Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a déclaré vendredi, après la dernière réunion de son cabinet, qu'il "continuera à assumer ses responsabilités nationales", alors que le pays traverse une grave crise, exhortant toutefois à la formation rapide d'une nouvelle équipe ministérielle afin que l'expédition des affaires courantes ne se transforme pas en "suicide" politique pour lui et ses ministres.
Suite aux élections législatives, le gouvernement sera considéré comme démissionnaire dès le 22 mai et ne sera chargé que de l'expédition des affaires courantes. Il ne pourra donc plus se réunir ni prendre des décisions importantes comme celles qui concernent les réformes majeures sur les plans économique et financier attendues par le Fonds monétaire international (FMI) notamment.
"Le président Michel Aoun a demandé au Conseil des ministres de continuer son travail jusqu'à la formation d'un nouveau cabinet", a déclaré M. Mikati lors d'une conférence de presse au Grand Sérail. Remerciant ses ministres pour leur travail au cours de ces derniers mois, il a espéré "la formation la plus rapide possible d'un nouveau gouvernement". Le Premier ministre a appelé à "la coopération de toutes les parties parce que tout retard risque de coûter gros", rappelant que "si des solutions" à la crise avaient été trouvées "il y a deux ans, leur coût aurait été bien moindre".
"Malgré les grands défis, j'ai accepté d'assumer cette responsabilité nationale avec courage et je continuerai à y œuvrer, mais je n'accepterai pas non plus le suicide parce que certains décident de faire primer leur intérêt personnel sur l'intérêt général", a-t-il ajouté, alors que la formation de nouveaux gouvernements prend souvent de longs mois au Liban. Le cabinet Mikati a ainsi été formé en septembre 2021 après treize mois de tractations, suite à la démission de l'équipe de Hassane Diab dans la foulée de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth en août 2020 et la récusation de deux candidats à la présidence du Conseil.
Le FMI et les pénuries d'électricité
Concernant le plan de redressement approuvé plus tôt par son cabinet, M. Mikati a déclaré que "tout retard dans l'application de ce plan risque de peser lourd pour les Libanais". Entrant dans les détails de cette feuille de route, il a assuré qu'elle "garantit les dépôts bancaires, pour les petits comme les grands déposants". "Nous voulons protéger les banques", a-t-il ajouté, appelant la banque centrale à "déterminer les critères requis pour assurer la croissance économique" du pays. "Nous avons négocié avec le Fonds monétaire international afin de rédiger un plan de redressement financier et avons signé un accord préliminaire. Il ne peut y avoir de sauvetage du pays sans accord avec le FMI", a-t-il rappelé.
Se penchant sur les pénuries d'électricité qui ont marqué le mandat de son cabinet, le président du Conseil a indiqué avoir "travaillé sur plusieurs solutions". "J'ai personnellement reçu deux offres pour faire fonctionner les centrales de Deir Ammar et Zahrani au gaz, à bon prix, et un bureau de consultance analyse actuellement ces deux offres", a-t-il annoncé, regrettant que ce dossier ait été retiré de l'ordre du jour par le ministre de l'Energie, Walid Fayad, "dans l'attente d'une étude plus approfondie". "Nous faisons notre possible pour assurer un minimum d'énergie, en coopération avec l'Irak, l'Egypte, la Jordanie et la Syrie", a-t-il poursuivi.
Un accord a en effet été conclu entre Beyrouth et Bagdad il y a près d'un an pour l'approvisionnement des centrales libanaises en gasoil. Deux autres projets sont, eux, toujours en cours de développement afin d'importer du gaz égyptien et de l'électricité jordanienne, via la Syrie. Malgré ces accords, les Libanais ne peuvent compter que sur quelques heures d'approvisionnement électrique par jour.
Par ailleurs, le Groupe international de soutien au Liban (GIS) a appelé tous les responsables concernés à former rapidement un nouveau cabinet "qui pourra appliquer les réformes extrêmement importantes" attendues et "continuer à travailler avec le FMI". Dans un communiqué, le GIS, qui inclut les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), ainsi que l’Allemagne, l’Italie, l’Union européenne, l’ONU et la Ligue arabe, a salué l'organisation des législatives et appelé le nouveau Parlement à "avancer de manière courageuse pour adopter des législations permettant de stabiliser l'économie". Plus tôt dans la journée, un appel similaire avait été lancé par Washington.
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TOUS LES ANIERS NE SERONT PAS INQUIETES. TOUTES LES CHARGES SERONT PORTEES PAR LES SIMPLES BAUDETS. DANS LA JUNGLE LIBANAISE PREVAUT LA LOI DU PLUS FORT CAD DU PLUS RICHE.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 25, le 21 mai 2022