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Politique - Gouvernement

Entre Baabda et le Sérail, le fossé se creuse davantage

Entre Baabda et le Sérail, le fossé se creuse davantage

Le chef du CPL Gebran Bassil, place de l’Étoile, le 28 juin 2022. Photo Nabil Ismaïl/Parlement libanais

Le tandem Michel Aoun-Gebran Bassil et le Premier ministre désigné Nagib Mikati semblent s’approcher de plus en plus du point de non-retour. La journée d’hier a ainsi témoigné d’un nouveau round de la querelle entre les deux parties. Le chef du Courant patriotique libre s’en est pris une nouvelle fois à M. Mikati, une démarche à même de retarder encore plus la formation d’un nouveau gouvernement. En face, le Premier ministre désigné est lui aussi monté au créneau, se lavant les mains de toute accusation de blocage.

Dans une vidéo postée hier sur son compte Twitter, Gebran Bassil a tiré à boulets rouges sur le chef du gouvernement sortant, l’accusant de ne pas vouloir accomplir sa tâche. « Il est clair qu’il (Nagib Mikati) ne veut pas former un nouveau cabinet, et il l’a reconnu devant tous les ministres avant d’être désigné », a lancé le leader du parti orange. « Le cabinet ne se forme pas entre un yacht et un avion, ni entre la Grèce et l’Angleterre, mais au palais de Baabda, entre le chef de l’État et le Premier ministre désigné », a ajouté M. Bassil dans une critique du déplacement de M. Mikati à Londres pendant le week-end de la fête d’al-Adha. Un voyage précédé par un appel téléphonique entre MM. Aoun et Mikati. Selon le chef du courant aouniste, le Premier ministre désigné juge inutile la formation d’un nouveau gouvernement au vu du temps restant avant l’élection d’un nouveau président de la République pour succéder à Michel Aoun, dont le mandat prend fin le 31 octobre. « En résumé, ils ne veulent pas de gouvernement qui travaille sous ce mandat », a fustigé le gendre du chef de l’État.

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Cette attaque verbale de M. Bassil contre le Premier ministre désigné dénote de la volonté de Baabda et de son camp de ne pas se plier aux desiderata de M. Mikati, même si le président joue le tout pour le tout maintenant que son mandat touche à sa fin. En face, se dresse un Nagib Mikati détenant à la fois la carte de la formation du gouvernement et de l’expédition des affaires courantes. C’est fort de cette position avantageuse qu’il a répondu hier dans un communiqué à M. Bassil sans le citer, appelant la présidence à collaborer avec lui pour mettre en place une nouvelle équipe. Il a en outre confirmé les informations rapportées dans les médias concernant sa demande d’entretien, le mardi 5 juillet, avec le chef de l’État, à laquelle le palais présidentiel n’aurait jamais donné suite.

Dans les milieux du Sérail, on inscrit les propos de M. Bassil dans la continuité des attaques du CPL contre M. Mikati. « Il s’agit d’une claire tentative de renvoyer la balle dans le camp de Nagib Mikati, alors que ce dernier a accompli son devoir », commente pour L’Orient-Le Jour Ali Darwiche, ancien député de Tripoli proche du chef du gouvernement désigné. Il fait référence à la combinaison ministérielle que le milliardaire sunnite a remise au chef de l’État le 29 juin dernier. Sauf que cette formule s’était heurtée à ce qu’un proche de Baabda appelle « des remarques » de la part de M. Aoun. Ce dernier s’était opposé à cette liste, en raison notamment du remplacement de Walid Fayad (grec-orthodoxe, proche du CPL) par l’homme d’affaires sunnite Walid Sinno. Pour sa part, M. Mikati demeure, selon son communiqué, attaché à cette mouture qui constitue « le cadre adéquat pour les négociations avec le président de la République ».

Démission des ministres CPL ?

La nouvelle diatribe de M. Bassil intervient alors qu’une probable démission des ministres gravitant dans l’orbite du CPL et de Baabda, en guise de pression, est déjà évoquée dans les coulisses. « C’est une des options dont nous disposons. Mais je crois qu’il est encore tôt de jouer cette carte », se contente de réagir un ex-parlementaire du parti aouniste. « M. Mikati ne peut pas continuer à agir de la sorte, surtout qu’il a besoin de nous pour obtenir la confiance de la Chambre », lance de son côté May Khoreiche, vice-présidente du CPL pour les affaires politiques. Entre-temps, L’Orient-Le Jour a appris que des efforts seraient actuellement déployés pour défricher le terrain devant une nouvelle réunion entre MM. Aoun et Mikati en vue d’accélérer le processus gouvernemental. Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, des propositions sont examinées dans les coulisses. L’une d’elles prévoit que l’Énergie soit retirée du camp de la présidence, qui obtiendrait en échange... l’Industrie ou l’Éducation. Une option rejetée, selon notre chroniqueur, par la présidence qui réclamait le portefeuille de l’Intérieur si la rotation devait être appliquée à tous les ministères de poids.

