Des proches de détenus dans l'affaire de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth ont tenu un sit-in vendredi matin devant le palais de Justice de la capitale, afin d'appeler le ministre sortant des Finances Youssef Khalil à signer un projet de nomination judiciaire. Ce document permettrait une reprise de l'enquête, bloquée depuis plus de quatre mois en raison de manœuvres politiques.
"Nous appelons le ministre des Finances à signer le décret des nominations judiciaires le plus rapidement possible", a lancé une manifestante. "Cette situation est insupportable. Près de deux ans après leur arrestation, nos proches n'ont pas le droit de se défendre parce que l'enquête est bloquée", a déploré une autre. Les protestataires ont enfin demandé que "leurs proches soit libérés avec une interdiction de voyager jusqu'à ce que l'investigation reprenne".
En avril dernier, le ministre Khalil avait justifié son refus de signer le décret des nominations de la Cour de cassation "parce qu'il contenait d'importantes erreurs", sans donner plus de détails. Il avait également assuré œuvrer pour éliminer ces entraves, mais aucune avancée n'a été signalée jusque-là.
Une quinzaine de suspects, dont l'ancien directeur des Douanes Badri Daher, sont en détention depuis plus d'un an. En février dernier, des proches de ces détenus avaient manifesté devant la prison de la police militaire à Rihanié, dans la banlieue de Beyrouth, pour réclamer la libération immédiate de leurs proches. Début mai, des proches des victimes du drame avaient aussi appelé le gouvernement à accélérer la signature de ce décret.
Près de deux ans après cette tragédie qui avait fauché la vie de plus de 220 personnes, blessé au moins 6.500 autres et ravagé des quartiers entiers de la capitale, l'enquête continue de piétiner, à l'heure où la classe politique n'en finit pas de mettre des bâtons dans les roues du juge Tarek Bitar, chargé de l'enquête. Plusieurs responsables politiques poursuivis dans le cadre de l'investigation utilisent des moyens judiciaires pour tenter d'écarter le juge du dossier, interrompant ainsi volontairement son travail.
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