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Économie - Focus

Le déclin du secteur agricole libanais a été moins prononcé en 2021

Selon un rapport du Centre libanais de recherches et d’études agricoles, le secteur reste « le maillon faible de la chaîne de valeur alimentaire ».

Le déclin du secteur agricole libanais a été moins prononcé en 2021

Photo João Sousa.

Le secteur agricole libanais a poursuivi son déclin en 2021, bien qu’à un rythme plus lent que l’année précédente, selon les données recueillies par le Centre libanais de recherches et d’études agricoles (Creal). La valeur totale de la production agricole libanaise en 2021 – c’est-à-dire le montant que les agriculteurs ont gagné en vendant leurs produits – s’élevait à environ 1,3 milliard de dollars contre 1,4 milliard de dollars l’année précédente et en baisse par rapport à plus de 1,9 milliard de dollars en 2018 et 2019, selon le rapport annuel du centre sur l’état du secteur agricole.

Pour obtenir ces résultats, le Creal a calculé la valeur en dollars en utilisant des moyennes trimestrielles pour le taux de change dollar/livre du marché parallèle. La valeur des cultures végétales – y compris les fruits, les légumes et les céréales – a connu un léger rebond au cours de la saison 2021 par rapport à 2020, selon le rapport, mais est restée inférieure aux niveaux d’avant la crise, tandis que la valeur de la production de l’élevage a continué de baisser.

Demande soutenue

Depuis bientôt trois ans, les agriculteurs libanais sont aux prises avec la crise financière, en grande partie à cause de la hausse des coûts du carburant et des intrants importés tels que les semences et les engrais. L’année dernière a également vu un autre coup dur pour le secteur avec l’interdiction saoudienne des produits libanais, mise en place en avril 2021. Alors que les effets de l’embargo ont été largement atténués par l’augmentation des exportations vers d’autres pays, en particulier l’Égypte, le rapport du Creal a noté que la situation des agriculteurs reste précaire.

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« Des conditions climatiques favorables ont généralement permis de bonnes récoltes, avec une irrigation à un coût encore abordable », note le rapport. « Bien que le pouvoir d’achat des Libanais ait été très affecté en 2021, la demande de produits alimentaires a été soutenue. La Syrie, qui inonde normalement les marchés locaux de ses légumes et de certains de ses fruits, souffrait elle-même en 2021 d’une crise de la production agricole. Cela a réduit l’impact négatif sur les prix agricoles au profit du producteur libanais. »

Pour les produits végétaux, dont les fruits, les légumes et les céréales, la valeur de la production est passée de 740,6 millions de dollars en 2020 à 884,5 millions, tandis que la valeur de la production liée aux animaux, telle que les produits laitiers, ceux dérivés des œufs et de la viande, a fortement chuté, passant de 696,1 millions de dollars en 2020 à 444,4 millions en 2021. Les grandes cultures ont connu la plus forte reprise, largement conduite par les pommes de terre, leur valeur de production augmentant d’environ 55 millions de dollars en 2020 à 159 millions de dollars en 2021, soit le taux d’avant la crise au moins aussi loin qu’en 2016. Et ce malgré le fait que la superficie des terres plantées en pommes de terre a baissé de 11 395 hectares en 2020 à 9 150 hectares l’an dernier. La hausse de la valeur est due en grande partie aux prix élevés des exportations, note le rapport.

Du côté des cultures céréalières, qui avaient connu une baisse de 34 % en valeur de 2019 à 2020, celle-ci a augmenté de 22 % en 2021, pour atteindre 26,3 millions de dollars, sans pour autant atteindre les niveaux d’avant la crise. Les oignons, en revanche, sont passés de 11,5 millions à 5,5 millions de dollars. Enfin, la valeur de la production d’arbres fruitiers en 2021, à 333,7 millions de dollars, est restée essentiellement stable par rapport à l’année précédente, alors que la valeur avait chuté de 24 % de 2019 à 2020.

Les programmes de subventions

Contacté par L’Orient Today, le directeur du Creal, Riad Fouad Saadé, a déclaré qu’en plus des prix à l’exportation et des conditions climatiques favorables de l’année dernière, certains agriculteurs avaient pu profiter d’un programme de subvention gouvernemental fournissant des dollars pour les intrants agricoles importés tels que les engrais, les pesticides et les semences à un taux de 3 900 livres. Bien qu’il ait critiqué ce mécanisme comme étant largement inaccessible aux agriculteurs sans connexions politiques et qu’il ait déclaré que les importateurs en avaient profité en augmentant leurs prix, tandis que certains produits subventionnés étaient passés en contrebande en Syrie, Riad F. Saadé a reconnu que certains agriculteurs en avaient bénéficié.

