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Économie - Conjoncture

Ce que Bank of America retient du verdict des législatives libanaises

BoA craint que le nouveau Parlement ne soit « polarisé sur les questions politiques et divisé sur le sujet des réformes économiques ».

Ce que Bank of America retient du verdict des législatives libanaises

La banque d’investissement américaine fait part de ses réserves, jugeant que le nouveau Parlement sera probablement « polarisé sur les questions politiques et divisé sur le sujet des réformes économiques ». Photo P.H.B.

Dimanche dernier, les Libanais se sont rendus aux urnes pour renouveler les 128 députés siégeant au Parlement. Les résultats définitifs tombés mardi sont donc analysés par les investisseurs étrangers qui scrutent l’évolution de la situation du pays, en crise depuis l’été 2019 et en défaut de paiement sur ses obligations en devises depuis le printemps 2020. Un pays qui doit convaincre le Fonds monétaire international (FMI) de l’aider en lançant une série de réformes sur lesquelles l’exécutif actuel s’est engagé.

Parmi les plus prompts à réagir, Bank of America (BoA) a communiqué son analyse dans l’une de ses traditionnelles notes envoyées à ses clients et que L’Orient-Le Jour a pu consulter. La banque d’investissement américaine y fait part de ses réserves, jugeant que le nouveau Parlement sera probablement « polarisé sur les questions politiques et divisé sur le sujet des réformes économiques ».

Fragmentation

Comme L’Orient-Le Jour le rappelait le 17 mai, les résultats mettent en exergue plusieurs évolutions déterminantes depuis le dernier scrutin de 2018. Le Hezbollah et ses alliés ont ainsi perdu leur majorité (58 députés au lieu de 71), même si le parti chiite a conservé le même nombre d’élus (soit 13). L’autre membre du tandem chiite, le mouvement Amal, rassemble 15 sièges au lieu de 17 il y a 4 ans. Côté chrétien, les Forces libanaises deviennent le premier parti chrétien avec 19 élus (soit 5 de mieux par rapport à 2018) contre 17 (soit 1 de moins) pour son rival le Courant patriotique libre. Les blocs parlementaires des FL et du CPL ont le même nombre d’élus, en incluant leurs affiliés. Les Kataëb ont gagné un siège pour en totaliser 4, tandis que les Marada en ont perdu 1 pour ne plus en avoir que 2. Les mouvements de la contestation font une entrée en force avec 13 députés, soit 12 de plus qu’en 2018. Il y a en tout 16 députés indépendants dont certains sont en réalité en phase avec les différentes orientations politiques représentées. Chez les druzes, le Parti socialiste progressiste et ses affiliés ont perdu un siège (8 députés), tandis que le Parti social nationaliste syrien a perdu ses trois élus. Le bloc sunnite de Nagib Mikati n’a enfin plus qu’un député, contre 4 il y a autant d’années.

BoA craint que cette « fragmentation » des forces politiques composant le nouveau Parlement conduise à une nouvelle période de paralysie et empêche l’émergence d’un « consensus dans un délai approprié ». Elle juge en outre « peu probable » que la classe politique traditionnelle, largement représentée dans le nouveau Parlement, apporte son soutien à une réforme globale de l’économie, la voyant plutôt se contenter d’adopter quelques mesures isolées.

BoA n’écarte pas en outre la possibilité que le pays connaisse une nouvelle période de « vide institutionnel » en 2022, qui pourrait « reporter ou faire dérailler » l’aboutissement des discussions avec le FMI sur le déblocage définitif d’un programme d’assistance financière. Le Liban a approché l’organisation dans le sillage de l’annonce de son défaut sur les eurobonds – le premier de son histoire – en mars 2020. Mais il a fallu attendre le 7 avril dernier pour qu’un accord préliminaire envisageant le déblocage de 3 milliards de dollars sur 4 ans soit annoncé par les deux parties.