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commentaires (13)

Soyons brefs. Tout le problème vient du beau-père et de son gendre. Nagib Mikati est chargé de former le gouvernement. C’est à lui, et à lui seul, de choisir ses ministres. M. Mikati ne veut pas de Gebran Bassil, ni au Ministère des Affaires étrangères ni à celui de l’Energie. Aux lecteurs de juger !

Un Libanais

18 h 58, le 15 juillet 2022

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Soyons brefs. Tout le problème vient du beau-père et de son gendre. Nagib Mikati est chargé de former le gouvernement. C’est à lui, et à lui seul, de choisir ses ministres. M. Mikati ne veut pas de Gebran Bassil, ni au Ministère des Affaires étrangères ni à celui de l’Energie. Aux lecteurs de juger !

    Un Libanais

    18 h 58, le 15 juillet 2022

  • Est ce que le gouvernement peut se constituer entre Roumieh et Les Sables

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 01, le 15 juillet 2022

  • Il n'est pas tard pour corriger cette erreur.

    Esber

    15 h 13, le 14 juillet 2022

  • Mikati a commis une erreur dans la mouture qu'il a présenté au lendemain de sa désignation. Face à l'éviction du ministre de l'énergie qui est sous les ordres de Bassil, il aurait dû renvoyer ce ministre des finances corrompu par Berri.

    Esber

    15 h 12, le 14 juillet 2022

  • « En résumé, ils ne veulent pas de gouvernement qui travaille sous ce mandat » et nous n'ne voulons pas non plus. Voiiiiiila t'as tout compris petit gendre.

    Christine KHALIL

    14 h 40, le 14 juillet 2022

  • la fin justifie les moyens a ce que certains libanais professent. pour ceux la, c'est plus qu'un principe, c'est une attaque ancree dans leurs genes, exprimee pour la 1ere fois en 1988. beirut pourrait bien bruler pour la ennieme fois qu'ils ne s'en sentiront pas plus mal.

    Gaby SIOUFI

    09 h 37, le 14 juillet 2022

  • Monsieur Bassil, je comprends votre jalousie que vous ne puissiez pas voyager hormis à Damas ou Téhéran à cause des sanctions US à votre encontre pour corruption et blocage de la vie démocratique au Liban. Mais croyez moi, il faut arrêter vos déclarations populistes cheap car elles ne sont crues que par vos quelques dizaines de partisans. Or ces derniers vous sont éternellement dévoués, donc pas besoin de les convaincre. En revanche vous vous ridiculisez devant la grande majorité des patriotes libanais et vous vous étonnez ensuite d’être le personnage politique le plus détesté. Je pense que vous devriez changer de conseiller en communication, l’actuel vous fait beaucoup de tort

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 20, le 14 juillet 2022

  • C'est la faute a personne mais a celle de ce putain de gâteau qui n'en fini pas d'attirer tant de convoitises et dont le pays pâtit journellement depuis son indépendance. J'aimerai franchement savoir qu'est ce qui fait que tous sont si amoureux et jaloux de leur siège au sein de l’état. Y a-t-il encore tant de sous a voler? Si j'ai bien compris le Liban ne paie plus ses dettes. L’état a mis la main sur l'argent du peuple, que reste-t-il encore a s'approprier? Remettre le pays sur pied est un projet si ardu qu'ils devraient tous prendre la fuite. Ici c'est le contraire... Il y a anguille sous roche!

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 20, le 14 juillet 2022

  • PAS LES DEUX,,, MAIS LES TROIS DARTA-GNANS AUX PRISES POUR QUI VA GERER L,ETABLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 40, le 14 juillet 2022

  • Il est évident que notre petiot national est incapable de comprendre qu'il n'aura jamais la taille du boeuf...même en se gonflant avec des menaces, déclarations et accusations envers "les autres" de tous les malheurs qui enfoncent notre pays dans l'enfer promis par son ammo (titré) "national" lui aussi. Souvent...on tombe soi-même dans le fossé qu'on a creusé pour les autres...!!! - Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 35, le 14 juillet 2022

  • On a eu l‘independence parce qu‘on les a tous enfermé á rachaya. Libanais qu‘est ce que vous attendez pour faire pareil. Mais de grâce ne les relachez pas cette fois ci. Et surtout pas de repas gargantuesque comme ils en ont l‘habitude. Ils devrait connaitre la faim comme le peuple qu‘ils sont sensés servir.

    Staub Grace

    08 h 21, le 14 juillet 2022

  • pourquoi Bassil rit ?c est la belle vie?

    Marie Claude

    08 h 05, le 14 juillet 2022

  • Mikati ne peut pas être sélectif et retirer le ministère de l'énergie du CPL sans en faire autant avec le ministère des finances de Amal. Assez de ces attributions non constitutionnelles! Le Liban coule et nos bandits continuent de se partager le gateau sans penser au peuple appauvri. Vivement un Sri Lanka libanais!

    CW

    04 h 27, le 14 juillet 2022

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