« Le prix est important, mais le coût de production l’est aussi, car le bénéfice de l’agriculteur représente la différence entre le prix et le coût, a-t-il expliqué. En 2021, le coût de production était encore bas parce que les agriculteurs avaient profité du mécanisme de subventions de l’État (…), mais principalement les gros agriculteurs. » Un mécanisme qui a pris fin, alors qu’en parallèle les conditions de prix et de climat en 2021 ont été « exceptionnelles », a-t-il dit. « Nous ne pouvons donc pas être optimistes dans une situation aussi fluctuante. »

Ibrahim Tarchichi, chef de l’Association des agriculteurs de la Békaa, a, lui, déclaré à L’Orient Today que la subvention avait fait plus de mal que de bien. « La subvention qui portait sur les intrants était très chaotique, a-t-il déclaré. Il y avait des choses qui se passaient d’une manière qui n’était pas correcte. L’absence de subvention est en fait bien meilleure que lorsqu’elle était en place car celle-ci était alors dispersée de manière injuste : certains en tiraient beaucoup de bénéfices, d’autres ne recevaient rien. » Joint par téléphone, le ministre de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan avait affirmé ne pas encore avoir lu le rapport. Il n’a plus pu être joint par la suite pour un commentaire.

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Outre la subvention de l’État, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé un programme de bons d’achat en 2020 afin de fournir aux agriculteurs des fonds pour acheter des intrants. Ce programme a commencé comme un programme pilote de 200 000 dollars, distribuant des coupons de 200 dollars à 1 000 agriculteurs du Akkar et de Baalbeck-Hermel (Békaa) en 2020 afin de payer des engrais, des semences et des équipements. Le programme de la FAO s’est ensuite étendu, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture et le Programme alimentaire mondial, par la distribution de coupons de 300 dollars à plus de 32 000 bénéficiaires en 2021 et 2022, avec lesquels les agriculteurs pouvaient acheter des semences, des engrais, des aliments pour animaux et pour poissons, ainsi qu’un traitement contre l’acarien Varroa qui s’attaque aux abeilles domestiques.

Un porte-parole de la FAO a déclaré dans un communiqué que le suivi du projet a révélé que « les agriculteurs avaient un niveau de satisfaction élevé et demandaient un soutien similaire supplémentaire ».

Cependant, le rapport du Creal a, lui, critiqué son application, affirmant que des personnes qui n’étaient pas éligibles avaient reçu des coupons dans certains cas, tandis que des bénéficiaires les avaient vendus à des prix réduits s’élevant à 50 ou 60 % de leur valeur. Pour autant, le porte-

parole de la FAO a assuré que l’agence avait mis en place « un mécanisme efficace de plaintes et d’évaluation (sur le programme) » et avait effectué, « par l’intermédiaire d’un agent de contrôle tiers, un contrôle postdistribution du système de coupons ».

L’impact de l’interdiction saoudienne

En ce qui concerne l’impact de l’interdiction saoudienne de l’année dernière sur les produits libanais, il a été largement compensé par une augmentation des exportations vers l’Égypte et celles de fruits vers l’Europe, a déclaré tout de go Riad F. Saadé. Les experts avaient de fait prévu que les cultures fruitières, telles que les pommes et les raisins, seraient affectées par l’interdiction. Pour les pommes en effet, la valeur de la production a diminué de 77,3 millions de dollars en 2020 à 68,1 millions en 2021, bien que les exportations vers l’Égypte aient compensé une grande partie de la perte du marché saoudien. Mais pour le raisin, elle a augmenté de 35,8 millions de dollars à 63,5 millions en grande partie en raison de l’augmentation des exportations vers l’Europe, selon le directeur du Creal.

Parallèlement, et toujours selon le rapport, la capacité des producteurs libanais de bananes à vendre leurs produits a été affectée par la grave récession qui frappe la Syrie voisine, qui est généralement le principal importateur de bananes libanaises. La valeur de la production de bananes a ainsi diminué, passant de 93 millions de dollars en 2020 à 50,1 millions l’année dernière. Du côté de l’élevage, la valeur de la production de volaille a fortement baissé, passant de 446,5 à 190,2 millions de dollars. Le rapport note que si l’État avait précédemment fixé le prix du poulet au kilogramme, il ne l’a pas fait en 2021.

Enfin, malgré une reprise dans certaines parties du secteur agricole, le rapport indique qu’« en l’absence d’une intervention efficace des pouvoirs publics et sans pouvoir bénéficier de l’aide internationale, dont l’exécution reste stérile, voire négative, l’agriculteur libanais est livré à lui-même. (...) Il reste le maillon faible de la chaîne de valeur alimentaire ».


Le secteur agricole libanais a poursuivi son déclin en 2021, bien qu’à un rythme plus lent que l’année précédente, selon les données recueillies par le Centre libanais de recherches et d’études agricoles (Creal). La valeur totale de la production agricole libanaise en 2021 – c’est-à-dire le montant que les agriculteurs ont gagné en vendant leurs produits – s’élevait à...

commentaires (2)

Nous avons une terre arable, de l'eau à profusion, un climat clément, un pays béni que nous ne méritons pas.

Christine KHALIL

12 h 04, le 25 juillet 2022

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Commentaires (2)

  • Nous avons une terre arable, de l'eau à profusion, un climat clément, un pays béni que nous ne méritons pas.

    Christine KHALIL

    12 h 04, le 25 juillet 2022

  • cet article mentionne l'impact de l'interdication saoudienne, alors qu'en realite l'auteur(e) devait ecrire l'impact de la politique des A E de notre pays, sous le regne de m aoun,son bo fils tous deux au service du hezbollah qui a tout fait pour eloigne ce pays ami de notre pays.

    Gaby SIOUFI

    10 h 39, le 25 juillet 2022

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