Comme le temps passe ! Plus les années défilent, plus on se rend compte que la classe politique a réussi haut la main à inventer un concept digne des meilleurs cursus universitaires des facultés de sciences-po : se vautrer les doigts dans le nez, les orteils en éventail et attendre que… le néant s’installe.
Le néant. Un mot qui mérite d’être gravé sur les frontons des trois présidences et des ministères, confirmé par la formidable capacité des barons communautaires à papillonner d’un néant à l’autre, avec d’autant plus de facilité que les premiers néants n’ayant rien donné, ils s’activent à rechercher dans les néants suivants le Graal des néants, plus connu celui-là sous l’appellation de « néant abyssal ».
Ils l’ont d’ailleurs presque trouvé en adoptant un budget fantôme, issu de la phosphorescence du ministre du Pognon Youssef Khalil, porte-serviette deuxième du nom du Taulier haut perché du Parlement. Un document constellé de chiffres égrenant des projets de développement virtuels et… une seule rentrée orpheline, bien réelle celle-là, illustrée par le racket des citoyens sous forme de taxes et impôts. Diable !
Faudra bien que les Libanais crachent au bassinet pour pouvoir tripler les salaires des glandus de la fonction publique, dont une grosse majorité n’ont pour tout diplôme que leur pedigree communautaire.
Pour l’heure bien sûr, le sujet de prédilection reste la présidentielle. Et comme prévu par les plus attardés des passionnés de cette échéance planétaire, la séance d’hier a fait chou blanc. Le premier tour de piste à peine bouclé, le poulailler se vidait de ses gallinacés parlementaires, partis comme par enchantement caqueter dans toutes les directions, le quorum pris en otage et bien calé au fond de la poche. En état de déconfiture avancée, la classe politique n’a ainsi même pas été fichue de se choisir du premier coup un pouf à la tête du pays. Pourtant ils ne manquent pas, les blaireaux qui palpitent à l’idée de présider cette virgule du Levant. Y a qu’à se baisser pour en ramasser.
Mais les paris restent ouverts !
Les hobereaux et leurs féaux sont alignés devant la mangeoire et l’on s’excite de savoir lequel des cobayes ira jouer les châtelains six ans durant à Baabda, vautré dans un fauteuil. Car point n’est question de bureau évidemment, vu que cela fait des lustres qu’on n’a plus vu ici un président assis derrière une table en train d’écrire. Le plus bidonnant c’est que personne ne parle plus d’élire le futur brimborion, pas même de le tirer au sort. « Quand viendra le moment, on vous fera savoir ce qu’on aura pensé à votre place… Allez, du balai ! » comme dirait le jovial Mohammad Raad.
Vivement à la prochaine donc, pour un nouveau bal des intrigants, place de l’Étoile ! Et entendre ce jour-là Istiz Nabeuh déclamer : « J’aime le son du quorum le soir, au fond de la langue de bois ».
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
Qu’il est beau l’aspirateur high tech qui va broyer tous ces parasites primaires à commencer par le nab ultra mafieux !!
Wow
15 h 34, le 30 septembre 2022