Alors que la communauté LGBTQ+ célèbre le mois des fiertés, le Liban, un pays qui criminalise encore les relations entre personnes de même sexe, témoigne depuis quelques jours d’une montée d’homophobie, accompagnée de menaces et d’agressions.
Tout a commencé quand le ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui a adressé vendredi une note à la Direction générale de la Sûreté générale et à la Direction générale des Forces de sécurité intérieure, appelant les agents de l’ordre à empêcher les regroupements qui « font la promotion des relations sexuelles contre nature ». « Après la diffusion sur les réseaux sociaux d’appels pour l’organisation de célébrations visant à faire la promotion des relations contre nature au Liban et à la suite des appels de religieux rejetant la propagation de ce phénomène, et vu ce que ceci peut avoir comme impact négatif sur l’individu et la société (...) il vous est demandé de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la tenue de toute célébration, rencontre ou tout rassemblement ayant pour objectif de faire la promotion de ce phénomène », a plaidé M. Maoulaoui. Dans sa note, le ministre affirme que « la liberté individuelle ne peut être invoquée, (que) ce phénomène est contraire aux us et coutumes de (la) société et contredit les principes des religions célestes ».
Les positions les plus en vue rejetant les activités des LGBTQ+ ont été soulevées par le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, qui a déclaré vendredi dans un discours que Dar el-Fatwa (la plus haute autorité sunnite au Liban) « ne permettrait pas la légalisation de l’homosexualité ou du mariage civil ».
Critiques et agressions
La décision du ministère de l’Intérieur a suscité des critiques sur les réseaux sociaux. « Ce que le ministre appelle la promotion de l’homosexualité est en fait une défense des droits des homosexuels dans le respect », a écrit vendredi l’avocat Nizar Saghié. « Ce qu’il appelle les traditions et les principes des religions célestes sont des préjugés hérités qui répriment les droits de milliers de citoyens », a-t-il ajouté. Plusieurs actes d’hostilité ont par ailleurs été signalés à l’encontre de cette communauté. Samedi, la Fondation Samir Kassir a déploré les menaces de mort à l’encontre d’un activiste LGBTQ+. « L’activiste et avocat Khaled Merheb a été menacé de mort après avoir posté une publication sur Facebook dans laquelle il critique la position du mufti Deriane sur les droits des homosexuels, ce qui l’a contraint à quitter son domicile à Tripoli (Liban-Nord) », a dénoncé la fondation dans un tweet. Un groupe chrétien se faisant appeler les « Soldats de Dieu » a également publié durant le week-end une vidéo de ses membres déchirant un panneau d’affichage en fleurs représentant le drapeau arc-en-ciel LGBTQ+ à Achrafieh. « Nous n’accepterons plus qu’un drapeau soit affiché », a lancé un homme, reprochant au mohafez de Beyrouth d’avoir autorisé cet affichage.
Une manifestation, qui était prévue hier à 17h devant le siège du ministère de l’Intérieur à Beyrouth afin de protester contre la décision d’interdire toute activité pro-LGBTQ+, a été reportée en raison de « menaces », selon ses organisateurs. « Après une augmentation des menaces de mort et des appels à des contre-manifestations (...), nous avons décidé de reporter notre manifestation, qui se tiendra dans les prochains jours », a indiqué sur son compte Twitter l’ONG Helem, qui défend les droits de la communauté LGBTQ+. Dans son message, l’organisation « fait assumer aux forces de l’ordre toute la responsabilité » de ce qui pourrait arriver aux membres de la communauté et promet de « prendre toutes les mesures légales afin de faire face à toutes les menaces ».
Le Liban criminalise encore les relations entre personnes de même sexe, l’article 534 du code pénal et d’autres articles évoquant la moralité publique. L’homosexualité et l’identité LGBTQ+ sont exclues, voire combattues, sur le plan des droits sociaux, économiques et politiques. Pourtant, la Constitution libanaise garantit la protection des droits humains et l’égalité des citoyens. Il y a quelques jours, le nouveau film Pixar de Walt Disney, Lightyear, était interdit au Liban en raison d’un baiser entre personnes du même sexe.
commentaires (6)
les criminels qui ont assassiné par milliers durant la guerre civile, aministiés! les corrompus et les voyous qui ont pillé l'état libanais et les épargnes de son peuple, impunis! par contre, punir les relations entre personnes de même sexe, très important et prioritaire pour nos gouvernants et pour nos religieux. bien plus important que le pouvoir d'achat, l'approvisionnement en énergie, eau et aliments de base, la santé, etc. en tout cas, c'est ce que nous avons décidé dans les urnes en avril dernier...
N.A.
20 h 49, le 27 juin 2022