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Politique - Frontière maritime

Le Liban officiel n’est pas inquiet... pour l’heure

Baabda, Aïn el-Tiné et le Sérail affirment attendre la réponse israélienne aux amendements avant de réagir, pavant la voie à Hassan Nasrallah qui donnera le ton mardi.

Le Liban officiel n’est pas inquiet... pour l’heure

Un navire militaire israélien patrouillant à proximité du littoral de Naqoura, le 6 octobre 2022. Photo Jalaa Marey/AFP

C’est la douche écossaise. Après l’euphorie suscitée par les informations sur l’imminence d’un accord sur la frontière maritime entre Israël et le Liban, le refus israélien de prendre en considération les amendements introduits par la partie libanaise a douché les espoirs de voir un accord conclu avant la date des législatives israéliennes prévues début novembre prochain, date qui coïncide également avec la fin du mandat du chef de l’État Michel Aoun. Ce changement de programme subit semble avoir placé la partie libanaise devant le fait accompli. Que comptent faire les trois pôles du pouvoir – le chef de l’État, le président de la Chambre et le Premier ministre désigné – après ce retournement de situation qui ferait à nouveau planer le risque d’une confrontation ?

Pour l’heure, le Liban officiel prend son temps pour réceptionner et décortiquer la réponse israélienne avant de prendre position. « Le Liban ne se préoccupe pas des fuites dans les médias, mais de faits qui devraient être communiqués par la délégation américaine qui est la seule partie à laquelle nous parlons », a affirmé hier matin Nabih Berry dans une interview au journal Asharq al-Awsat. Lorsque cette réponse sera réceptionnée, « nous agirons en conséquence », a-t-il ajouté. Jusqu’à hier soir, le Liban attendait donc que lui soit communiquée par écrit la réaction israélienne.

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Le Hezbollah, qui joue en coulisses un rôle primordial dans le processus, affirme lui aussi attendre d’examiner les détails de la réponse du médiateur américain Amos Hochstein puis celle du Liban officiel avant de commenter. Le secrétaire général du parti chiite Hassan Nasrallah se prononcera mardi prochain sur la question et donnera le « la ».

Dans ses amendements, le Liban a refusé de reconnaître la « ligne des bouées », la frontière délimitant les zones économiques exclusives (ZEE) des deux pays. Celle-ci s’étend sur 6 kilomètres avant de rejoindre la ligne 23 revendiquée par le Liban. « C’est une ligne fictive qui n’a aucun fondement en droit maritime et qui a été inventée de toutes pièces par l’ennemi », commente pour L’Orient-Le Jour Ziad Nassereddine, économiste et expert réputé proche du Hezbollah. Selon les médias israéliens, le Liban a demandé à modifier le texte qui se référait à la ligne des bouées en utilisant le terme « de facto » au lieu du terme de « statu quo ».

Alors qu’Israël argue des motifs stratégiques et sécuritaires pour justifier l’adoption de la ligne des bouées, du côté du Hezbollah, la question est tout aussi stratégique, mais pour des raisons différentes. « L’objectif derrière ce subterfuge est d’opérer une nette distinction entre les deux processus de délimitations terrestre et maritime. Initiative que le Liban refuse », décrypte M. Nassereddine. À ce jour, le Liban attend toujours de régler 7 points litigieux restés en suspens au niveau de la délimitation de la frontière terrestre avec Israël.

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Autre point rejeté par l’État hébreu, les modalités de paiement des compensations à Israël pour ce qui est de la partie du champ gazier de Cana qui dépasse vers le sud la zone que borde la ligne 23. Il est prévu que l’une des sociétés du consortium chargé de l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures offshore dans la ZEE du Liban joue les intermédiaires en payant elle-même un forfait à la partie israélienne. « Il ne peut y avoir de concomitance entre l’extraction du côté libanais et toute compensation qui serait payée à Israël. Le Liban ne se sent concerné ni de près ni de loin par cette question », précise encore M. Nassereddine.

Une certitude émerge pour l’heure : le Hezbollah, qui a imposé ces deux amendements par le biais de ses experts présents aux réunions du comité des spécialistes, ne serait pas près de revenir sur sa décision.

Pas de panique

En attendant que le chef du parti chiite se prononce, les officiels libanais cherchent à temporiser et à minimiser les effets du refus israélien. Selon une source impliquée dans les tractations qui a requis l’anonymat, le négociateur libanais en charge de coordonner avec le médiateur américain, Élias Bou Saab, est depuis jeudi soir en contact continu avec Amos Hochstein.

Du côté libanais, l’inquiétude est donc pour l’heure à son stade minimal. D’après la source citée plus haut, la dernière réaction israélienne, accompagnée d’une escalade verbale, ne serait donc qu’une manœuvre à laquelle l’État hébreu a l’habitude de recourir. Jeudi soir, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a appelé l’armée à se préparer à une possible escalade dans le Nord. Cette attitude alarmiste ne saurait être comprise que dans le cadre du bras de fer interne qui oppose l’actuel Premier ministre Yaïr Lapid au chef du Likoud Benjamin Natanyahu à quelques semaines des législatives. « Les Israéliens ne veulent surtout pas torpiller l’accord. Ils essayent d’améliorer leur position, c’est tout », confie la source proche des négociateurs libanais.

