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Politique - Focus

Le candidat Michel Moawad le restera-t-il jusqu’au bout ?

Le leader de Zghorta est considéré comme une figure trop clivante pour qu’un compromis puisse se faire autour de sa candidature.

Le candidat Michel Moawad le restera-t-il jusqu’au bout ?

Michel Moawad (à gauche), à son arrivée jeudi au Parlement pour la première séance électorale, aux côtés du chef des Kataëb Samy Gemayel. Photo Mohammad Yassine

S’il y a une star qui s’est démarquée jeudi, lors de la première séance parlementaire pour l’élection d’un président, c’est bien Michel Moawad. Le député réformiste de Zghorta a en effet obtenu l’appui de 36 des 128 députés, tous issus des formations hostiles au pouvoir en place. Si ce statut de candidat de l’opposition place M. Moawad au cœur de l’échéance, il risque cependant de se retourner contre lui. L’élection d’un président au Liban est en effet presque toujours le produit d’un compromis élargi et conclu à l’avance entre les différents protagonistes, car il suffit qu’un tiers des députés (43) provoque un défaut de quorum pour bloquer l’élection. Or, M. Moawad est considéré comme une figure trop clivante pour qu’un compromis puisse se faire autour de sa candidature entre les formations proches du Hezbollah et celles qui lui sont opposées. D’autant plus qu’au Liban, mais aussi à l’étranger, les violons s’accordent depuis des semaines sur la nécessité d’élire un « président de consensus ».

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En plus des trois voix de son groupe parlementaire (Fouad Makhzoumi étant à l’étranger), le fils du président assassiné René Moawad a pu compter sur le soutien des Forces libanaises (18 députés en l’absence de Sethrida Geagea), du Parti socialiste progressiste (8), des Kataëb (4) et de trois indépendants (Ihab Matar, Bilal Houchaïmi et Michel Daher). Si le total de 36 voix l’a propulsé au-devant de la scène, le chemin reste ardu. « Michel Moawad est désormais le candidat de l’opposition, affirme Adib Abdel Massih, député du mouvement de l’Indépendance (présidé par Michel Moawad). Nous devons mener des efforts pour convaincre les députés qui n’ont pas voté pour lui de rejoindre le navire. » M. Abdel Massih fait allusion principalement aux deux piliers de l’opposition qui n’ont pas rallié cette candidature : les députés de la contestation (13) qui ont voté Salim Eddé et les anciens haririens (10) qui ont déposé un bulletin au nom du « Liban ». Michel Moawad doit en effet fédérer le plus de députés possible autour de sa candidature pour espérer atteindre les 65 voix nécessaires à son élection au second tour. Cela n’est pas impossible, même s’il aura également besoin de convaincre les trois députés indépendants de Saïda et Jezzine, Oussama Saad, Charbel Massaad et Abderrahman Bizri, et surtout Nehmat Frem, député d’opposition du Kesrouan qui aurait lui aussi des vues sur Baabda. Contacté, un proche de M. Frem n’a pas souhaité trancher la question du soutien de ce dernier au candidat du Nord.

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Mais même si l’arithmétique sourit à M. Moawad, la route vers Baabda semble désormais semée d’embûches. Car, en se positionnant comme le candidat de l’opposition, le jeune député risque de voir ses chances grillées. Il pourrait en effet être perçu comme une option inacceptable aux yeux du Hezbollah et de ses alliés, d’autant plus qu’il s’agit d’une figure centrale du camp du 14 Mars et d’un farouche opposant aux armes du parti chiite. « Michel Moawad ferait un très bon président, fait remarquer le député ex-haririen Ahmad Kheir. Le problème, c’est qu’il ne peut simplement pas être élu. Le camp adverse va opposer son veto. » Même son de cloche du côté des élus de la contestation. « À quoi bon voter pour un président qui ne sera pas élu ? » s’interroge Yassine Yassine, député de la Békaa-Ouest. Et de poursuivre : « Nous avons lancé une initiative à l’intention de tous les parlementaires pour trouver un candidat acceptable par tous et capable de sortir le pays du gouffre, c’est le seul moyen d’éviter un vide prolongé. Nous avons proposé une série de noms, dont celui de Salim Eddé. Par contre, si M. Moawad faisait l’objet d’un compromis, nous serions prêts à le soutenir. » Du côté du mouvement de l’Indépendance, on balaie d’un revers de la main cette logique, appelant à une entente le plus vite possible. « Commençons par unir l’opposition, nous verrons ensuite ce que feront le Hezbollah et ses alliés », souligne M. Abdel Massih, pour qui « l’entêtement de certains députés pourrait mener le pays droit dans les bras du Hezbollah ».

