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Économie - Politique fiscale

Dollar douanier : les importateurs critiquent l’absence de communication de l’État

Le ministre sortant des Finances a défendu le budget 2022 devant une délégation d’officiers et de retraités de la sécurité intérieure.

Dollar douanier : les importateurs critiquent l’absence de communication de l’État

Le ministre sortant des Finances Youssef Khalil a défendu le budget 2022 hier au cours d’une réunion à Beyrouth avec une délégation d’officiers et de retraités de la sécurité intérieure. Photo DR

Nouvel épisode en prévision de l’entrée en vigueur du budget 2022 adopté fin septembre et de ses mesures financières « correctives », pour reprendre les termes du ministère des Finances, redoutées par les entreprises et les citoyens dans un pays en crise depuis trois ans.

Dans un communiqué publié hier, le syndicat des importateurs de denrées alimentaires, présidé par Hani Bohsali, a « regretté » que les autorités n’aient toujours pas publié la moindre information sur « les marchandises et les denrées alimentaires » qui doivent être intégrées à la liste des produits exemptés de droits de douane.

Le syndicat juge cette absence de communication plus dommageable à l’aube de « l’entrée en vigueur du budget 2022 » qui doit intervenir aux environs du 6 novembre (dimanche) selon lui, conformément aux délais prévus (un mois maximum après que le texte, adopté le 26 septembre, a été transmis à l’exécutif, même si le président de la République ne le promulgue pas et ne le renvoie pas en seconde lecture). Selon cette projection, il est donc peu probable que le budget soit publié au Journal officiel aujourd’hui, comme nous l’avions indiqué dans notre édition de mardi.

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Le budget 2022, adopté avec plusieurs mois de retard sur le calendrier prévu par la Constitution, a été calculé sur la base d’un taux de change de 15 000 livres pour un dollar, soit dix fois plus que la parité officielle actuelle, toujours en vigueur malgré le fait qu’elle soit complètement dépassée par la réalité du marché, où le dollar s’échangeait hier à près de 38 000 livres.

Le dollar douanier

La mesure qu’appréhende le syndicat des importateurs de denrées alimentaires est l’application de ce nouveau taux au calcul des droits de douane en livres par rapport aux prix hors taxes en dollar, désigné par le raccourci de « dollar douanier ». La majoration de ces droits de douane va se traduire par une hausse importante de nombreux produits sur le marché. « Les autorités auraient dû communiquer depuis longtemps sur le sujet pour permettre aux entreprises de se préparer », déplore Hani Bohsali.

Le ministère des Finances n’a pour sa part toujours pas fait d’annonce sur ce sujet, pas plus que sur les différentes nouvelles mesures fiscales imposées par le budget, alors qu’une source gouvernementale avait indiqué à L’Orient-Le Jour qu’il le ferait en début de semaine et que le ministre lui-même avait initialement prévu d’amorcer la transition vers le nouveau taux dès le 1er novembre. Une échéance qui semble aujourd’hui dépassée.

« Or, chaque jour qui passe permet à de nombreuses sociétés de faire entrer des marchandises sur le territoire en s’acquittant de droits de douane dérisoires calculés sur la base d’un dollar à 1 507,5 livres et de les stocker en attendant la majoration du taux, qui est juste une affaire de temps », relève un distributeur libanais contacté préférant s’exprimer sous couvert d’anonymat. « S’il n’y a pas de contrôle strict des prix a posteriori, cela revient à offrir à de nombreux entrepreneurs peu scrupuleux un canal encore plus rentable et sûr que la contrebande », ajoute-t-il.

Atteindre l’équilibre

L’entrée en vigueur du budget et des mesures « correctives » qu’il inclut semble d’autant plus imminente que le ministre sortant des Finances et ancien cadre de la Banque du Liban, Youssef Khalil, a défendu le contenu du texte hier lors d’une réunion à Beyrouth avec une délégation d’officiers et de retraités de la sécurité intérieure.

Il a estimé qu’il était nécessaire pour le pays d’atteindre « l’équilibre » pour « limiter de nouvelles « distorsions » dans le domaine des finances publiques, tout en corrigeant les rémunérations du secteur public (qui doivent être au minimum multipliées par trois, selon les informations relayées le jour du vote du budget). La délégation a, quant à elle, demandé au ministre de coordonner avec la BDL pour définir des mécanismes permettant aux fonctionnaires et aux retraités d’encaisser leurs rémunérations auprès de n’importe quelle banque ou institution financière sur le territoire afin de limiter leurs « coûts de déplacement » ainsi que les « files d’attente » devant les distributeurs automatiques de billets.

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Le secteur bancaire a en effet considérablement réduit le nombre d’agences opérationnelles et de distributeurs de billets depuis le début de la crise, redirigeant les clients vers ceux restés accessibles. Le phénomène s’est amplifié cette dernière semaine après que les établissements du pays ont adopté des conditions d’accueil de plus en plus restrictives et renforcé les dispositifs de sécurité, en réponse à une série de braquages organisés par des déposants contestant les restrictions bancaires qui limitent l’accès des Libanais à leurs avoirs depuis le début de la crise.

Dans le débat public, il est cependant reproché aux autorités de ne pas avoir entamé une baisse du nombre de fonctionnaires, jugé beaucoup trop important par rapport à la taille du pays (près de 250 000 selon les chiffres circulant avant la crise) pour un coût élevé (55 % des dépenses publiques de 2021, selon les derniers chiffres officiels du ministère des Finances).

Nouvel épisode en prévision de l’entrée en vigueur du budget 2022 adopté fin septembre et de ses mesures financières « correctives », pour reprendre les termes du ministère des Finances, redoutées par les entreprises et les citoyens dans un pays en crise depuis trois ans.Dans un communiqué publié hier, le syndicat des importateurs de denrées alimentaires, présidé par...

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DE QUEL ETAT PARLENT-ILS ?

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 08, le 03 novembre 2022

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Commentaires (2)

  • DE QUEL ETAT PARLENT-ILS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 08, le 03 novembre 2022

  • "… les importateurs critiquent l’absence de communication de l’État …" - Attend, il ne faut pas non plus trop leur demander. Ces fonctionnaires ne sont pas là pour leurs compétences, non. Ils sont là parce que ce sont les cousins du petit neveu de celui qui a vu celui qui a vu le député, c’est tout…

    Gros Gnon

    03 h 08, le 03 novembre 2022

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