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Culture - Festival

Se rappeler de Pier Paolo Pasolini, cinéaste visionnaire

En partenariat avec l’Institut culturel italien de Beyrouth, le BAFF célèbre du 14 au 17 novembre le centenaire de Pier Paolo Pasolini (1922-1975). Une commémoration événement où conférences, films et débats font un éclairage sur le parcours du grand cinéaste et poète.

Se rappeler de Pier Paolo Pasolini, cinéaste visionnaire

En 2015, l’artiste Ernest Pignon-Ernest crée une image à la pierre noire, celle de l’écrivain et réalisateur italien Pier Paolo Pasolini (1922-1975), tenant son propre corps inerte dans ses bras, comme une Pietà laïque. ©Collectif Sikozel

Pour Hala Habache, poète et curatrice de la célébration du centenaire de Pier Paolo Pasolini dans le cadre du Beirut Art Film Festival (BAFF), choisir de lui rendre hommage et célébrer diverses facettes de son œuvre n’est pas uniquement un prolongement au Liban d’événements présentés un peu partout dans le monde dans le cadre de cette commémoration, mais il consiste également à faire l’éclairage sur le travail d’un homme engagé, voué à mettre en scène les visages d’une humanité souffrante avec amour et acharnement, dans le contexte particulier du Liban d’aujourd’hui. Un homme, un écrivain, un cinéaste, dont le principal mot d’ordre a été celui de lutter, coûte que coûte, contre les abus d’un pouvoir fatal.

Par son combat constant contre un capitalisme rampant et anthropophage qui pour lui s’apparente à un fascisme, mais sous un autre visage, le poète et réalisateur lâchement assassiné le 2 novembre 1975 sur une plage d’Ostie semblait déjà avertir l’humanité des dangers qui la guettaient. C’est pourquoi son œuvre prémonitoire résonne encore aujourd’hui et plus que jamais dans ce que vit le pays et même l’humanité comme instants de désespoir.

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« Il faut vivre les films de Pasolini comme des expériences sensorielles totales », dit Hala Habache en présentant le cinéaste à ceux ou celles qui n’ont pas eu l’occasion de voir ses œuvres. On ne peut être insensible aux films de Pasolini qui ne peuvent que toucher le spectateur, « le choquer, l’émouvoir et surtout le questionner, parfois les trois à la fois, mais jamais aucun ». Et de poursuivre : « Son œuvre n’est pas un remède, ni une magie, mais un témoignage sur la nécessité de ne jamais cesser la lutte politique ou artistique. » Une leçon que retiendra certainement la jeunesse de tous les pays où la violence et la haine font taire ce geste artistique qui crée le renouveau.

Pour ceux donc qui n’ont pas connu Pier Paolo Pasolini, pour les étudiants qui n’ont pas eu l’occasion d’être sensibilisés à sa poésie ou à son esthétique très contemporaine, mais aussi pour les nostalgiques de ce grand disparu aujourd’hui encore si vivant, cette célébration, non de sa mort mais de sa vie, est un événement unique. Fait assez rare sur la scène culturelle au Liban pour le signaler : six conférences se dérouleront durant quatre jours avec les spécialistes qui discuteront l’œuvre cinématographique et poétique de l’intellectuel italien. Trois films majeurs réalisés par lui et un documentaire sur la permanence de sa pensée dans l’imaginaire collectif sont également proposés.À ne pas rater donc la première séance autour de Pasolini et la mythologie qui se déroulera le lundi 14 novembre à l’amphithéâtre Samir J. Abillama. Après une introduction en français via zoom de Hala Habache intitulée « Pasolini, 100 à Beyrouth », à 18h, la projection du film Medea de Pasolini sera suivie par la conférence, en français, de May el-Koussa (historienne du cinéma et professeure assistante, directrice des études à l’ALBA) sur « Medea : du récit archaïque au cinéma ». Le lendemain, mardi 15 novembre, sera placé sous la thématique « Pasolini et le cinéma », à l’amphithéâtre Samir J. Abillama, où le cinéaste libanais Hady Zaccak évoquera le néoréalisme dans le cinéma de Pasolini. La conférence en français sera suivie à 18h20 par le film Accatone (1961), en version originale, sous-titré anglais. À 21h, Giona Tuccini, professeure de littérature italienne moderne et contemporaine à l’Université Aldo Moro de Bari, expliquera l’esthétique et la poésie du cinéaste dans une conférence en anglais, sous-titrée en arabe, en se basant sur ce film devenu un véritable classique du cinéma italien des années 1960.Le rapport de Pasolini à la poésie est la thématique de la journée de mercredi 16 novembre. Paul Magnette, professeur de sciences politiques à l’université libre de Bruxelles et membre de l’Académie royale de Belgique, aborde l’éternelle jeunesse de Pasolini dans une conférence en français sous-titrée en arabe (à 18h), tandis que Robert Deidier (poète italien) parlera du poète du non-poétique à 19h30 (en français sous-titré en arabe). Le magnifique documentaire Se Torno du collectif Sikozel dans lequel Ernest Pignon-Ernest, pionnier de l’art urbain international, entreprend un voyage sur les lieux de la vie, de l’œuvre et de la mort du poète-cinéaste, sera projeté à 21h. À Rome, Matera et Naples, l’artiste interpelle les habitants et les passants en collant sur les murs une piéta laïque dans laquelle Pasolini, au regard sévère, porte son propre corps sans vie. Si je reviens suit le parcours existentiel de cette image, de sa genèse à son insertion dans la réalité des villes italiennes. Qu’avez-vous fait de ma mort ? semble dire le cinéaste italien et son regard interrogateur scrute le monde à travers les âges. Jeudi 17 novembre, c’est la dimension politique dans l’œuvre du cinéaste italien qui sera auscultée à travers, d’abord, la projection, à 18h, du film Teorema (1968), vive critique de la bourgeoisie italienne qui sera suivie à 20h30 par une conférence de Rabih Haddad, auteur, universitaire et consultant en communication, « Karl, Sigmund et Jésus sont dans un bateau » en français sous-titrée anglais.Poète épris d’images mouvantes, Pier Paolo Pasolini aura réalisé une œuvre qui a fait scandale dans des milieux très divers de la société italienne. Le centenaire de sa naissance est l’occasion de se pencher sur l’œuvre de l’écrivain et cinéaste communiste et ouvertement homosexuel. « Je n’incarnais pas seulement une contestation contre le système capitaliste bourgeois. Mon existence même était une contestation », affirmait Pasolini lui-même.

Pour Hala Habache, poète et curatrice de la célébration du centenaire de Pier Paolo Pasolini dans le cadre du Beirut Art Film Festival (BAFF), choisir de lui rendre hommage et célébrer diverses facettes de son œuvre n’est pas uniquement un prolongement au Liban d’événements présentés un peu partout dans le monde dans le cadre de cette commémoration, mais il consiste également à...
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