Lobbying

Adib Abdel Massih n’est pas le seul à avoir ces craintes. Le député sunnite Bilal Houchaïmi a lui aussi voté Michel Moawad dès le premier tour, en ayant conscience des obstacles qui pourraient s’ériger face à cette candidature. « J’ai fait un choix de principe. Je sais que j’ai voté pour un candidat souverainiste et j’ai la conscience tranquille », affirme-t-il à L’Orient-Le Jour. M. Houchaïmi s’était distingué lors de la séance de jeudi en ne votant pas pour le « Liban » à l’instar de ces collègues anciens haririens. Réputé proche de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, des observateurs estiment qu’il a fait ce choix sous l’impulsion de ce dernier. « Je discute très souvent avec M. Siniora, mais il ne prend pas les décisions à ma place », se défend l’intéressé. Selon une source politique, l’Arabie saoudite, dont M. Siniora est proche, a réalisé un important travail de lobbying en faveur de Michel Moawad. Une stratégie qui viserait à pousser le camp « souverainiste » à entrer par la grande porte à l’élection présidentielle, plutôt que de laisser au Hezbollah l’initiative de lancer la bataille avec son candidat Sleiman Frangié, lui aussi leader de Zghorta.

Portrait

Michel Moawad, porte-étendard du camp souverainiste

C’est dans cette optique que les Forces libanaises, alliées des Saoudiens, affirment vouloir poursuivre la bataille avec M. Moawad. « Nous allons maintenir les efforts pour permettre à Michel Moawad de récolter au moins 65 voix. Une fois cela fait, si le Hezbollah décide de boycotter, qu’il assume la responsabilité du vide. Nous verrons alors ce que nous ferons », tranche Charles Jabbour, porte-parole du parti. Dans ce cas, les députés de l’opposition seraient-ils prêts à se rabattre après des négociations sur un candidat plus consensuel, comme ils l’avaient déjà indiqué dans le passé ? « M. Mouawad tient par-dessus tout à l’union de l’opposition. Notre candidat sera toujours donc celui de l’opposition unifiée », se contente de répondre Adib Abdel Massih.

S’il y a une star qui s’est démarquée jeudi, lors de la première séance parlementaire pour l’élection d’un président, c’est bien Michel Moawad. Le député réformiste de Zghorta a en effet obtenu l’appui de 36 des 128 députés, tous issus des formations hostiles au pouvoir en place. Si ce statut de candidat de l’opposition place M. Moawad au cœur de l’échéance, il...

commentaires (8)

ILS ONE CENSURE MON SECOND COMMENTAIRE. POURTANT DANS MES DEUX COMMENTAIRES JE LOUAIS QUELQU,UN QUE JE CONNAIS BIEN ET QUI SERAIT UN TRES BON PRESIDENT, POURQUOI ON ME CENSURE ? ALLEZ COMPRENDRE.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 01, le 02 octobre 2022

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • ILS ONE CENSURE MON SECOND COMMENTAIRE. POURTANT DANS MES DEUX COMMENTAIRES JE LOUAIS QUELQU,UN QUE JE CONNAIS BIEN ET QUI SERAIT UN TRES BON PRESIDENT, POURQUOI ON ME CENSURE ? ALLEZ COMPRENDRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 01, le 02 octobre 2022

