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Lifestyle - Liban Pop

Hussein Kaouk, alias Ali Alaouiyé, dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas

À travers ses personnages, Hussein Kaouk dépeint l’état d’esprit et le ras-le-bol des habitants de la banlieue sud de Beyrouth.

Hussein Kaouk, alias Ali Alaouiyé, dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas

Le comédien Hussein Kaouk s’est produit sur plusieurs planches, dont le théâtre al-Madina et KED, et a travaillé pour la télévision. Photo tirée de sa page Instagram

« Nous habitons une maison collée à un pont. Quand j’étais petit, on nous interdisait de sortir au balcon de peur d’être fauchés pas une voiture ! Quand j’entendais le crissement des freins, je me précipitais au salon pour m’enquérir de mes petits frères. » « Durant la guerre de 2006, mon père m’a dit : “Hussein n’aie pas peur, sois tranquille, Israël bombarde uniquement les routes et les ponts, pas les maisons et les immeubles”. » Israël a bombardé le pont et la moitié de notre maison s’est écroulée. Le lendemain matin, je regardais le pont détruit où il y avait encore un obus qui n’avait pas explosé… Partout ailleurs dans le monde, les policiers évacuent les lieux et bouclent le périmètre, et les artificiers viennent pour le désamorcer. Pas chez nous… Chez nous, ce jour-là, alors qu’environ 25 hommes étaient debout sur cet obus en train de scander des slogans encourageant l’équipe de football al-Nejmé, un homme en tongs est arrivé, s’est déchaussé et s’est mis à taper sur l’obus en criant “à bas Israël, à bas Ehud Olmert” (ancien Premier ministre israélien). Ce soir-là, Ehud Olmert n’a pas fermé l’œil de la nuit. Il se disait : « Qu’allons-nous faire ? À Dahiyé ils sont en train de frapper un obus avec des tongs. » « Voici l’un des sketches du comédien Hussein Kaouk, qui vient de se produire dans une salle comble de Nabatiyé, de Kfarramane exactement, un village connu pour son passé communiste. « Nous avons vendu un millier de billets, puis nous avons rajouté des sièges. Je me suis produit devant 1 300 spectateurs et tout s’est superbement bien passé », raconte Hussein Kaouk, enthousiaste en parlant des personnes qui l’ont aidé à monter le spectacle.

Hussein Kaouk : « Je suis l’enfant de la communauté chiite, j’appartiens au Liban-Sud ». Photo tirée de sa page Instagram

Chroniques d’une vie ordinaire

Difficile d’oublier le comédien Hussein Kaouk, qui s’est produit sur plusieurs planches, dont le théâtre al-Madina et KED et qui a travaillé pour la télévision... Sa tête d’abord, un visage limpide et entouré d’une barbe et d’une importante crinière. Et puis ce buzz qu’il a déclenché en septembre 2021 suite à un sketch diffusé sur la chaîne al-Jadeed où il critiquait le Hezbollah et qui lui a valu un lynchage sur les réseaux sociaux allant jusqu’à des menaces de mort.


Dans ses sketches, diffusés notamment sur TikTok, Hussein Kaouk présente, à travers Ali Alaouiyé, le personnage qu’il incarne, et son acolyte Kawtharani qu’on ne voit jamais sur écran, le quotidien de la banlieue sud de Beyrouth et de ses habitants. « Je suis sûr qu’ils ressemblent à de nombreux autres Libanais. Pour moi, c’est une façon de rapprocher les gens, dit le comédien, Ali Alaouiyé dit tout haut ce que tout monde pense tout bas. » Ainsi, le personnage se lamente sur son sort car il dort sur le toit de son immeuble à cause de la chaleur et des coupures du courant électrique, affirme haut et fort que la communauté chiite participe à la thaoura en posant debout au centre-ville de Beyrouth, mais craint tout le temps d’être vu et filmé en s’exprimant, de peur de ne plus pouvoir rentrer chez lui. Malgré tout ces sketches, quand on lui pose des questions relatives au Hezbollah, Hussein Kaouk affirme qu’il « soutient la résistance ».

Amour et bienveillance

« Je suis l’enfant de la communauté chiite, j’appartiens au Liban-Sud. Je sais que les gens de ma communauté m’aiment parce que je parle d’eux, de leurs craintes et de leurs peurs. Je les dépeints tels qu’ils sont. D’ailleurs je pense que leurs déboires sont semblables à ceux de tous les Libanais », estime le comédien. C’est justement, l’amour et la bienveillance des gens ordinaires de sa communauté qui l’ont protégé du pire l’année dernière. « Quand je roule en mobylette, des inconnus me saluent et me sourient. Et cela même quand les armées électroniques se déchaînaient contre moi », dit-il.

Originaire du Liban-Sud, Hussein Kaouk a grandi dans la banlieue sud de Beyrouth où son père tient une épicerie. « Mes parents sont des chiites croyants et pratiquants et ils soutiennent la résistance », déclare-t-il, notant que l’une des choses qui l’avait vraiment blessé l’année dernière était d’être accusé de « chiite d’ambassade » (en allusion aux intellectuels de la communauté qui affichent des positions anti-Hezbollah). « Je suis avec la résistance, mais je trouve qu’il n’y a pas de mal à critiquer l’ordre établi . » Le comédien a découvert son amour pour le théâtre alors qu’il était à l’université. « J’y ai passé cinq ans, allant d’une spécialisation à l’autre. » C’est là-bas qu’il rencontre Mohammad Dayekh, également du Liban-Sud. « J’avais obtenu un rôle de remplaçant dans une pièce que Mohammad avait écrite et qui se jouait sur les planches du théâtre Babel », se souvient-il. Les deux hommes deviennent amis et travaillent ensemble depuis, produisant des pièces de théâtre et des sketches diffusés à la télé et sur le web.

Pour mémoire

Violente campagne des partisans du Hezbollah contre l’humoriste chiite Hussein Kaouk

Hussein Kaouk qui vient de découvrir la salle – abandonnée – du Piccadilly martèle : « Avant la guerre, Beyrouth comptait 21 théâtres et salles de spectacles. Il ne reste plus rien aujourd’hui. » Rêvant d’un Liban sans corruption où tout le monde sera traité équitablement loin du communautarisme, il prépare avec Mohammad Dayekh un nouveau spectacle intitulé Zhalo min Chaaro (Traîne-le par les cheveux), en allusion à l’une des insultes qu’il avait reçue l’année dernière.


« Nous habitons une maison collée à un pont. Quand j’étais petit, on nous interdisait de sortir au balcon de peur d’être fauchés pas une voiture ! Quand j’entendais le crissement des freins, je me précipitais au salon pour m’enquérir de mes petits frères. » « Durant la guerre de 2006, mon père m’a dit : “Hussein n’aie pas peur, sois tranquille,...

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