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Campus - PUBLICATION

Thalia Arawi milite pour une médecine plus morale et humaine

Dans son livre « Towards a Post-Flexnerian Revolution : Graduating the Virtuous Physician », Thalia Arawi propose de repenser la formation des médecins sous le prisme de l’éthique.

Thalia Arawi milite pour une médecine plus morale et humaine

Afin qu’ils ne soient pas que des « techniciens qualifiés », mais plutôt des « guérisseurs », Thalia Arawi dit souhaiter aider les médecins diplômés à faire ce qu’il faut, « même quand personne ne regarde », et « pas seulement parce qu’ils ont peur des réglementations ». Photo Hasan Nisr, photographe de l’AUBMC

Organisé par le programme de bioéthique et de professionnalisme Salim el-Hoss (SHBPP) de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), le lancement du livre de Thalia Arawi a eu lieu le mercredi 11 mai à la salle Issam Fares de l’AUB. À travers cet ouvrage, la docteure spécialisée en bioéthique a voulu dénoncer une pratique où le patient est déshumanisé, alors que la profession de médecine semble bien s’éloigner de sa finalité suprême, celui d’être une profession humaine. « Mon but est d’ouvrir les yeux sur le vrai sens de la médecine qui, depuis une dizaine d’années, est en train de tomber dans le piège du commercial, du métier rentable, mais aussi de l’orgueil », explique Thalia Arawi. Cette consultante en éthique clinique et médiatrice certifiée en soins de santé à l’AUBMC met en cause une tendance généralisée sur le plan mondial, qui prend toutefois une ampleur particulière au Liban pour diverses raisons, qu’il s’agisse de la crise économique, de la corruption ou de la cupidité. « Beaucoup voient la médecine comme un moyen d’arriver à leurs fins, d’obtenir plus d’argent ou de pouvoir, et non comme une humble profession dont le but est de soigner les patients », reproche-t-elle, regrettant que la profession médicale soit « en train de perdre son âme ». Fondatrice et directrice du programme SHBPP, Thalia Arawi indique que son intention est de pousser « les écoles de médecine à poser un nouveau regard » sur la profession afin de « trouver un moyen de former de jeunes diplômés en médecine qui considèrent un patient comme tel », qui voient « le patient dans son ensemble, un être humain avec un composé psychologique », et non pas comme un cas semblable aux autres. Afin qu’ils ne soient pas que des « techniciens qualifiés », mais plutôt des « guérisseurs », Thalia Arawi dit souhaiter aider les médecins diplômés à faire ce qu’il faut, « même quand personne ne regarde », et « pas seulement parce qu’ils ont peur des réglementations ».

De l’importance du curriculum caché

Si le titre de son livre fait référence à Abraham Flexner, c’est parce que Thalia Arawi propose de remanier l’enseignement médical comme le suggère le fameux rapport rédigé par ce professeur universitaire américain au début du XXe siècle. Alors que l’étude de Flexner se penchait sur « le côté biomédical des programmes de médecine, dans mon livre, il ne s’agit pas seulement d’instaurer un modèle biomédical, mais aussi un modèle humain qui place la vertu en son centre », affirme l’auteure de Towards a Post-Flexnerian Revolution: Graduating the Virtuous Physician. Pour ce, elle explique dans son livre qu’obtenir des notes élevées est insuffisant. « Le programme d’études de la faculté de médecine ne doit pas seulement être ce qui est enseigné dans les classes », précise-t-elle. Introduisant ainsi l’idée du curriculum caché, Thalia Arawi explique qu’il peut s’agir de divers canaux d’apprentissage de l’éthique de la profession : allant de la symbolique des couleurs ou des images affichées dans un hôpital, aux activités artistiques mises en place dans les facultés de médecine ou les hôpitaux, en passant par les paroles que les jeunes peuvent entendre, surtout venant d’une personne à laquelle ils s’identifient. À titre d’exemple, ce qu’un médecin dit aux résidents à propos d’un patient derrière le dos de ce dernier fait partie du curriculum caché. « Je parle ici de l’importance des modèles : vous pouvez apprendre des mauvais comme des bons modèles », estime-t-elle. Dans cette perspective, Thalia Arawi a lancé à l’AUBMC le prix de l’humanisme récompensant chaque année un résident qui a été empathique avec les patients, ainsi que le prix du courage moral destiné aux étudiants qui osent signaler à leurs supérieurs une erreur que ceux-ci auraient commise à l’encontre des patients sans craindre d’être pénalisés ou renvoyés. « Je crois que c’est lorsqu’ils sont encore étudiants qu’il est possible de forger de bons médecins. Lorsqu’on les encourage à s’exprimer, à être hardis sur les questions morales, ceci constitue le curriculum caché », souligne-t-elle.Pour la directrice du programme SHBPP, plus on mettra du temps à réorganiser le programme d’études médicales, plus ce sera difficile d’apprendre aux étudiants d’agir d’une façon vertueuse. « Les générations qui se succèdent vont continuer à être attirées par le pouvoir représenté par la blouse blanche qui doit plutôt symboliser l’humilité. C’est un long processus dans lequel il faut s’engager. C’est toute une culture qui doit changer. Sur tous les niveaux hiérarchiques, il faut croire dans la formation d’un bon docteur », conclut-elle.


Organisé par le programme de bioéthique et de professionnalisme Salim el-Hoss (SHBPP) de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), le lancement du livre de Thalia Arawi a eu lieu le mercredi 11 mai à la salle Issam Fares de l’AUB. À travers cet ouvrage, la docteure spécialisée en bioéthique a voulu dénoncer une pratique où le patient est déshumanisé, alors que la profession de...

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