  • MICHEL MOUAWAD PATRIOTE ET HONNETE SERAIT UN EXCELLENT PRESIDENT. ALLEZ-Y !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 10, le 01 octobre 2022

  • Le problème est situé (aussi) au niveau de ces 13 députés dits du changement. Avec tout le respect qu'on doit à votre actionnaire OLJ M Eddé ( hyper compétent en matière éconico commerciales) mais il n'a pas la carrure pour affronter ces loups du pouvoir et de la caste politique. Ces jeunots de députés , veulent imposer leur candidat dit d'opposition alors qu'ils sont minoritaires en opposition . Ils jouent le même jeu que Michel Aoun qui a divisé le camp dans lequel il était en 1987 1988. Au lieu de rejoindre la majorité des opposants souverains, ils la jouent en solo avec un candidat honnête certes mais qui sera "mangé tout crus" par la mafia locale. Il faut un loup patriote qui connait les dessous des cartes". M EDDE a beau être compétent mais , personnellement, je ne crois pas qu'il soit politicien dans ce bazar libanais.

    LE FRANCOPHONE

    16 h 06, le 01 octobre 2022

  • Est-ce que vous avez demandé l’avis de Hassouna ?

    Eleni Caridopoulou

    13 h 14, le 01 octobre 2022

  • Pour gagner la bataille de ces élections il va falloir user de stratagèmes et de ruses à la hauteur de la situation. La deuxième guerre mondiale a été gagnée sur un coup de bluff déroutant ainsi l’ennemi allemand, fin stratège et invincible en apparence. L’amateurisme des opposants de tout bord me sidère. Pourquoi dévoiler leurs cartes à l’avance en multipliant les déclarations et annonçant leurs stratégie aux vendus pour qu’ils se prémunissent et contrent leurs projets en amont? Il faut user de ruses et de faux semblant jusqu’à la dernière minute pour créer la surprise et ainsi gagner la bataille sans se focaliser sur les rounds à venir qui ne sont même sûrs d’avoir lieu si les vendus décident de prolonger le combat pour les avoirs à l’usure. Sont ils à ce point bobets et naïfs pour venir prévenir leurs ennemis de leur plan afin qu’ils puissent les bloquer?

    Sissi zayyat

    11 h 07, le 01 octobre 2022

  • Le super star Michel Moawad pour lequel vous gaspillez autant d’encre a cramé hier . Je trouve inutile d’en parler car ses chances d’être élu à la première magistrature sont quasi nulles.

    Hitti arlette

    10 h 38, le 01 octobre 2022

  • Les 13 petits nouveaux confirment donc qu’ils cherchent un consensus avec le camp anti-national du Hezbollah pour élire un président. Alors que le dit camp est censé avoir perdu sa majorité. Donc les 13 petits nouveaux ne font que ressortir les vieilles recettes qui ont mené le Liban là où il est aujourd’hui. Les seuls vrais députés de la vraie thawra sont ceux qui sont prêts à élire un président sans l’accord du Hezbollah, ceux qui ont voté Michel Moawad.

    Citoyen libanais

    07 h 58, le 01 octobre 2022

  • « Michel Moawad ferait un très bon président, fait remarquer le député ex-haririen Ahmad Kheir. Le problème, c’est qu’il ne peut simplement pas être élu." . On poirrait dire: "Le problème, c’est qu’il ne peut DONC pas être élu." En effet, on voit ici toute l'aberration de cette règle du quorum des 2/3. Elle oblige un candidat à obtenir les 2/3 des députés alors que la Constitution n'impose que la moitié des votants! Autrement dit, alors que, dans les ciconstances actuelles, nous avons, plus que jamais, besoin d'un président capable d'affronter toutes les forces hostiles aux réformes, Berry bous oblige à porter sur le trône un homme capable de contenter tout le monde et son père.!

    Yves Prevost

    07 h 28, le 01 octobre 2022

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