
La procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun. Photo Marie-Jo Sader
Le président du Parlement libanais Nabih Berry a porté plainte mercredi contre la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban Ghada Aoun, a confirmé un responsable proche de Aïn el-Tiné à L'Orient-Le Jour. Cette plainte fait suite à la publication par la juge sur son compte Twitter d'une image, sur laquelle figure une liste de noms de responsables libanais qui disposeraient de comptes bancaires gelés en Suisse par l'administration américaine, dont Nabih Berry et son épouse Randa Berry. Cette liste pourrait avoir été puisée du site WikiLeaks.
L'image publiée par la juge, qui n'est pas datée, reprend les noms de 17 personnalités politiques libanaises "ayant des comptes gelés dans les banques suisses et qui sont incapables d'en retirer un seul dollar, sur directives de l'administration américaine", accompagné du solde de ces comptes.
"Je ne sais pas à quel point ces informations sont vraies. Mais pourquoi les personnes dont les noms figurent sur cette liste ne dévoilent-elles pas leurs comptes dans les banques suisses ? Uniquement par souci de transparence !", a twitté Mme Aoun. "J'espère que cela pavera la voie à une loi sur la levée du secret bancaire", a-t-elle ajouté.
Outre les noms de Nabih Berry et de sa femme figurent entre autres ceux de l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, du Premier ministre désigné Nagib Mikati et de son frère, de l'homme d'affaires Taha Mikati, du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, de l'ancien Premier ministre Saad Hariri et du leader druze Walid Joumblatt et de la députée Paula Yacoubian.
Peu après la publication, la juge Aoun a supprimé son tweet. Elle n'était pas joignable pour commenter cette affaire.
"Elle n'en fait qu'à sa tête"
Suite à cette publication, M. Berry a "immédiatement" déposé plainte via son avocat devant le procureur général près la cour de cassation, Ghassan Oueidate, selon la chaîne NBN, propriété du président de la Chambre. Selon le texte de la plainte consulté par L'Orient-Le Jour, les motifs sont la diffamation, l'incitation à la discorde confessionnelle, la calomnie et l'abus de pouvoir.
Contacté, une source proche du président du Parlement a estimé que le dépôt d'une plainte est "la moindre des choses". "Une juge ne peut pas se permettre de publier de telles informations en ligne. Sur quoi se base-t-elle pour émettre ces accusations ? Elle devrait pouvoir être en mesure d'étayer ses propos. Cela fait 6 ans qu'elle n'en fait qu'à sa tête", a encore dit ce responsable qui réclame que Ghada Aoun "soit poursuivie par le Conseil supérieur de la magistrature".
Habituée des coups d'éclat médiatiques, Ghada Aoun avait été déférée en avril 2021 devant l’Inspection judiciaire, après ses perquisitions très médiatisées au siège de la société Mecattaf, à Aoukar (au nord de Beyrouth). Elle avait également refusé de se conformer à une décision du procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate, consistant à la dessaisir des affaires liées aux crimes financiers. La magistrate, qui a engagé au cours des dernières années des poursuites contre plusieurs responsables, dont Riad Salamé et les frères Mikati, se retrouve souvent au centre de remous judiciaires et elle est connue pour sa proximité avec l'ex-président Michel Aoun.
Le président du Parlement libanais Nabih Berry a porté plainte mercredi contre la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban Ghada Aoun, a confirmé un responsable proche de Aïn el-Tiné à L'Orient-Le Jour. Cette plainte fait suite à la publication par la juge sur son compte Twitter d'une image, sur laquelle figure une liste de noms de responsables libanais qui disposeraient...
commentaires (17)
“Les chiens aboient la caravane passe.” On interprète ce dicton comme on veut….
T P N
02 h 57, le 11 novembre 2022