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Société - Législatives / société

Imad Kehdy, alias le candidat fictif Anthony Eid, fait le buzz

Grâce à son personnage de « fils de... », à travers lequel il critique l’hérédité politique, le comédien de 33 ans a pris d’assaut les réseaux sociaux ces dernières semaines.

Imad Kehdy, alias le candidat fictif Anthony Eid, fait le buzz

Imad Kehdy, jeune comédien de 33 ans, a enflammé la Toile lors des législatives. Photo Mohammad Yassine

Costume-cravate le matin, tenue de scène le soir. Imad Kehdy, comédien de 33 ans et employé dans le domaine de l’assurance en journée, fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. Cette étoile montante du stand-up comedy au Liban a réussi récemment à doubler ses abonnés grâce à une série de vidéos satiriques dans lesquelles il se fait passer pour un jeune candidat aux législatives nommé Anthony Tony Antoine Antoun Eid. Affiches électorales, conférence de presse et rencontres avec ses supposés électeurs, Imad Kehdy a poussé l’expérience jusqu’au bout, allant même jusqu’à se balader en ville avec des « sympathisants » vêtus d’un tee-shirt à l’effigie de son personnage fictif. Rien de tel pour dénoncer la transmission des sièges parlementaires ou des responsabilités politiques de père en fils, alors que les véritables législatives avaient lieu le 15 mai, avec plusieurs candidats issus de « familles politiques ».

« Quand j’ai commencé à jouer de la comédie il y a deux ans et demi, je ne comprenais pas grand-chose à la politique. Puis, avec le soulèvement populaire de 2019, la politique m’a rattrapé », confie le comédien à L’Orient-Le Jour. Au point de monter un candidat fictif de toutes pièces pour dénoncer, à travers l’humour, une tendance bien libanaise. « La politique, ce n’est pas une société commerciale dont on hérite. Soit on s’y connaît, soit on ne s’y connaît pas », lance Imad Kehdy.


Son personnage, Anthony Tony Antoine Antoun Eid, candidat au siège grec-orthodoxe du Metn-Nord, n’est pas sans rappeler l’héritier de la dynastie Murr, Michel Murr, fraîchement élu au Parlement pour ce même siège. Ce qui a valu à Imad Kehdy quelques critiques. « Au début, les gens pensaient que je visais uniquement Michel Murr, alors que ce n’était pas mon intention, même s’il est vrai qu’il m’a offert beaucoup de matière. Il me surprenait à chacune de ses déclarations », lance le comédien. « J’avais choisi le siège grec-orthodoxe pour mon personnage, car j’appartiens à cette communauté et que je ne voulais pas critiquer les autres confessions religieuses. J’ai ensuite choisi le Metn par hasard », poursuit-il.

Anthony Eid, grand perdant des élections

Lors de sa campagne électorale fictive, Anthony Tony Antoine Antoun Eid a repris un à un les clichés propres aux candidats à la députation, à commencer par un portrait officiel offert par un de ses « partisans ». Il a ensuite organisé une conférence de presse et pris part à une interview, le plus sérieusement du monde ! Il s’est même rendu sur le terrain le 15 mai, le jour des élections, en compagnie d’un groupe de « partisans » portant des tee-shirts à son effigie. Il n’a pas manqué non plus de suivre les résultats en direct avec sa machine électorale, pour finalement découvrir qu’il n’était... même pas candidat. « Anthony Eid a perdu parce qu’il s’est rendu compte, à la dernière minute, qu’il ne faisait même pas partie de la course aux législatives. Il avait compté sur son père pour l’inscrire, mais ce dernier ne l’avait pas fait », explique Imad Kehdy, qui avait imaginé ce dénouement dès la création de son personnage.


Le personnage d’Anthony Eid a permis au jeune comédien de passer, en l’espace de quelques semaines, de 8 000 à environ 18 000 abonnements sur son compte Instagram. Ses vidéos satiriques ont fait le tour des pays arabes et rencontré un succès fou en Syrie, au Koweït et dans les territoires palestiniens.

Un succès auquel Imad Kehdy ne s’attendait pas lorsqu’il s’est lancé dans le stand-up comedy il y a deux ans et demi, lors d’une soirée consacrée aux amateurs. « J’avais préparé un sketch de 5 minutes à l’époque et j’avais peur de ne pas être assez bon. Mais j’ai eu tellement de succès ce soir-là que les organisateurs m’ont demandé de collaborer avec eux dès le lendemain », se souvient-il.