Jeudi soir, le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim, également impliqué dans les négociations, a déclaré que la réponse israélienne « ne nous concerne pas ». « Nous attendons que le médiateur américain assume ses responsabilités », a-t-il ajouté pour dire que la balle est dans le camp américain. Selon un responsable qui suit de près les contacts entre le Liban et le médiateur US, Beyrouth aurait été informé que Washington est déterminé à faire aboutir la médiation avant les élections israéliennes. C’est ce qui expliquerait le fait que les responsables libanais ne sont pas plus paniqués que cela, du moins pour le moment. « Les écarts se sont réduits » entre les positions des deux parties, a déclaré jeudi un responsable américain sous couvert d’anonymat. « Nous restons déterminés à parvenir à une solution et nous pensons qu’un compromis durable est possible », a-t-il ajouté.

La confiance prévaut aussi du côté du Hezbollah. « Tant que le cœur de l’accord n’est pas remis en question, le reste est de la littérature. Qu’ils prennent (les Américains et les Israéliens) tout le temps qu’il veulent », dit Fayçal Abdessater, proche des milieux du parti pro-iranien. « Toutes les parties sont attachées à ne pas glisser sur un terrain dangereux qui pourrait mener à un affrontement », précise de son côté Kassem Kassir, un analyste qui gravite dans l’orbite du Hezbollah. Le risque d’escalade est certes présent, selon lui, mais dépendra de deux facteurs : d’abord les fruits que va porter la médiation américaine et en second lieu la question de savoir si Israël va s’aventurer à commencer l’extraction dans le champ de Karish sans un accord au préalable. « La formule imposée par Hassan Nasrallah tient toujours : pas d’exploitation du champ de Karish sans l’exploitation de celui de Cana », conclut M. Abdessater.

C’est la douche écossaise. Après l’euphorie suscitée par les informations sur l’imminence d’un accord sur la frontière maritime entre Israël et le Liban, le refus israélien de prendre en considération les amendements introduits par la partie libanaise a douché les espoirs de voir un accord conclu avant la date des législatives israéliennes prévues début novembre prochain, date...

commentaires (6)

Notre gouvernement laisse un parti politique portant allégeance à un Etat étranger négocier un dossier international sans intervenir, alors que c'est un sujet qui concerne exclusivement les gouvernements de ces pays et non un parti politique, quel qu'il soit. C'est le moindre des devoirs de notre gouvernement de négocier les affaires de l'Etat !

Un Libanais

19 h 12, le 09 octobre 2022

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Commentaires (6)

  • Notre gouvernement laisse un parti politique portant allégeance à un Etat étranger négocier un dossier international sans intervenir, alors que c'est un sujet qui concerne exclusivement les gouvernements de ces pays et non un parti politique, quel qu'il soit. C'est le moindre des devoirs de notre gouvernement de négocier les affaires de l'Etat !

    Un Libanais

    19 h 12, le 09 octobre 2022

  • Pourquoi le serait il ? Le pognon des émigrés ponctionnés est là pour boucher les trous car c’est bien mieux que le pétrole ma foi !

    PROFIL BAS

    16 h 45, le 08 octobre 2022

  • Alors il aurait un liban officiel et un liban officieux? Ne nous trompons pas cependant parce le Liban officiel n’est celui qu’on croit. Le président virtuel a fait tout son possible pour offrir sur un plateau d’argent notre pays sans que cela ne lui pose un cas de conscience. Le voilà maintenant à rétropédalage pour récupérer ce qui appartenait à la nation et au peuple qu’il a sciemment bradé conscient de sa faute impardonnable puisqu’il est le premier à payer le prix de la honte qu’il a infligé aux citoyens et à son pays.

    Sissi zayyat

    11 h 56, le 08 octobre 2022

  • Prenez tout votre temps. Le jour où vous parviendrez à un accord, Israel aura déjà pompé tout le gaz et il ne vous restera que les odeurs

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 34, le 08 octobre 2022

  • DEPUIS QUAND CEDER DES FRONTIERES ET DES DROITS NATIONAUX EST UNE VICTOIRE AU LIEU D,UNE TRAITRISE ? TOUS NOS ABRUTIS EN SONT CONJOINTEMENT RESPONSABLES ET TOUS DEVRAIENT RENDRE COMPTE UN JOUR. LE BETAIL DEVRAIT S,ELOIGNER DES PANURGES HERITIERS DES TITRES ET DES VOLS DE LEURS GRANDS PERES, PERES ET D,EUX-MEMES POUR RETROUVER SA LIBERTE ET SE DEBARRASSER DE LA PEGRE QUI L,A GOUVERNE ET GOUVERNE ENCORE EN LE NOURRISSANT D,HERBE SECHE ET D,AVOINE. PEUPLE LIBANAIS, LIBERE-TOI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 33, le 08 octobre 2022

  • Le Liban officiel n'est pas inquiet pour l'heure et c'est vite rattrapé à temporiser... en coulisse. Bou Saab s'active vu que Aoun est pressé pendant que le Hezb souffle et sèche sa sueur froide.

    Zovighian Michel

    01 h 48, le 08 octobre 2022

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