L’association Achrafieh 2020 a lancé le 7 novembre l’initiative Neighbourhood Watch, dans l’optique de tranquilliser les habitants d’Achrafieh à la nuit tombée, face à un sentiment d’insécurité croissant. « Face à l’instabilité régnante (vols, pickpockets, cambriolages etc.), les habitants ont sollicité à maintes reprises Achrafieh 2020 pour assurer leur sérénité et quiétude », souligne la publication Facebook d’Akram Nehmé, directeur exécutif de l’association.
La première phase du projet inclura les quartiers de Sodeco, Tabaris, Furn el-Hayek, Haïmari et La Sagesse. Deux autres étapes suivront et d’ici à une centaine de jours, l’entreprise englobera la totalité d’Achrafieh, de Jeïtaoui à Sassine. Les quartiers de Gemmayzé, Mar Mikhaël ou encore Monot ne seront pas concernés. D'après l'association, il s’agit de veiller à la tranquillité des zones résidentielles, plongées dans l’obscurité dès la tombée du jour. « Ce projet, en gestation depuis un an, répond à la demande des habitants », dit à L’Orient-Le Jour Nadim Gemayel, député Kataëb et parrain de l’initiative d’Achrafieh 2020.
La criminalité est en hausse au Liban depuis le début de la crise. Des statistiques d’International Information, une société régionale indépendante de recherche et de conseil basée à Beyrouth, datées de 2021, montraient déjà que cette année-là, les vols de voitures avaient augmenté de 212 %, les cambriolages de 266 % et les meurtres de 101 %, en comparaison aux dix premiers mois de 2019, soit avant que la crise économique ne s’aggrave.
Cent-vingt jeunes de la région ont été recrutés pour faire office d’« anges gardiens », selon les termes du communiqué, de 18h00 à 06h00 le lendemain. « Parmi eux, il y a des anciens agents des Forces de sécurité intérieure (FSI) et d'ex-soldats qui ont démissionné suite à la dévaluation de leur salaire. Nous collaborons de près avec ces deux institutions, ainsi qu’avec la municipalité, et nous avons toutes les autorisations », poursuit Nadim Gemayel.
Nous avons tenté de joindre le mohafez de Beyrouth Marwan Abboud, sans succès.
Pour gérer la logistique et former les jeunes recrues, l’association a fait appel à la compagnie de sécurité A.M.N., présente depuis peu dans la région où elle assure le gardiennage d’immeubles, de commerces ou de restaurants. Ainsi, ceux que l’on nomme « Les yeux d’Achrafieh » seront vêtus d’un gilet orné du logo de la société privée, en plus d’un badge « Achrafieh 2020 ».
Pour financer ce projet, l’association, engagée dans des œuvres citoyennes et caritatives, a fait un appel de fonds auprès de citoyens, d’hommes d’affaires et d’entités privées. « Nous sommes prêts à étendre le champ de notre action à d’autres parties de la ville comme Ras Beyrouth ou Hamra, souligne Nadim Gemayel. Car nous sommes très conscients que la sécurité des uns a une incidence sur les autres. J’appelle tous les porteurs d’actions d’intérêt général à coopérer. »
Un centre d’appel a été mis à disposition 24h/24 afin de recevoir les plaintes des habitants. Équipés de lampes de poche et de matraques, sans autre arme, les vigiles seront ainsi envoyés pour garantir la sécurité. « Ils ont pour mission de surveiller, d’intervenir pour aider les gens et d’appeler les forces de l’ordre en cas d’incident ou de flagrant délit. Leur action vient seconder celle des gardes municipaux », ajoute le député.
Présent dans plusieurs villes en Europe, aux États-Unis et en Australie, le Neighbouring Watch vient selon lui pallier l’incapacité d’éclairer les rues ou d’installer des caméras dans le contexte actuel de crise économique et énergétique. « Certains nous ont mis en garde contre d’éventuels débordements. Je tiens à préciser qu’une tolérance zéro sera pratiquée envers les vigiles. Il ne s’agit pas d’une milice ni d’une action partisane, mais d’une présence rassurante, respectueuse de l’intégrité des personnes, de leur liberté individuelle et de leur environnement », dit encore Nadim Gemayel.
Cette initiative n'est pas la première du genre. En début d'année à Halba, chef-lieu du Akkar, face à la recrudescence des vols, des habitants se sont organisés en groupes pour monter la garde durant la nuit et protéger leur localité. D'autres habitants en ont fait de même dans d’autres villages du Akkar. Une initiative généralement bien acceptée par les habitants, mais critiquée pour les risques de dérives qu'elle entraine dans un pays encore marqué par la présence des différentes milices sur tout le territoire.
Bravo! Très belle initiative! ! Il nous en faut aussi au Kesrouan, pour garder la paix et mettre un frein aux "excavateurs"(nebbéchin) qui ne cessent de salir nos rues en y éparpillant les ordures ménagères ...Ah! Jeunesse!
09 h 02, le 13 novembre 2022