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Nos Lecteurs ont la Parole

Commémorer les morts du massacre de Sabra et Chatila : garder la mémoire vive

Quarante ans après le massacre du camp de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth-Ouest au Liban, les blessures restent béantes dans la mémoire collective d’un pays meurtri autrefois par la guerre civile et par une débâcle socioéconomique sans précédent à présent. De 1982 à aujourd’hui, le pays du Cèdre reste marqué par ce carnage. Cette mémoire obsédante d’un crime commis entre le jeudi 16 septembre et la matinée du 18 septembre 1982 contre des femmes, enfants et vieillards civils à majorité palestinienne. Leur faute, ce fut d’appartenir à une nation, celle de la Palestine, d’un pays occupé par une autre nation ; un peuple sans État, comme les Kurdes (en Irak, Turquie et Syrie) et d’autres minorités oubliées.

Deux jours avant le massacre, le 14 septembre, Bachir Gemayel fut assassiné, après avoir été élu président. Les Palestiniens sont illico accusés, à tort, de la mort du chef et fondateur de la milice des Forces libanaises. Venger le jeune président martyr fut inévitable pour une petite fraction des Forces libanaises, qui aurait été commandée par Élie Hobeika. L’armée israélienne n’a pas perdu son objectif lors de l’opération « Paix en Galilée », celle de se débarrasser de la présence palestinienne au Liban, un pays limitrophe. Le 15 septembre, l’armée israélienne a envahi Beyrouth-Ouest.Les massacres ou les crimes contre l’humanité sont devenus monnaie courante pendant les guerres ; et récemment le massacre de civils ukrainiens à Izioum par le régime de Poutine, des Kurdes par le régime de Saddam et les crimes commis par le régime de Bachar el-Assad contre son peuple ; la liste est longue des massacres, des génocides. Certains régimes ont perdu leur image de marque, image écornée. Sera-t-elle un jour réparée ? Les bourreaux seront-ils un jour jugés pour leurs crimes ?

Revisiter le massacre de Sabra et Chatila, interroger ce « lieu de mémoire », c’est également revisiter l’histoire de la guerre civile au Liban (1975-1990). C’est aussi réclamer justice. Mais auprès de qui ? Les pistes ont été tellement brouillées. Interroger l’histoire, rendre hommage aux victimes de cette boucherie après quatre décennies s’avère un exercice de haute voltige ; en l’occurrence, examiner de près l’histoire de la guerre civile au Liban est un terrain miné où l’on peut facilement tomber dans la souricière des mémoires conflictuelles, des partis politiques à forte connotation confessionnelle.

Commémorer ce massacre pour ne pas oublier les morts, puisque ceux d’hier et d’aujourd’hui méritent que justice soit faite. L’inculpation des responsables du génocide des Tutsis au Rwanda par exemple, ou celui des musulmans de Bosnie, donne espoir, en dépit de la lenteur de la machine judiciaire.

Pour le moment, contentons-nous de commémorer les morts pour qu’ils ne soient pas oubliés et que les injustices du passé ne créent plus d’autres crimes de guerre dans l’avenir.

Island View, NB

Canada

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Quarante ans après le massacre du camp de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth-Ouest au Liban, les blessures restent béantes dans la mémoire collective d’un pays meurtri autrefois par la guerre civile et par une débâcle socioéconomique sans précédent à présent. De 1982 à aujourd’hui, le pays du Cèdre reste marqué par ce carnage. Cette mémoire obsédante d’un crime commis...

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