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Nos Lecteurs ont la Parole

Quand le narcissisme de Macron percute les intérêts de la France

On s’interroge sur les motivations du président de la République française Emmanuel Macron à propos du Liban.

Certes, il y a le relent colonial et le paternalisme qui y concourent.

Certes, il y a la fascination, bien française, pour le Hezbollah « résistant » à Israël et conduisant ces derniers à quitter le Liban-Sud, d’ailleurs au point qu’un ancien Premier ministre français, candidat à la présidentielle en 2017, vint lancer sa campagne au Liban-Sud en déclarant, après avoir rencontré le Hezbollah, qu’il fallait introduire ce dernier dans la coalition contre Daech.

Certes, il y a cette continuité vis-à-vis d’Israël des présidents de la République française, mis à part François Mitterrand et François Hollande. On se souvient de la formule du général de Gaulle : « Israël. un peuple fier et dominateur. »

Certes, il y a tout autant, mis à part Jacques Chirac qui avait ses entrées chez Saddam Hussein en Irak, de l’intérêt pour l’Iran : la révolution constitutionnelle persane de 1906 louée par toute la classe politique ; les nationalisations de Mohammad Mossadegh encensées à son époque où la « révolution blanche » du chah et la modernisation iranienne qui fit se pâmer Valéry Giscard d’Estaing. Et quand le régime libéral devint une dictature, c’est la gauche française tout entière qui se tourna vers Khomeyni.

Cela peut expliquer que le président Macron mette ses pas dans ceux de ses prédécesseurs en faisant l’impasse sur les représentants de l’Iran au Liban et en préférant se concentrer sur les élites libanaises qui, il est vrai, ne sont pas exemptes de critiques, vu la situation du pays.

Mais un autre élément plus personnel entre en ligne de compte.

Emmanuel Macron, à la suite de l’explosion du port de Beyrouth dont on ne sait toujours rien, s’est déplacé au Liban pour se montrer tout à la fois solidaire et paternel. Bousculé par la rencontre avec le peuple libanais, ulcéré par l’incurie postexplosion, il reçoit en son domaine (la Résidence des Pins) la classe politique libanaise pour leur faire la leçon. Il exige des réformes comme au temps du protectorat. Les élites écoutent sans entendre. Le peuple applaudit. Plusieurs mois passent et rien ne se passe. Disons même que la situation se détériore. Et le président de la France est pris au piège de son narcissisme. Ce n’est pas nouveau chez lui. C’est même constitutif de sa personnalité.

Très jeune, Emmanuel Macron a dû se construire face à une mère qui venait de perdre un fils et s’en remettait mal. Ceci au point qu’il s’est investi affectivement dans une grand-mère qui en fit son prolongement, le couvrant et le couvant. L’épisode, maintes fois conté, de la séduction à 17 ans de sa professeure de français qui deviendra sa femme dénote une toute-puissance et une certitude de soi inouïe.

Le parcours universitaire brillant, même si l’étudiant rate l’École normale supérieure et il en sera mortifié, ne fait que renforcer ce narcissisme acquis dans l’adolescence.

Éconduit comme ministre sous le premier gouvernement de Manuel Valls, la légende dit qu’il le prit très mal et jura qu’il reviendrait en vainqueur.

Ce qui fut le cas. On imagine que cela ne devait pas contrarier l’amour de soi.

Et c’est donc cet homme, avant d’être ce président, qui est confronté à la crise libanaise. Il ne supporte pas la rebuffade des élites libanaises. Il laisse entendre qu’il la leur fera payer. Il prend la tête du soutien financier au Liban, mais veut poser ses conditions et oublie un peu vite dans cette blessure narcissique que le sujet n’est pas seulement à Beyrouth mais à Téhéran où les femmes iraniennes affrontent avec courage le régime.

Tant que l’Iran n’aura pas lâché sa prise sur le Liban par le Hezbollah, les élites libanaises chercheront à se protéger. Telle est la dialectique du Liban que l’histoire diplomatique française et un président blessé semblent oublier.

Dr Alain MEUNIER

Psychiatre et psychanalyste

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

On s’interroge sur les motivations du président de la République française Emmanuel Macron à propos du Liban. Certes, il y a le relent colonial et le paternalisme qui y concourent. Certes, il y a la fascination, bien française, pour le Hezbollah « résistant » à Israël et conduisant ces derniers à quitter le Liban-Sud, d’ailleurs au point qu’un ancien Premier ministre...

commentaires (1)

Intéressant sauf sur l’utilisation du mot élite qui m’a bluffé jusqu’au dernier paragraphe Une élite est quelqu’un de supérieur par ses performances intellectuelles ou ses accomplissements . Les chercheurs, docteurs, architectes, scientifiques, écrivains, peintres, etc.. sont des élites. Par contre des politiciens dont certains n’ont pas le brevet ou ont un QI inferieur ne sont des élites mais des mafieux et des voyous surtout dans ce pays. Mais bon vu que l’auteur est français et tous les présidents, PM de ce pays ont fait des grandes écoles je comprends le lapsus.

Liban Libre

14 h 05, le 17 novembre 2022

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Commentaires (1)

  • Intéressant sauf sur l’utilisation du mot élite qui m’a bluffé jusqu’au dernier paragraphe Une élite est quelqu’un de supérieur par ses performances intellectuelles ou ses accomplissements . Les chercheurs, docteurs, architectes, scientifiques, écrivains, peintres, etc.. sont des élites. Par contre des politiciens dont certains n’ont pas le brevet ou ont un QI inferieur ne sont des élites mais des mafieux et des voyous surtout dans ce pays. Mais bon vu que l’auteur est français et tous les présidents, PM de ce pays ont fait des grandes écoles je comprends le lapsus.

    Liban Libre

    14 h 05, le 17 novembre 2022

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