La procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, a ordonné mardi la libération de l'avocat et militant Rami Olleik et du déposant Ibrahim Baydoun, en détention provisoire au palais de Justice de Baabda depuis une semaine. Ils avaient été arrêtés, avec deux autres personnes, après avoir fait irruption dans une branche de la banque du Crédit Libanais à Hazmieh mercredi dernier, afin de retirer par la force les dépôts illégalement bloqués de M. Baydoun et d'un autre épargnant, Ali Sahili. Le groupe, dont au moins un membre était armé, avait séquestré des employés jusqu'à tard dans la soirée.
M. Olleik a regretté mardi soir les exercices militaires effectués aujourd'hui par l'armée, affirmant que les déposants ont le droit d'accéder à leurs économies. S'exprimant lors d'une conférence de presse organisée à son domicile à Achrafieh mardi soir, Rami Olleik a annoncé qu'il poursuivrait sa grève de la faim jusqu'à la libération des déposants Ali Sahili et Catherine al-Ali. Il continuera toutefois à boire de l'eau. La juge a par déféré Ali Sahili et Catherine al-Ali, qui sont également en détention provisoire au Palais de Justice de Baabda et qui avaient pris part à l'opération, devant le premier juge d’instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
Ali Sahili, Catherine al-Ali, Rami Olleik et le déposant Ibrahim Baydoun ont été arrêtés après avoir fait irruption dans une succursale de la banque Crédit Libanais à Hazmieh mercredi dernier pour retirer de force leurs fonds bloqués illégalement.
S'exprimant avec difficulté, M. Olleik a averti que son collectif Mouttahidoun va intensifier ses actions, menaçant de "brûler les banques" si les déposants ne sont pas immédiatement libérés. M. Olleik a également félicité Ghada Aoun pour avoir ordonné sa libération ainsi que celles d'Ibrahim Baydoun, sans conséquences ou à des conditions telles que le règlement d'une amende.
Plus tôt dans la journée mardi, M. Olleik, fondateur du collectif 'Mouttahidoun' (Unis en arabe), avait été transféré aux urgences de l’hôpital Al-Hayat, son état de santé s'étant détérioré alors qu'il observe une grève de la faim depuis six jours, avait annoncé dans un communiqué le collectif qui lutte pour la préservation des droits des épargnants.
"Nous ne reculerons pas"
"Ali Sahili poursuit son 4e jour de grève de la faim, tandis que Catherine al-Ali a entamé sa deuxième journée sans nourriture +pour la justice et la liberté+", indique le communiqué. "Même si nos corps sont faibles, notre pouls est fort et nous poursuivrons la révolution contre les banques (...) Nous avons tous les droits de défendre notre argent et nous ne reculerons pas. Nous avons été suffisamment humiliés", poursuit le texte.
A la suite de l'opération de mercredi dernier, M. Olleik avait indiqué que les épargnants avaient réussi à obtenir 55.924 dollars sur un total de 195.000 dollars de leurs dépôts.
Exercices militaires
Depuis 2019, alors que le Liban a plongé dans une crise économique sans précédent, les banques ont imposé des restrictions drastiques et illégales, limitant les retraits et les transferts. Depuis, le phénomène de braquages menés par des particuliers se multiplie, avec plus ou moins de succès, contraignant les banques à fermer temporairement leurs portes à plusieurs reprises avant de rouvrir avec des mesures de sécurité renforcées et de ne recevoir leurs clients qu'au compte-goutte, certains uniquement sur rendez-vous.
Dans la journée de mardi, l'armée libanaise a indiqué avoir effectué des exercices militaires à Jounieh, simulant un braquage de banque. Une vidéo publiée par la troupe sur Twitter montre cet exercice dans une filiale de la Fransabank, et celui-ci "se fait dans le cadre des opérations spéciales de lutte contre le terrorisme, en coordination avec des équipes d'entraînement britannique et américaine", précise le tweet.
commentaires (5)
Madame la juge Aoun devrait s’abstenir de se mêler de l’affaire de ce Monsieur car elle risque de lui porter préjudice plus qu’autre chose, vu les conséquences de ses prises de positions et de son comportement concernant certaines personnalités qu’elle a voulu défendre.
Sissi zayyat
12 h 03, le 09 novembre 2022