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Sport - Hommage

Elizabeth II, une reine sportive malgré elle

À travers ses sept décennies de règne, la reine Elizabeth II aura eu l’occasion d’adouber les plus illustres athlètes de son temps. Au point de devenir indissociable de nombreux grands moments du sport de ces deux derniers siècles.

Elizabeth II, une reine sportive malgré elle

Elizabeth II lors de la remise de la Coupe du monde de football à l’Anglais Bobby Moore, le 30 juillet 1966. G. Cranham/Presse Sports

Elle est de ces chefs d’État qui figureront à jamais dans les livres d’histoire. Non seulement celle avec un grand H, qui relate les guerres et les monarchies, mais aussi celle avec un grand S. Car passer 70 ans à la tête de « l’empire sur lequel le Soleil ne se couche jamais », cela laisse suffisamment de temps pour se soucier du moindre bout de terrain, y compris celui de sport. Mais que les adorateurs de la monarchie se rassurent, il ne s’agit nullement de faire passer l’héritière de la lignée des Windsor pour ce qu’elle n’a jamais été, à savoir une grande amatrice de sport. Si elle était, disait-on, très bonne cavalière et férue de courses équestres, la souveraine ne s’est jamais passionnée pour les autres loisirs qui font vibrer ses sujets. De mémoire de supporter, personne ne se rappelle l’avoir vue afficher le début du commencement d’un soutien à l’un des nombreux clubs qui se battent chaque année sur ses terres pour glaner la couronne d’Angleterre, histoire peut-être de ne pas prendre le risque de les diviser.

Mais si l’altesse ne se bousculait pas à d’autres portillons que ceux des hippodromes, notamment celui de derby d’Epsom dont elle était une fidèle spectatrice, cela ne l’a pas empêchée d’assister à certains des plus grands événements sportifs qui ont jalonné ses presque trois quarts de siècle de règne débuté en 1953. Souvent accompagnée de son époux, le prince Philip, décédé le 9 avril 2021, elle n’a jamais eu l’air incommodée lorsqu’il s’agissait de s’asseoir en tribune ou de serrer la main d’athlètes dont elle ignorait la plupart du temps l’identité.

Descentes dans l’arène

Du haut de sa tribune royale, l’héritière de la lignée des Windsor a vu défiler celles et ceux qui ont hissé au plus haut les couleurs de l’Union Jack et de la croix de saint Georges. Aussi s’inscrit-elle dans le sillage des gouvernants immortalisés sur les clichés de la grande histoire du sport. À l’image par exemple d’un Nelson Mandela qui, en remettant le trophée du Mondial de rugby à François Pienaar, capitaine des Springboks, réunissait pour la première fois le peuple sud-africain après des décennies d’apartheid en 1995. Ou, dans une moindre mesure, de Jacques Chirac, que les souvenirs français verront toujours en arrière-plan de Didier Deschamps au moment de soulever la Coupe du monde 1998, avènement d’une éphémère France « black-blanc-beurre », Elizabeth II demeurera elle aussi indissociable de ces grands-messes sportives ayant incarné l’unité titubante de son vaste royaume.Au-delà du fameux God Save the Queen qu’entonne toute équipe britannique en préambule de ses matches internationaux, le nom et la figure d’Elizabeth II resteront attachés au premier et unique sacre mondial des Three Lions en 1966. Les témoins de la scène racontent que Bobby Moore, le capitaine de la sélection anglaise, avait alors pris le soin d’essuyer ses mains moites sur son short afin de salir le moins possible le gant immaculé de Sa Majesté.

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Souvent nerveux à l’idée de devoir s’incliner devant elle, nombreux sont les champions britanniques à s’être succédé sous les dorures de Buckingham Palace pour recevoir le titre de chevalier de l’ordre de l’Empire britannique. De Stanley Matthews, premier lauréat du Ballon d’or en 1956, au pilote de formule 1 Lewis Hamilton, en passant par le coureur de fond Mo Farah ou l’heptathlète Jessica Ennis-Hill, tous furent élevés au rang de « sir » ou de « lady » par la souveraine. Même les Écossais, pourtant réputés pour leur hostilité à la Couronne, Alex Ferguson, 13 fois vainqueur de la Premier League à la tête de Manchester United, ou Andy Murray, gagnant du prestigieux tournoi de Wimbledon en 2013, n’ont pu refuser ses faveurs. « C’est évidemment le plus grand honneur que vous puissiez obtenir dans ce pays », avait déclaré l’ancien numéro 1 mondial de tennis. « On ne réalise pas à quel point c’est spécial de se retrouver devant elle », concédait quant à lui Lewis Hamilton après avoir dîné à ses côtés.

Un règne de marathonienne

Malgré son âge avancé, celle qui s’est souvent distinguée pour son sens de l’autodérision, avait même surpris le monde entier en s’invitant lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres en 2012. Aux côtés de Daniel Craig, alors dans son costume de James Bond, elle s’était prêtée au jeu d’une mise en scène la montrant en train de sauter virtuellement d’un hélicoptère, parachute sur les épaules. Alors qu’une doublure était prévue pour la séquence, l’altesse avait insisté pour donner de sa personne. « Après tout, il vient me sauver, non ? » aurait-elle déclaré. L’altesse royale a perpétué cette tradition jusque dans les ultimes instants de son règne. Dans la foulée du premier sacre européen des footballeuses anglaises en juillet dernier, elle s’était fendue d’un long message pour les féliciter. « Votre réussite va bien au-delà du trophée que vous avez si bien mérité, a-t-elle écrit aux Lionnes. Vous avez toutes montré un exemple qui sera une source d’inspiration pour les filles et les femmes d’aujourd’hui, et pour les générations futures. » De la Grande-Bretagne aux confins du Commonwealth, la mémoire de la souveraine sera solennellement honorée lors de chaque manifestation sportive. En plus des premières minutes de silence observées sur les différentes pelouses européennes depuis jeudi, date de l’annonce de son décès dans son château de Balmoral, la Ligue de football anglaise a annoncé la suspension de toutes les rencontres officielles jusqu’au terme des sept jours de deuil national. Le tour cycliste de Grande-Bretagne ferme également ses routes, une décision sacrant prématurément l’Espagnol Gonzalo Serrano.

Repère

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En ayant porté sa couronne pendant plus de 70 années, soit six de plus que son arrière-grand-mère, la reine Victoria, Elizabeth II est devenue la plus longue détentrice du trône d’Angleterre. Un record, célébré en fanfare lors de son jubilé de platine, aussi admirable que la place qu’elle occupait dans le cœur d’une large partie du peuple britannique.

Elle est de ces chefs d’État qui figureront à jamais dans les livres d’histoire. Non seulement celle avec un grand H, qui relate les guerres et les monarchies, mais aussi celle avec un grand S. Car passer 70 ans à la tête de « l’empire sur lequel le Soleil ne se couche jamais », cela laisse suffisamment de temps pour se soucier du moindre bout de terrain, y...

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