Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a affirmé, dimanche soir, que son parti ne se prononcera pas en faveur de la reconduction de Nagib Mikati à la tête du prochain gouvernement, alors que le cabinet sortant est chargé d'expédier les affaires courantes depuis le 22 mai dernier.
Au sujet de la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, M. Bassil, gendre du chef de l'État Michel Aoun, a estimé qu'il "n'y a pas de position libanaise unique concernant les propositions du négociateur américain", Amos Hochstein, attendu ce lundi à Beyrouth.
"Impuissant"
Alors que le Premier ministre sortant est considéré comme favori à sa propre succession, M. Bassil a assuré "ne pas vouloir nommer M. Mikati pour beaucoup de raisons". "Aujourd'hui, il minaude tout en mourant d'envie sur cette question (...) S'il n'en veut pas, qu'il le dise !", a ironisé le député aouniste de Batroun dans un entretien à la chaîne LBCI.
"Sur le plan personnel, j'apprécie beaucoup le président Mikati, mais il est impuissant", a estimé M. Bassil. "Il a lui-même dit au président Aoun : +Ils ne te laisseront rien faire durant ton mandat+, et on sait bien qui il désigne", a-t-il poursuivi avant de faire valoir que "Nagib Mikati a perdu sa légitimité en soutenant une liste qui a perdu" aux législatives de Tripoli le 15 mai dernier.
Depuis des mois, M. Mikati pense à l'éventualité de sa propre succession à la tête du gouvernement, selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, ce qui serait la raison pour laquelle il ne s'était pas présenté aux élections. Des consultations parlementaires contraignantes sur la nomination de son successeur sont attendues cette semaine.
"L'une des missions les plus importantes du prochain gouvernement est de préparer la tenue de l'élection présidentielle", a encore déclaré M. Bassil. "Si quiconque croit qu'il tient ce gouvernement et qu'il tiendra le pays en cas de vide présidentiel, nous le surprendrons", a-t-il ajouté, sans plus de précision.
Alors que beaucoup d'observateurs perçoivent M. Bassil comme un sérieux présidentiable, celui-ci a voulu clarifier sa position : "Je ne suis pas candidat à la présidence tant que je ne l'ai pas annoncé. Je sais que beaucoup ne me croient pas, mais je n'ai jamais discuté de ma candidature avec le président Aoun", a-t-il affirmé, estimant que son camp ne veut pas d'un vide politique à la présidence, ce qui est déjà arrivé plus d'une fois au Liban.
Dernière fois en date, justement, l'élection de Michel Aoun, fondateur du CPL, qui s'est faite à l'issue de près de deux ans de vide politique. "Le projet politique compte plus que le poste", a soutenu M. Bassil, qui a profité de cette occasion pour critiquer le patriarche maronite Béchara Raï, dont les piques au camp présidentiel se multiplient. "Même si le patriarche Raï refuse l'idée d'un président fort, il n'a pas nécessairement raison", selon lui.
"Pas de position unique" sur la frontière maritime
Abordant le sujet brûlant de la frontière maritime entre le Liban et Israël, M. Bassil a estimé qu'"il n'y a pas de position libanaise unique concernant les propositions du négociateur américain", Amos Hochstein. "Même si cette prérogative revient au président de la République, le sujet concerne aussi le Conseil des ministres et le Parlement, il faut au moins un accord entre le chef de l'État, du gouvernement et du Législatif", a-t-il dit.
Le litige frontalier maritime entre les deux pays a été ravivé avec l'arrivée d'une unité flottante d'exploitation gazière au large de l’État hébreu. Cette plateforme doit extraire le gaz du champ de Karish qui se trouverait en zone disputée entre les deux pays, si le Liban officialise les revendications maximalistes d'experts.
commentaires (11)
Il continue à donner son avis comme si ça intéressait quelqu’un. Il est sur la corde raide puisque son allié, le fossoyeur du pays a repris la main sur les négociations après avoir laissé croire à son beau père qu’il existait. Trêve de marchandages et de trocs, votre fin à tous est imminente et non pas grâce au peuple libanais mais au feu avec lequel joue HN et avec lequel il va se brûler et regretter d’avoir existé en tant que négociateur et soit disant résistant. Amen
Sissi zayyat
13 h 52, le 14 juin 2022