
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah lors de son allocution télévisée, le 1er octobre 2022. Capture d'écran al-Manar
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a qualifié samedi d'"étape très importante" la réception par le Liban de la proposition écrite de l'envoyé américain Amos Hochstein sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, ajoutant lors d'un discours télévisé que le pays se trouve face à des "jours décisifs" sur cette épineuse question. Ces propos interviennent alors que le président de la République Michel Aoun, le Premier ministre sortant Nagib Mikati et le président du Parlement Nabih Berry se sont vus remettre quelques heures auparavant ladite proposition par l'ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea.
Lutte politique et de terrain
"Ce qui est important aujourd'hui, c'est que nous avons un texte écrit de la partie médiatrice, qui a été remis aux trois présidents, et nous espérons que cela va clore de bonne manière le dossier de la frontière et ouvrir un horizon nouveau et prometteur pour le peuple libanais", a affirmé Hassan Nasrallah, estimant qu'il s'agit d'une "étape importante". Quant à la réponse attendue des responsables libanais à la proposition de M. Hochstein, il a déclaré que "l'État est la partie qui prendra la décision qu'il jugera appropriée et dans l'intérêt du Liban". "Les jours à venir seront décisifs", a-t-il ajouté.
Le chef du parti chiite a décrit les quatre mois de négociations menées par l'envoyé américain comme "des mois d'efforts et de lutte politique, médiatique et de terrain", alors que son parti avait à plusieurs reprises menacé de cibler les infrastructures gazières israéliennes si Tel-Aviv commençait l'exploitation de ses ressources offshore avant que le contentieux ne soit réglé. "Si le dossier de la démarcation donne de bons résultats, ce sera le fruit de l'unité nationale, de la coopération et de la solidarité", a-t-il jugé.
La nécessité de concertations
Commentant par ailleurs l'élection présidentielle qui bat son plein au Liban, Hassan Nasrallah a souligné que la session parlementaire de jeudi dernier avait été "importante et a montré qu'aucun groupe politique ne dispose actuellement de la majorité parlementaire", soulignant que "quiconque souhaite un nouveau président doit s'éloigner de la logique du défi", dans une allusion claire au chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea, qui avait précédemment appelé à l'élection d'un président qui défie ce qu'il considère comme la "majorité" : le Hezbollah et ses alliés. Les FL ont soutenu la candidature du député Michel Moawad (indépendant/Liban-Nord III).
Le chef du parti pro-iranien a ajouté que la session de jeudi "souligne la nécessité d'une concertation entre les forces politiques afin que nous puissions avoir un président le plus tôt possible".
Au cours de la session parlementaire, les députés du Hezbollah et du Mouvement Amal (30 députés au total, 15 dans chaque parti) ont voté blanc. Jusqu'à présent, le Hezbollah ne semble pas se prononcer en faveur d'un candidat bien défini, même si deux de ses alliés sont considérés comme des candidats "naturels" : le leader du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil et son rival, le chef des Marada Sleiman Frangié.
Le gouvernement
Le leader chiite a aussi abordé la question de la formation du gouvernement en déclarant que "le temps presse, et nous espérons qu'un gouvernement sera formé dans les prochains jours." Le cabinet sortant du Premier ministre désigné Nagib Mikati expédie les affaires courantes depuis mai dernier en raison d'une impasse politique entre lui et le chef de l’État Michel Aoun sur la combinaison ministérielle.
Le risque d'un vide présidentiel et gouvernemental plane sur le Liban si le mandat de M. Aoun arrive à expiration le 31 octobre, sans qu'un nouveau cabinet n'ait été formé.
Le naufrage de Tartous
Au sujet du bateau de migrants qui est parti du Liban et a sombré au large des côtes de Tartous (Syrie) le 22 septembre, Hassan Nasrallah a qualifié l'incident de "crime répété" et réclamé "une enquête judiciaire sérieuse", accusant "certains services de sécurité de négligence". Il a parallèlement remercié "les autorités syriennes et les habitants de l'île d'Arwad, au large de Tartous, pour ce qu'ils ont fait pour sauver les familles et récupérer les corps des victimes."
Le nombre officiel de passagers à bord du bateau qui a fait naufrage est toujours inconnu, mais il est admis qu'il s'agit d'environ 150 personnes. Le bilan officiel du naufrage a dépassé les 100 morts la semaine dernière, avec 21 survivants secourus. Des ressortissants de Syrie, de Palestine et du Liban se trouvaient tous à bord du bateau, et une trentaine d'entre eux sont toujours portés disparus.
Les manifestations en Iran
Le chef du Hezbollah a encore commenté la mort d'une jeune kurde iranienne en Iran, Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs, qui a été l'étincelle d'un vaste mouvement de protestation dans tout le pays. Qualifiant le décès de la jeune femme de "vague incident", dont les détails ne sont toujours pas clairs, il a dénoncé le fait que Téhéran "est pris pour cible et chaque incident est exploité (...) et sert d'incitation" contre le régime.
"L'Iran est plus fort que jamais et ne sera pas affecté" par ce mouvement de contestation, a ajouté Hassan Nasrallah, qui a fait l'éloge de Ruhollah Khomeini, qui avait établi la République islamique en Iran et introduit les lois sur le port obligatoire du voile islamique en 1981.
Une note présumée de Hassan Nasrallah appelant à la mobilisation de 4.000 soldats en Iran "pour participer à la sécurisation des installations sensibles" avait fait le tour des médias sociaux en début de semaine. Le document précisait qu'il serait préférable d'envoyer "ceux qui ont une expérience du combat en Syrie et qui ont suivi des cours de langue persane."
Contacté par L'Orient-Le Jour mardi, un porte-parole du Hezbollah a cependant démenti que le parti envoie des membres en Iran pour contrer les troubles en cours dans ce pays.
commentaires (10)
Il va tout accepter car il n'a pas le choix. Il va même essayer de nous faire croire que sans ses menaces contre Israël, et ses armes, rien de cela n'aura été possible Rien que de la fumisterie. L'histoire se répète, comme en 2000, alors que le retrait Israélien était prévu depuis plus de 2 ans, le Hezbollah s'est mit a créer des opérations dites de résistances pour pouvoir faire de la récupération politique. Ça a marché puisque une partie du peuple croit encore que ces nuls ont libéré le Sud alors que toute la mise en scène était déjà planifiée a l'avance avec toutes les retombées négatives sur le Liban depuis. La vérité, si elle était dite, c'est que sans le Hezbollah, le Liban aurait eu sa paix depuis 1982. Le pays n'aurait pas vécu les exodes des années 80, ni les guerres criminelles de Aoun, ni l'occupation Syrienne, ni la guerre de 2006, ni les assassinats des élites du pays, de Hariri à Lokman Slim, ni de corruption, ni de trafiques de captagon, l'explosion du port n'aurait pas eu lieu, et surtout le Liban serait déjà un producteur de gaz et de pétrole et donc personne n'aura vécu l'enfer promis par Tapioca et son maître Hassouna. Ce charlatan sent que son histoire approche a sa fin et il prépare la sortie avec le moins de dégât possible. Il cherche a obtenir des avantages politiques pour continuer a bâtir sa république Islamique. Alors il va prétendre avoir réussi grâce a ses armes et donc il faut qu'il les garde. No way José! Cela ne passera pas cette fois.
Pierre Christo Hadjigeorgiou
09 h 12, le 04 octobre 2022