Grève des employés de la BDL après une descente de la juge Ghada Aoun

"Nous refusons que l'on traite avec nous par des méthodes miliciennes et nous annonçons la grève", a lancé, la voix tremblante de colère, le président du syndicat des employés de la Banque du Liban (BDL), Abbas Awada, au micro de la chaîne MTV ce mardi. Une annonce faite quelques minutes après une perquisition de la Sécurité de l'Etat au siège de la Banque centrale à Beyrouth, en présence de Ghada Aoun, procureure générale près la Cour d'appel du Mont-Liban, qui est à la recherche du gouverneur de la BDL, Riad Salamé.

Proche du président de la République Michel Aoun, la magistrate a dans son viseur M. Salamé, qui est visé par plusieurs enquêtes en Europe et au Liban, et est tenu par une frange des dirigeants et de la population comme étant en partie responsable de la grave crise économique et financière dont souffre le pays depuis 2019.

La descente de la juge Aoun a provoqué une agitation et un attroupement devant le siège de la Banque centrale.

"La dignité de l'institution et de ses employés passe avant tout. Nous refusons que l'on traite avec nous par des méthodes miliciennes et nous annonçons la grève", a lancé M. Awada quelques minutes après le départ de la juge Aoun. "Nous ne défendons pas Riad Salamé mais l'institution, et nous n'acceptons pas ces méthodes", a-t-il dénoncé. Il a ajouté que les employés ont arrêté le travail dès aujourd'hui mardi et que le Conseil d'administration du syndicat se réunira pour définir l'étendue de la grève, "en vue de demander aux juges d'agir en réponse aux agissements de Ghada Aoun". 

Fin juin, le syndicat des employés de la BDL avait observé une grève d'une journée, qui servait d'"avertissement", afin de protester contre les poursuites judiciaires et les accusations visant la Banque centrale et ses effectifs.

Dans la matinée, des agents de la Sécurité de l'État ont perquisitionné le domicile de M. Salamé, situé à Rabieh, puis le siège de la Banque centrale, après avoir échoué à localiser le gouverneur de la BDL, qui est visé par plusieurs enquêtes en Europe et au Liban, notamment pour "blanchiment d’argent, enrichissement illicite et gaspillage de fonds publics", entre autres. Riad Salamé a déjà refusé à plusieurs reprises de se présenter devant la juge Aoun pour être interrogé.