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Lifestyle - Patrimoine

Entre patrimoine, restauration et modernisation, Marc Cochrane séduit ses locataires

Environ 7 000 m2 du domaine de Lady Sursock Cochrane sont depuis 2009 la propriété de Marc Cochrane, qui est bien décidé à conserver l’âme des bâtisses tout en leur faisant faire un bond dans le temps.

Entre patrimoine, restauration et modernisation, Marc Cochrane séduit ses locataires

Ravalement des façades et restauration des appartements, tout y passe pour redonner à cet immeuble une nouvelle vie. Photo Michel Sayegh

Quatrième baronnet de Woodbrook, à Dublin en Irlande et aîné des quatre enfants de Lady Yvonne Cochrane Sursock, sir Marc Sursock Cochrane a hérité de huit biens-fonds situés à la rue Gouraud et un peu plus haut en direction de la rue Sursock. Un patrimoine que Lady Cochrane avait acquis en 1950, pour compenser la perte des vastes propriétés familiales expropriées par Nasser en Égypte, ainsi que 200 000 acres de terres en Palestine dans la vallée de Jezréel, la Galilée occidentale, Haïfa et Jaffa.

Le bien-fonds 406 où les balcons des appartements donnent sur une cour occupée par des restaurants et autres bistros. Photo Michel Sayegh

Ces acquisitions remontaient à 1870, lorsque le gouvernement turc avait vendu des terres en Palestine à des sujets de l’Empire ottoman. Selon le journal Globes, une partie a été bazardée en 1906 au Fonds national juif, tandis que l’autre partie avait été perdue à jamais. Yvonne Cochrane, décédée en août 2020 des suites de blessures subies lors de la double explosion de Beyrouth, était la châtelaine du palais Sursock, construit en 1850, ainsi que d’un large éventail de propriétés le long de la rue Sursock jusqu’à la rue Gouraud. « Pour compenser ce qu’elle avait perdu en Égypte, elle avait acheté tout ce domaine, pour préserver aussi depuis son palais une vue panoramique sur la mer », explique son fils Marc. Les bâtiments avaient été mis en « individis » au nom de ses héritiers. Ce qui signifie que les biens de la succession appartiennent indistinctement aux quatre enfants de Lady Cochrane (Marc, Roderick, Alfred et Isabelle), sans que leurs parts respectives ne soient matériellement individualisées. « Ce régime est une catastrophe, car il crée une dispersion et une confusion des responsabilités entre les copropriétaires », souligne Marc Cochrane. « Alors, entre 2007 et 2009, je me suis mis d’accord avec mes frères et sœur pour sortir de l’indivision en partageant les biens. Ramco Real Estate Advisers a été un des cabinets qui a procédé à leur évaluation », ajoute-t-il.

Les artisans travaillant sur place pour recréer les éléments détruits. Photo Michel Sayegh

Redonner une nouvelle vie

Depuis 2009, la fratrie Sursock Cochrane est propriétaire à 100 % de ces biens-fonds. Sir Marc en possède huit. Ces bâtiments ont été construits entre 1890 et 1930, à l’exception du bien-fonds 362, The Blue House, dessiné par l’architecte cheikh Pierre el-Khoury en 1970. C’est un petit café-resto, « très baladi », comme aime le dire Marc Sursock Cochrane, planté au milieu d’une végétation luxuriante. Pour y parvenir, il faut emprunter une pente de la rue Gouraud, avant de se retrouver dans une ambiance des plus bucoliques. La majorité des bâtiments ont pignon sur la rue Gouraud et comportent souvent quatre étages. Dépourvu de vue sur la mer, ils sont en vis-à-vis avec d’autres édifices, tandis que leur façade arrière offre un panorama sur le domaine Sursock et ses jardins. Toutes ces bâtisses ont subi de graves dommages à la suite des explosions du 4 août 2020. « Certains plus sévèrement que d’autres, mais aucun immeuble ne s’est écroulé ; leurs structures sont solides », précise M. Sursock Cochrane. Certains logements ont toutefois nécessité de lourds travaux. À titre d’exemple, il indique que les dégâts dans l’appartement loué par l’architecte d’intérieur Serge Brunst étaient « très importants. Un grand chantier qui a coûté à Serge plusieurs centaines de milliers de dollars. » L’étage au-dessus, occupé par M. Camilieri, n’a pas été restauré. Quant à la maison rose où la famille Dernaïka est locataire, elle a été « passablement touchée et réparée rapidement par eux et moi », dit-il.

Quatrième baronnet de Woodbrook, à Dublin (Irlande) et aîné des quatre enfants de Lady Cochrane Sursock, sir Marc Sursock Cochrane a hérité de huit biens-fonds situés à la rue Gouraud. Photo Michel Sayegh

Maintenir le mouvement

En faisant des haltes dans différents immeubles, on découvre que les destructions sont partout. Ravalement des façades, réseaux électriques, plomberie, tout y passe pour redonner aux maisons leurs éléments indispensables. « Certains appartements avaient été rénovés il y a cinq ans, et voilà qu’il faut tout recommencer », indique Marc Sursock Cochrane, qui a profité de la remise à neuf de quelques espaces de vie pour fusionner deux logements situés sur le même palier, créant ainsi des pièces plus grandes, ou des chambres à coucher avec leur dressing room et leur salle de bains. L’objectif du propriétaire a été de moderniser l’intérieur et de l’optimiser dans l’air du temps, sans altérer l’âme de la bâtisse. « La loi me permet de construire en hauteur, dit-il d’autre part, car je bénéficie de surface d’exploitation à utiliser mais je ne le ferai pas, je tiens à garder le caractère unique à ce domaine. » À ce jour, les biens-fonds 403, 406, et 397 ont été réparés. Dans un des étages du 407, en cours de restauration, on découvre un plafond qui garde les traces de motifs de peinture, mais dont les moulures et corniche sont préservées. « C’est la seule maison de rapport que j’ai, qui possède un plafond peint. » Marc Sursock Cochrane hésite encore à le repeindre à l’identique, « il faut de l’argent pour le faire », souligne-t-il. La tournée prend fin au 406. Datant des années cinquante, cet immeuble de rapport abritait jusqu’en août 2020 le restaurant Couqley. En forme de U, il est composé d’une vingtaine de petits appartements comprenant un salon, une cuisine, une à deux chambres à coucher et une salle de bains. Les habitations sont dotées d’un balcon donnant sur une cour intérieure encadrée de restaurants, de bistrots et d’une boulangerie.

Plusieurs biens-fonds de Marc Sursock Cochrane sont encore en cours de restauration. Photo Michel Sayegh

« Pour maintenir le mouvement », et « pour les encourager à tenir le coup financièrement », Marc Sursock Cochrane leur demande, depuis deux ans, un loyer de deux millions de livres libanaises par mois. Quant aux appartements de ce bien-fonds, dont la restauration coûte pour chacun entre 40 et 50 000 dollars, ils ont été en majorité loués en dollars frais à des personnes travaillant pour des ONG étrangères.

Quatrième baronnet de Woodbrook, à Dublin en Irlande et aîné des quatre enfants de Lady Yvonne Cochrane Sursock, sir Marc Sursock Cochrane a hérité de huit biens-fonds situés à la rue Gouraud et un peu plus haut en direction de la rue Sursock. Un patrimoine que Lady Cochrane avait acquis en 1950, pour compenser la perte des vastes propriétés familiales expropriées par Nasser en...

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