C’est après avoir mis sa menace à exécution, mercredi à 17 heures précises, de couper le courant dans tout le pays, que l’opérateur des centrales thermiques de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani (Liban-Sud), Primesouth, l’a finalement rétabli, deux heures plus tard, après que des contacts ont eu lieu « au plus haut niveau » pour débloquer une partie du montant qui lui est dû. Contactée par L’Orient-Le Jour, Primesouth a toutefois qualifié cette somme de « part infime » par rapport à l’ampleur de l’enveloppe, qui comprend d’importants retards de paiements cumulés par le fournisseur public, Électricité du Liban, dans le pays en crise depuis 2019. Un cumul de 17 mois d’arriérés, selon un responsable de cette société, qui ne souhaite pas révéler les montants exacts. En contrepartie, l’opérateur a obtenu des responsables concernés par ce dossier de se réunir « prochainement » pour discuter des solutions envisageables pour débloquer le reste des fonds.
Ce n’est pas la première fois que Primesouth est confronté à ce genre de problèmes. En 2021, suite à l’expiration de son contrat, elle demandait 60 millions de dollars pour la poursuite de sa mission pendant un an, une somme qui s’ajoutait alors aux 45 millions de dollars d’arriérés dus depuis 2020.
Ministère des Finances et BDL
Le branle-bas de combat de l’après-midi a été rendu public très peu de temps avant que Primesouth ne coupe le courant dans la centrale de Zahrani, seule à être opérationnelle mercredi (fonctionnant en alternance avec celle de Deir Ammar), alors que l’établissement public ne fournit depuis près d’un an qu’à peine une poignée d’heures de courant, en fonction des régions. De quoi faire rapidement réagir ce dernier qui a pour sa part renvoyé la faute sur le Conseil des ministres, en indiquant avoir fait tout le nécessaire il y a près d’un mois afin d’obtenir les montants dont il a besoin, sauf que « ces sommes n’ont toujours pas été débloquées par les autorités financières et monétaires concernées », a-t-il indiqué, renvoyant ainsi la balle au ministère des Finances et à la Banque du Liban. EDL a de plus précisé n’avoir reçu depuis le début de l’année « que 60 millions de dollars » dédiés à tous ses opérateurs, une enveloppe « insuffisante » compte tenu des travaux à effectuer, bien que ceux-ci ont pour but d’assurer ce service a minima.
Compte tenu du retard cumulé, et malgré deux décisions de l’exécutif (n° 12 du 14 avril 2022 et n° 171 du 20 juin 2022) qui imposent que ces montants soient réglés en « dollars frais », – expression née pendant la crise désignant les devises sur lesquelles ne s’appliquent aucune restriction -, le Liban fera face à « un blackout total », qui n’épargnera aucune « institution vitale du pays (aéroport, port, pompes à eau, réseau d’assainissement, etc.) », a conclu EDL. Une annonce qui avait fait réagir au pied levé le directeur de l’Aéroport international de Beyrouth Fadi Hassan, affirmant que « l’aéroport sera approvisionné en courant à partir de générateurs privés qui assurent actuellement les besoins en mazout de la compagnie Middle East Airlines ». « Nous tiendrons le coup durant ce black-out, jusqu’à nouvel ordre », a-t-il assuré, alors que quelque 1,2 million de visiteurs sont attendus au Liban cet été, en pleine saison touristique.
Le fait que Primesouth soit passée à l’acte a ainsi mis la pression sur les autorités pour qu’elles s’engagent à trouver une issue à ce problème, qui dure donc depuis des mois. Les importants problèmes structurels et financiers d’EDL se sont aggravés depuis le début de la crise, d’autant plus que l’établissement encaisse ses factures en livres, dont la valeur s’est brutalement dépréciée face au dollar.
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Voilà comment on arrive à anéantir un peuple en sapant son moral. Ils le privent de tout, absolument tout et le regardent crever pour pouvoir le manipuler et l’asservir. Ce problème d’électricité n’est qu’un exemple parmi tant d’autres pour occuper l’esprit des libanais et pouvoir continuer le saccage sans être inquiétés. Il ne se révoltera pas tant qu’il est préoccupé par ses problèmes du quotidien et que ces pourris lui soufflent le chaud et le froid pour lui faire croire que demain sera un autre jour et qu’il aura 10 mn d’électricité en plus moyennant surtaxe ou pouvoir faire le plein aux stations en y sacrifiant son salaire ou encore s’endetter pour bénéficier de téléphonie hors de prix pour pouvoir pleurer sur ce qu’il lui arrive sans jamais pouvoir se défendre. Ils sont pleins d’idées pour soutirer le moindre centime épargné ou reçu par un proche travaillant à l’étranger, mais sont incapables de trouver la moindre solution pour soulager les citoyens.
Sissi zayyat
13 h 16, le 07 juillet 2022