrutin dans les règles de l’art, au terme duquel les résultats sont proclamés immédiatement, sans barbotage dans l’urne, pannes de jus pendant le décompte, vociférations ou autres recours en invalidation… Pas de harangues hystériques non plus, ornées d’index levé aux vents, pas d’accusations de trahison, pas d’appels au meurtre, pas de partisans niais qui livrent leur « âme » et leur « sang » à un chef en lunettes noires tirant la gueule ou bardé de colifichets.
Las, le retour sur terre s’annonce dur. Un peu à la manière d’un sort des Templiers jeté depuis le fond des âges au vulgum pecus libanais : « 100 milliards de dollars de dettes au bassinet tu cracheras, plus jamais président de la République n’éliras, barbus de toutes les pilosités endureras, toute la Syrie et sa cour des Miracles hébergeras. » À cela, faudrait peut-être ajouter : « 32 ans après la fin de la guerre, dans le noir resteras », et « pire débile que toi, plus jamais le Seigneur ne fabriquera »…
Cerise sur ce gâteau gâté de birbes gâteux : le gouvernement de Mikou sera provisoire, nous promet-on. À la bonne heure !
Ne reste plus qu’à rafistoler le provisoire et le maquiller en ordinaire durable.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
UN BILLET QU,ON LIT DEPUIS 5 JOURS. QU,EN EST-IL ?
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 43, le 06 décembre 2022