Silvia Careddu à la flûte et Patrick Messina à la clarinette. Photo DR
Après la pianiste Aliénor Khalifé, l’ensemble Les Cordes résonnantes et les chanteurs lyriques Michel Bou Rjeily, Lara Jokhadar et Éliane Saadé, la résidence d’artistes Beit Tabaris a accueilli, grâce au soutien de Buffet Crampon, premier fabricant mondial de clarinettes, une masterclass de flûte et de clarinette avec Silvia Careddu et Patrick Messina.
Ces deux interprètes, internationalement reconnus, sont respectivement première flûte solo et première clarinette solo de l’Orchestre national de France. Ils mènent de front des carrières de soliste et de pédagogue et incarnent l’école française des vents, mélange de vélocité et de sensibilité. Ainsi, leur enseignement est très demandé à travers le monde, et voici qu’après le Japon, la Corée, l’Italie et la Grande-Bretagne, ils ont posé leurs valises à Beyrouth, afin de donner à Beit Tabaris une masterclass clôturée par un concert.
Cinq flûtistes, Antonio al-Mallah, Thérésa Bou Tanios, Raphaël Maalouf, Jad Milaneh et Rana Obeid, ainsi que trois clarinettistes, Natalia Abou Haïdar, Marvin Madi et Marc Selfani, ont suivi une masterclass à Beit Tabaris. Photo DR
Cinq flûtistes – Antonio al-Mallah, Thérésa Bou Tanios, Raphaël Maalouf, Jad Milaneh et Rana Obeid – et trois clarinettistes – Natalia Abou Haïdar, Marvin Madi et Marc Selfani – ont suivi cette formation intense, à raison de plusieurs heures par jour pendant cinq jours. Technique, posture, souffle, phrasé, musicalité, tout est diagnostiqué, décortiqué avec précision et méticulosité par les deux maîtres, afin que les élèves puissent progresser et profiter au mieux de ces quelques jours d’immersion totale dans la musique.
Puis arrive le jour du concert et la fièvre qui l’accompagne. Chacun a choisi soigneusement les pièces qu’il souhaite interpréter, avec le précieux concours de la pianiste Sirvart Sabonjian, présente pour chacun tout le long de la masterclass et qui est un élément-clé de ce moment musical.
Le programme est très éclectique. Il va de la musique baroque à la musique contemporaine, en passant par le classique et le romantique, sans oublier bien sûr le patrimoine musical libanais, cher au cœur des organisateurs. Les passages s’enchaînent, les flûtistes et les clarinettistes alternent. Œuvres de Donizetti, Beethoven, Massenet, Gossec, Tchaïkovski, Weber, Stamitz, Godard, Morricone. Trois instants orientaux précieux ponctuent le concert avec une œuvre d’Antonio Mallah, une improvisation de Rana Obeid et une bouleversante Mélancolie de Toufic Succar (1922-2017), hommage à ce grand compositeur libanais qui aurait eu 100 ans le 29 novembre prochain. L’auditoire, extrêmement attentif, peut constater que la barre est placée haut et que ces jeunes, assoiffés de savoir musical, ont quelque chose à dire et à transmettre. Le concert se termine par Choros d’Heitor Villa-Lobos (1887-1959), alors qu’il avait commencé par le Prélude de Dimitri Chostakovitch (1906-1975), deux œuvres interprétées par Silvia Careddu à la flûte et Patrick Messina à la clarinette, tous deux éblouissants de virtuosité et de musicalité.
Ces moments d’intense partage musical représentent l’essence même de la mission de Beit Tabaris, et ces séances de formation suivies par les jeunes, malgré les contraintes de leur quotidien, apportent une pierre à l’édifice de l’espoir dont ils ont tant besoin.
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