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Défi pour la couronne britannique : un roi âgé et controversé

Jamais aucun souverain britannique n’aura attendu aussi longtemps. L’accession au trône de Charles III, mal-aimé, ouvre une période délicate pour une monarchie qui avait su sous le règne de sa mère résister aux crises.

Défi pour la couronne britannique : un roi âgé et controversé

Le nouveau roi Charles III et la reine consort Camilla arrivant à Buckingham Palace à Londres, le 9 septembre courant, au lendemain du décès de la reine Elizabeth. Yui Mok/AFP

En 1953, Elizabeth II avait été couronnée à tout juste 25 ans, dans une atmosphère d’enthousiasme national alors que le pays se relevait encore du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Elle est restée toute sa vie une figure très populaire et respectée. L’accueil réservé à son fils aîné s’annonce très différent. À 73 ans, c’est un « vieil homme » qui monte sur le trône, relève Robert Hazell, professeur de droit constitutionnel à la University College London.

« Ce sera très difficile pour lui de prendre la suite de la reine », explique-t-il, ajoutant que « la monarchie va probablement traverser des temps difficiles ».

Né en 1948, Charles a épousé en 1981 Diana Spencer, avec qui il a eu deux enfants, William et Harry, avant le délitement de leur mariage et des révélations publiques sur leurs infidélités respectives qui mèneront à leur divorce. Après la mort tragique de Diana en 1997 dans un accident de voiture à Paris, pourchassée par des paparazzis, Charles a épousé en 2005 son ancienne maîtresse Camilla Parker Bowles, avec laquelle il a admis avoir trompé sa femme et entretenu une relation extraconjugale, lors d’une interview-événement en 1994. Au début des années 1990, les échos autour de la relation entretenue par le prince et son amie se faisaient en effet de plus en plus précis dans la presse, qui y voyait un obstacle à l’accession de Charles au trône. L’Église s’en mêle également. Pour l’archidiacre d’York, « le prince n’a pas respecté son serment devant Dieu » : « S’il ne l’a pas respecté à cette occasion, comment pourrait-il aller à l’abbaye de Westminster et à nouveau prêter serment lors de son couronnement ? »

Si l’opinion publique britannique se montrera un temps compréhensive envers le prince après sa confession-choc, elle aura néanmoins la dent dure envers Charles, qui devra après la mort de Diana mettre entre parenthèses son opération de séduction visant à officialiser sa relation avec Camilla.

S’abstenir d’ingérence

Charles aborde ainsi son règne bien moins aimé que sa mère. Selon un sondage de l’institut YouGov en 2021, à peine plus d’un tiers des sondés estimaient qu’il ferait un bon roi, alors que plus de 70 % avaient une opinion favorable de sa mère. De quoi relancer les espoirs des partisans d’une abolition de la monarchie au profit d’une république, idée soutenue par seulement 15 % des Britanniques ces dernières années. Le directeur du mouvement Republic, Graham Smith, souligne ainsi que le nouveau roi « n’est pas protégé par la même aura presque impénétrable que la reine ». Pour maintenir l’institution, Robert Hazell estime « concevable » que Charles abdique en faveur de son fils William, né en 1982 et très populaire, une option toujours rejetée par Elizabeth II. Mais pour Graham Smith, « il ne va pas laisser tomber ».

Il devra néanmoins s’abstenir, comme le veut la tradition, de toute prise de position, assurant à ce propos à la BBC en 2018 : « Je ne suis pas si idiot. » Pourtant, afficher une telle neutralité tout en voulant sauvegarder la monarchie s’annonce « très difficile » à tenir, notamment face aux velléités d’indépendance de l’Écosse, relève M. Hazell, qui souligne cependant « le sens très fort du service public et du devoir public » de Charles. De l’équipement des troupes britanniques en Irak aux traitements grâce aux plantes médicinales, en passant par l’abattage des blaireaux pour lutter contre la tuberculose bovine, le prince Charles s’est ainsi fendu entre 2004 et 2005 de 27 lettres manuscrites à destination du gouvernement travailliste de Tony Blair.

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Baptisées « Black spider memos » en raison de l’écriture si particulière du prince – truffée de points d’exclamation et de ratures –, ces lettres ont été rendues publiques en 2015 sur décision de justice, 10 ans après la révélation de l’affaire par le quotidien de gauche The Guardian. Si elles ne contiennent aucune révélation fracassante, ces lettres mettent à mal l’obligation pour le monarque de s’abstenir de toute ingérence dans la politique du gouvernement issu d’élections démocratiques.

Affaires de dérapage

Le nouveau roi devra également faire face aux critiques croissantes sur le train de vie de la famille royale. Les spécialistes de la monarchie prêtent déjà à Charles le désir de réduire le nombre de ses membres actifs vivant aux frais de la Couronne et se consacrant aux engagements publics, qui sont actuellement une dizaine. La tendance a déjà été impulsée avec la mise en retrait du prince Andrew, frère du nouveau roi, mis en cause pour son amitié avec le défunt financier américain Jeffrey Epstein, accusé de trafic de mineures, puis le départ en Californie de son fils Harry. Pour Robert Hazell, plus que financier, l’intérêt de poursuivre sur cette voie est surtout de limiter les risques qu’un membre de la famille royale ne « dérape ».

En 2021, lui-même est éclaboussé par une affaire qui touche sa fondation. Des intermédiaires sont soupçonnés d’avoir monnayé accès au prince ou faveurs pour obtenir des titres honorifiques pour de riches donateurs. L’ancien valet adjoint du prince Charles, Michael Fawcett, est ainsi soupçonné d’avoir usé de son influence pour aider l’homme d’affaires saoudien Mahfouz Marei Mubarak ben Mahfouz, généreux donateur à des œuvres caritatives liées à la monarchie britannique, à obtenir une décoration. Selon le Sunday Times, M. Mahfouz, 51 ans, a été fait commandeur de l’Empire britannique par le prince Charles lors d’une cérémonie privée à Buckingham Palace en novembre 2016, un événement qui n’avait pas été publié dans la liste officielle des engagements royaux. Selon le journal, bénéficier d’une telle distinction permettait d’appuyer la demande de nationalité britannique du Saoudien, qui nie toute faute, alors qu’il aurait donné de fortes sommes d’argent à des projets de restauration intéressant particulièrement le prince de Galles. Parallèlement, la presse révèle que la fondation du prince Charles aurait accepté de recevoir plusieurs centaines de milliers d’euros d’un donateur russe, entraînant l’ouverture d’une enquête de l’organisme indépendant qui régule l’activité des associations caritatives en Écosse.

En 1953, Elizabeth II avait été couronnée à tout juste 25 ans, dans une atmosphère d’enthousiasme national alors que le pays se relevait encore du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Elle est restée toute sa vie une figure très populaire et respectée. L’accueil réservé à son fils aîné s’annonce très différent. À 73 ans, c’est un « vieil...

commentaires (2)

ça me fait de la peine qu une sorcière devienne Reine avec son sorcier ?‍♂️ Charlot alors qu ils ont tué la fantastique femme ? la lady Diana.

Marie Claude

09 h 55, le 10 septembre 2022

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Commentaires (2)

  • ça me fait de la peine qu une sorcière devienne Reine avec son sorcier ?‍♂️ Charlot alors qu ils ont tué la fantastique femme ? la lady Diana.

    Marie Claude

    09 h 55, le 10 septembre 2022

  • TOZ.

    Marie Claude

    09 h 39, le 10 septembre 2022

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