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Culture - Sculpture

Quand Nadim Karam emmène Fizzy, Trypto et Tindy aux Pays-Bas

Lauréat de la compétition lancée par le centre hospitalier Erasmus MC à Rotterdam pour un projet d’art public, l’artiste libanais adopte une fois de plus le langage visuel du cœur pour exprimer la diversité et inviter au rêve avec « Pop Up », une sculpture qui se dresse pour honorer la vie.

Quand Nadim Karam emmène Fizzy, Trypto et Tindy aux Pays-Bas

« Pop up », la sculpture de Nadim Karam lauréate du concours Erasmus MC à Rotterdam. Photo maquette Atelier Nadim Karam

« Une présence sans connotations, ni religieuses, ni sexuelles, ni politiques, et qui ne renvoie pas à la santé. » Voilà le cahier des charges imposé par Erasmus MC, situé à Rotterdam, aux 16 artistes locaux et internationaux, à travers une compétition, pour la création d’une œuvre artistique majeure sur son esplanade.

Considéré comme le centre médical universitaire le plus important et le mieux classé des Pays-Bas, Erasmus MC figure dans le top dix des meilleurs instituts médicaux d’Europe. Loin d’être un simple centre hospitalier, il s’agit davantage d’une petite ville médicale qui continue de s’étendre, permettant la collaboration et l’innovation dans les technologies de la santé et de l’éducation. Parce que cette institution croit fermement en l’impact positif de l’art sur le bien-être humain en général et sur le processus de rétablissement des patients en particulier, l’art est présent dans plusieurs endroits du campus et dans ses espaces publics, à travers des œuvres qui racontent des histoires aux patients, aux visiteurs et à l’équipe soignante, dans le but de créer une connexion dynamique avec la ville, et spécialement avec les musées adjacents. C’est dans cette perspective artistique propre au centre médical que Nadim Karam a réfléchi et conçu son œuvre fantaisiste qui s’inscrit dans la pratique du sculpteur par sa dimension narrative, l’universalité de son langage et de son message et ses références culturelles contextuelles. Une sculpture qui déclenche un sourire, invite à rêver et à espérer, avant que les milliers de patients, venus affronter des épreuves difficiles, ne franchissent le seuil de cet établissement. Comme tous les projets et sculptures monumentales de l’artiste et architecte libanais qui sont dispersés dans les grandes métropoles du monde, elle a l’ambition de semer le rêve dans le paysage urbain. Intitulée Pop Up et annoncée hier comme œuvre lauréate du concours, elle est l’expression d’une abondance sensorielle d’histoires et de possibilités, encapsulées dans des bulles ascendantes en acier inoxydable poli, empilées au hasard sur une hauteur de 7,5 mètres. Une œuvre qui n’est pas sans rappeler le jeu qui traverse le temps et les continents et dont les enfants ne se lasseront jamais, celui de faire des bulles de savon.

« Pop up », la sculpture de Nadim Karam lauréate du concours Erasmus MC à Rotterdam. Photo maquette Atelier Nadim Karam

Abondance sensorielle d’histoires et de possibilités

Mais les bulles de Nadim Karam ne sont pas vides ! Chacune renferme un élément du lexique des mille et une formes qui constitue le langage de l’artiste et avec lequel la scène libanaise et internationale est désormais familière. Sauf que l’artiste ne s’est pas contenté d’utiliser son seul champ lexical. Les bulles contiennent à la fois des éléments figuratifs et fantastiques pour générer des histoires, fasciner, susciter des envolées d’imagination et stimuler les questions au sein de la communauté. Pour le sculpteur, être artiste n’est pas uniquement créer une œuvre en forme et en couleur, mais présenter une vision unique où chacune de ses réalisations attestera d’un dévouement à sa propre spiritualité, de l’expression de son âme. Il ne s’agit pas de représenter fidèlement la nature, mais plutôt de voir au-delà de ce qu’elle veut bien nous montrer : la réalité émotionnelle, métaphysique, philosophique et autre. Chaque réalisation est la concrétisation, l’expression d’un cheminement de pensée.

