Le chef de l'Église maronite, Béchara Raï, a tancé dimanche les forces de l'opposition auxquelles il avait farouchement exprimé son soutien lors des législatives du 15 mai, estimant qu'elles "se sont enfoncées dans leurs querelles quotidiennes au détriment des causes nationales". Le prélat a également estimé que "seul l'État est à même de trancher" sur le tracé de la frontière maritime avec Israël, dans une critique du Hezbollah qui avait assuré être "prêt à passer à l'acte si l'État libanais confirme une violation israélienne".
"Nous faisons assumer la responsabilité du terrible effondrement à tous les responsables, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition", a affirmé le cardinal Raï dans son homélie dominicale, rapportée par le média local el-Nashra. "Les forces de l'opposition se sont enfoncées dans leurs querelles quotidiennes au détriment des causes nationales et n'ont pas pris d'initiative pour s'entendre", a-t-il ajouté.
Ces propos interviennent alors que plusieurs partis traditionnels, dont les Forces libanaises de Samir Geagea et les Kataëb n'ont pas pu constituer un front commun avec les députés de la contestation pour mettre en œuvre certaines revendications. Lors de sa première séance, le Parlement a en effet réélu le chef du mouvement Amal Nabih Berry à la tête de la Chambre et le député aouniste Élias Bou Saab au poste de vice-président.
"Rectifier le tir"
Selon le patriarche, "les dirigeants au pouvoir ont commis des actes impardonnables". "Cela s'est retourné contre l’identité du Liban et sa Constitution, hypothéquant la terre, le peuple et l’État libanais à des projets extérieurs", a-t-il regretté. Le patriarche a par ailleurs appelé à "un soulèvement populaire qui rectifie le tir, à un changement national et un plan de redressement qui sert l'intérêt du Liban". Il a aussi souligné la nécessité de "recourir à l'ONU afin que le Liban demeure libre, neutre et fort".
Le dignitaire religieux a estimé, en outre, que "l'exercice de la justice au Liban est insupportable", déplorant le fait que "certains juges bloquent des dossiers bien fondés et montent des dossiers fictifs". Il a critiqué, dans ce cadre, le fait que le ministre sortant des Finances Youssef Khalil a refusé de signer un décret de nominations judiciaires qui permettrait une reprise de l'enquête sur les explosions meurtrières au port de Beyrouth, bloquée depuis des mois en raison de manœuvres politiques.
Frontière maritime
Au sujet du dossier du tracé de la frontière maritime avec le Liban, Mgr Raï a estimé que "seul l'État est responsable de trancher", selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). "Seul l'État est responsable de la gestion des négociations avec les parties étrangères, de la détermination du rôle des médiateurs, de la prise de décisions, de la mise en place de traités et de la décision de guerre ou de paix", a-t-il dit, alors que le Hezbollah avait lancé des propos virulents contre l'État hébreu et soutenu que "la résistance n'a pas peur de la guerre".
Pour sa part, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a appelé les responsables à "prendre une position unifiée qui sert les intérêts de tous les Libanais afin de faire face aux amis et ennemis", selon l'Ani.
Le litige frontalier maritime entre le Liban et Israël a été ravivé avec l'arrivée dimanche dernier d'une unité flottante d'exploitation gazière au large de l’État hébreu. Cette plateforme doit extraire le gaz du champ de Karish qui se trouverait en zone disputée entre les deux pays, si le Liban officialise les revendications maximalistes d'experts.
commentaires (6)
Bizarre ces Aouniste … quand ce même patriarche au début de son mandat prêchait le CPL tous, tous les Aouniste étaient derrière lui …. Maintenant qu’il tense les chefs du CPL et bien maintenant tous les aounistes sont contre et comme à l’heure habitude insultes mépris etc exactement comme ce fut le cas avec le patriarche Sfeir!! BANDES DE MOUTONS
Bery tus
14 h 29, le 13 juin 2022