
Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati (d), lors d'une réunion avec le Haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, le 1er décembre 2022 au Grand sérail. Photo Dalati et Nohra
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a affirmé jeudi que le rapatriement des réfugiés syriens constitue une "priorité en cette période", estimant que le Liban, en plein effondrement économique et financier depuis 2019, "ne peut plus supporter les conséquences" de la présence de ces réfugiés sur son territoire. Pour sa part, le Haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a affirmé œuvrer avec la Syrie en vue d'"aplanir les obstacles" empêchant un tel retour, assurant par ailleurs que "l'ONU accroîtra son aide au peuple libanais".
Le Liban dit accueillir 1,5 million de réfugiés syriens, soit le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, alors que quelque 839.000 réfugiés syriens sont actuellement enregistrés auprès du HCR. Le nombre exact de Syriens n’est pas connu car le gouvernement libanais a demandé au HCR de cesser d’enregistrer les nouveaux réfugiés qui ont déferlé dans le pays à partir de 2015. Ceux-ci peuvent être inscrits auprès de l’agence et recevoir dans certains cas une aide, mais ils ne sont pas officiellement enregistrés.
A l'issue d'une réunion avec M. Grandi, Nagib Mikati a insisté sur "la nécessité que le HCR et les organisations internationales concernées se coordonnent avec le gouvernement libanais, via ses organes spécialisés, afin de résoudre ce problème", selon des propos rapportés par le Grand sérail. Selon M. Mikati, "ce dossier ne doit plus exercer de pression sur la situation au Liban, alors que le pays ne dispose plus des capacités financières et politiques ni des services nécessaires pour supporter les conséquences" de la présence de réfugiés sur son sol. "La priorité, durant cette période, est de rapatrier les réfugiés syriens progressivement après que la situation s'est stabilisée dans leur pays", a-t-il affirmé.
"Conséquences dangereuses"
Après son entrevue avec M. Mikati, le Haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés s'est rendu à Aïn el-Tiné pour s'entretenir avec le président du Parlement, Nabih Berry. "Le fardeau qui pèse sur le Liban du fait de la crise des déplacés syriens est désormais lourd, très lourd", a estimé le chef du Législatif en marge de leur réunion. Dans des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), M. Berry a prévenu que ce "fardeau aura des conséquences dangereuses aussi bien pour le Liban que pour les réfugiés".
Fin novembre, le ministre libanais sortant des Affaires sociales, Hector Hajjar, fervent partisan du plan de retour "volontaire" des réfugiés syriens, mis en place par la Sûreté générale libanaise en coordination avec les autorités syriennes, a accusé le HCR de chercher à garder les réfugiés syriens au Liban. "Le HCR n'a pas les moyens de venir en aide à l'ensemble des réfugiés mais il ne les encourage pas non plus à rentrer, ce qui nous pousse à nous poser des questions d'ordre politique", avait-il estimé.
En octobre dernier, "environ mille personnes" ont été rapatriées en Syrie, selon M. Hajjar, dans le cadre d'un plan mené par le camp proche de l'ancien président Michel Aoun, qui se promettait de renvoyer 15.000 Syriens dans leur pays tous les mois. Seules deux opérations de rapatriement ont eu lieu jusque-là.
Coordination avec la Syrie
De son côté, le Haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a reconnu, selon des propos rapportés par le Grand sérail, que "la présence de centaines de milliers de réfugiés syriens et autres au Liban pèse lourd sur le pays". "Nous continuons d'assurer des ressources internationales aux réfugiés et à ceux qui souhaitent leur rapatriement", a-t-il ajouté, affirmant que "le HCR continue de soutenir les personnes qui ont déjà été rapatriées" depuis le Liban.
Filippo Grandi a par ailleurs assuré "travailler avec la Syrie et son gouvernement afin d'aplanir les obstacles sérieux cumulés au cours des dernières années et qui empêchent le rapatriement des réfugiés". "Des progrès ont été réalisés mais il reste du chemin à parcourir", a-t-il souligné, faisant état de certains obstacles économiques et logistiques en Syrie où des domiciles sont détruits.
Le Haut-commissaire a également annoncé que "l'ONU accroîtra son aide au peuple libanais". "Les Nations Unies ont déjà augmenté leur soutien direct au peuple libanais", a rappelé M. Grandi, notant qu'un "programme sera mis en place pour accroître encore plus ce soutien".
Les autorités libanaises avaient déjà organisé depuis 2017 des opérations de "rapatriement volontaire" qui ont permis le retour d'environ 400.000 personnes, sur la base de listes nominatives soumises au régime syrien à l'avance. Mais des ONG estiment que le chiffre serait moins élevé et dénoncent des "retours forcés". L'ONU et la communauté internationale estiment que la situation sécuritaire en Syrie n'est pas assez sûre pour des retours massifs et que les projets de rapatriement devraient attendre une résolution du conflit syrien.
commentaires (4)
La solution serait de verser des aides à la Syrie pour les réfugiés qui rentreront chez eux. Assad se précipiterait pour les accueillir à bras ouverts et eux seraient attirés par l’argent qui leur sera accordé une fois chez eux. Il n’y a pas trente six milles solution, c’est à méditer.
Sissi zayyat
11 h 56, le 02 décembre 2022