Des photos de frigos vides

Entre son emploi d’assureur et sa carrière sur les planches, les journées du jeune comédien sont bien remplies. « Je vis dans deux mondes complètement différents. C’est un rythme qui n’est pas facile à maintenir, car il faut consacrer beaucoup de temps à l’écriture », raconte celui qui révèle avoir « toujours rêvé de faire du théâtre ». Revers de la médaille pour Imad Kehdy, certains internautes ont cru au personnage d’Anthony Eid à tel point qu’ils lui ont demandé de leur venir en aide, en ces temps de crise économique aiguë. « J’ai reçu des photos de frigos vides sur les réseaux sociaux. Je n’ai pas osé répondre. Un jeune homme a même pris ses parents en photo devant le frigo pour me prouver qu’il disait la vérité. Ces images continuent de me hanter », confie-t-il. « Certains m’ont également envoyé leur CV ou leurs diplômes, me demandant de les aider à décrocher un emploi. J’étais déprimé et je ne savais que faire. Je n’ai pas voulu les détromper en révélant que j’étais comédien, car je percevais en eux une souffrance réelle », poursuit Imad Kehdy.

Une expérience douloureuse par certains aspects, mais qui constitue pour le comédien une motivation de plus pour continuer son parcours. « J’écris autant que possible et je travaille à créer de nouveaux personnages. J’espère pouvoir mettre le doigt sur ce qui ne va pas dans le pays et dénoncer les problèmes à travers le rire », lance-t-il.

Costume-cravate le matin, tenue de scène le soir. Imad Kehdy, comédien de 33 ans et employé dans le domaine de l’assurance en journée, fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. Cette étoile montante du stand-up comedy au Liban a réussi récemment à doubler ses abonnés grâce à une série de vidéos satiriques dans lesquelles il se fait passer pour un jeune...

commentaires (2)

Il n’a qu’à changer d’orientation et se lancer dans la politique, il a toutes ses chances. Une preuve vivante de cette expérience le président Zélensky, ce jeune prodige qui a été élu président de l’Ukraine sur lequel on ne misait pas un sou et qui s’est révélé un grand homme d’état à la tête d’une armée qui tient tête à l’une des plus puissante au monde et que tout le monde admiré pour son patriotisme et sa capacité à mobiliser son peuple et le monde entier pour la cause de son pays. Ça nous change des éclopés de chez nous que plus personne ne calcule tellement ils se sont avérés vils et petits ne sachant même pas ce que le mot souveraineté veut dire.

Sissi zayyat

11 h 18, le 26 mai 2022

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Commentaires (2)

  • Il n’a qu’à changer d’orientation et se lancer dans la politique, il a toutes ses chances. Une preuve vivante de cette expérience le président Zélensky, ce jeune prodige qui a été élu président de l’Ukraine sur lequel on ne misait pas un sou et qui s’est révélé un grand homme d’état à la tête d’une armée qui tient tête à l’une des plus puissante au monde et que tout le monde admiré pour son patriotisme et sa capacité à mobiliser son peuple et le monde entier pour la cause de son pays. Ça nous change des éclopés de chez nous que plus personne ne calcule tellement ils se sont avérés vils et petits ne sachant même pas ce que le mot souveraineté veut dire.

    Sissi zayyat

    11 h 18, le 26 mai 2022

  • On doit souscrire totalement à sa façon de penser, parce qu'au Liban, à la différence de tout autre pays la politique se transmet à partir d'un lien de parenté entre individus en ligne directe ou collatérale ( gendre de président, ou épouse de chef de clan)et non par une filiation politique que permet une continuité idéologique prévalant d'une génération à l'autre. Et cette situation, semble satisfaire certains clans, tant que perdurera notre système électoral qui date d'un autre temps .... un candidat se fait élire député avec 300 voix tandis que par ailleurs un autre est éliminé avec pas loin de 7000 voix.. les choses, décidemment, ne tournent pas rond sur la planète Liban..Ce qui explique aussi que des pans entiers de l'électorat se soient réfugiés dans l'abstention.

    C…

    06 h 50, le 26 mai 2022

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