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Et pour penser ses 20 bulles en acier, Nadim Karam s’est d’abord laissé immerger dans une narration onirique et ludique afin d’avoir une idée précise de ce qu’il veut atteindre. D’abord vient l’idée ou le concept, ensuite la réflexion sur sa mise en forme (comment sublimer ou optimiser cette pensée ou cette émotion) puis enfin la réalisation. Pour lui, abstraite ou figurative, la narration joue un rôle primordial à la réussite visuelle et formelle d’une œuvre. Chaque bulle raconte une histoire différente, une énigme, une chanson, un fragment de vie, un sourire oublié, une promesse tenue... elles sont une effervescence de rêveries urbaines. Pop Up parle de la ville avec le rythme de ses rues, la présence de ses bâtiments, ses arbres et ses parterres fleuris et les oiseaux qui déchirent le ciel. Vingt petites histoires jointes pour créer un tout répandant sans cesse joie et fascination. Pop Up a été développée en réponse à la communauté des utilisateurs et à leur interaction avec le contexte urbain et architectural. Pour donner sens à son œuvre et lui donner vie dans sa tête, pour qu’il y ait une continuation dans le processus créatif, le cheminement de l’imaginaire de l’artiste va beaucoup plus loin. Nadim Karam crée une communauté où chacun des personnages se voit affublé d’un nom et d’une histoire. Il y a Fizzy qui chaque jour recueille les histoires des insectes, des fleurs et des oiseaux dans sa bulle ; Trypto aux trois têtes qui ne sont jamais d’accord mais qui, une fois en accord, voient leur rapidité s’accroître ; Mo et Tindy qui répandent l’amour ; Lucky qui n’arrête pas de parler pour diffuser la connaissance ; Tree Tree qui grandit indéfiniment et qui aspire à toucher le ciel ; Hello qui ne connaît que ce mot qu’il répète sans cesse, et tous les autres qui forment l’univers onirique de l’artiste.

Effervescence de rêveries urbaines

La forme générale de l’œuvre est organique et en dialogue avec les arbres qui l’entourent. L’emplacement de la sculpture est visible depuis toutes les directions, que l’on vienne à pied ou véhiculé, ainsi que depuis les fenêtres de l’édifice, s’adressant à l’étendue de la communauté hospitalière. Cela se reflète dans le concept de la sculpture, pour la rendre pleinement intégrée et en relation avec son environnement. Pop Up est conçue comme une structure modulaire, avec une composition et un nombre de bulles flexibles pour s’adapter aux différentes conditions et contraintes du site. Elle peut également être fragmentée en différentes installations, ce qui lui donne la possibilité de connecter plusieurs emplacements au sein d’un site et d’enrichir le site de rencontres « pop-up » inattendues. L’acier inoxydable brossé et poli de l’œuvre s’intègre à l’environnement. La légèreté des formes circulaires et la composition libre des éléments visuels contrastent avec la régularité des grands blocs linéaires de l’architecture et rompt son uniformité pour diriger le regard vers le haut. Le contenu des bulles peut être spécifique ou universel. Elles donnent l’impression qu’elles deviennent plus petites à mesure qu’elles s’élèvent en hauteur. Certains éléments internes tourneront sur un axe central en réponse aux vents. La sculpture de Nadim Karam est, au final, une invitation ouverte à l’interprétation, le début d’un récit pour que la communauté continue et que l’art soit son humble serviteur...

« Une présence sans connotations, ni religieuses, ni sexuelles, ni politiques, et qui ne renvoie pas à la santé. » Voilà le cahier des charges imposé par Erasmus MC, situé à Rotterdam, aux 16 artistes locaux et internationaux, à travers une compétition, pour la création d’une œuvre artistique majeure sur son esplanade. Considéré comme le centre médical universitaire le...
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