Une fenêtre de 3 à 4 mois

Pour que le FMI accepte de prêter cet argent, le Liban doit au préalable s’engager dans plusieurs chantiers de réforme : l’approbation par l’exécutif puis le Parlement d’une stratégie pour restructurer le secteur bancaire ; un audit de chacune des 14 plus grandes banques du pays (en termes d’actifs et de dépôts) par un cabinet international ; le vote d’un projet de loi réformant le secret bancaire ; la finalisation d’un audit complet des comptes de la BDL qui inclue ses actifs en devises ; la mise en place d’une stratégie de restructuration de la dette par l’exécutif ; l’adoption par le Parlement d’un budget pour 2022 et l’adoption d’un régime de taux de change unifié – joint à la mise en place d’un contrôle formel des capitaux devant régler la question des restrictions bancaires illégales en place depuis fin 2019.

Si certains progrès ont été réalisés par les autorités en place, aucun de ces chantiers n’a encore été mené à terme. En avril, BoA avait « soupçonné les technocrates et la communauté internationale d’avoir conclu un “staff level agreement”, soit un accord préliminaire, entre l’État libanais et le FMI, dans une tentative d’établir une feuille de route », afin de « pousser à la mise en œuvre progressive des réformes » et de « restreindre » la marge de manœuvre du gouvernement après les législatives.

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BoA considère aujourd’hui que le Parlement dispose d’une fenêtre de trois à quatre mois pour adopter des « réformes législatives en suspens » d’ici à la tenue de l’élection présidentielle dont l’issue pourrait être « compliquée » par le « changement de dynamique sur la scène chrétienne » (le président Michel Aoun étant le fondateur du CPL qui a perdu du terrain au profit des FL, ses principaux adversaires).

Parmi ses autres remarques, BoA souligne enfin que le niveau réel des réserves de devises à la Banque du Liban constitue un « facteur-clé » pour déterminer si la classe politique « aura la capacité de reporter ou non les réformes demandées ». Elle souligne qu’un audit des comptes de la BDL pourrait être finalisé fin juillet selon le Mémorandum des réformes économiques et financières (Memorandum of Economic and Financial Policies, MEFP) devant être approuvé par l’exécutif à la suite de l’accord préliminaire avec le FMI – ce qui n’a pas encore été fait. L’audit des comptes de la BDL s’inscrit en outre dans le cadre de « l’évaluation des sauvegardes » (safeguard assessment), un « examen-diagnostic » de la banque centrale que l’organisation effectue lorsqu’elle envisage de prêter de l’argent à un État. BoA précise que seules les conclusions de cette évaluation sont généralement divulguées par le FMI.

La crise que traverse le Liban depuis bientôt trois ans a conduit à un effondrement de sa monnaie et de son PIB, une explosion de l’inflation, de la pauvreté et du chômage, et à la suspension du remboursement de sa dette. En plus de restructurer son économie dont le modèle a montré ses limites, le pays doit éponger plus de 72 milliards de pertes cumulées par l’État, la BDL et les banques. L’État a divulgué des versions intermédiaires de son plan de redressement (le fameux MEFP), dont une version récente la semaine dernière face aux détenteurs de ses eurobonds (plus de 30 milliards de dollars sur les près de 100 que compte la dette publique en comptant sa partie en livres). BoA a rappelé dans son rapport que l’Association des banques du Liban (ABL), dont une partie des membres a beaucoup investi dans la dette publique du pays ces dernières années malgré les risques mis en avant par les agences de notation, était farouchement opposée aux pistes envisagées par le gouvernement, qui prévoit d’absorber le capital des banques et de ponctionner une grande partie des dépôts.

Dimanche dernier, les Libanais se sont rendus aux urnes pour renouveler les 128 députés siégeant au Parlement. Les résultats définitifs tombés mardi sont donc analysés par les investisseurs étrangers qui scrutent l’évolution de la situation du pays, en crise depuis l’été 2019 et en défaut de paiement sur ses obligations en devises depuis le printemps 2020. Un pays qui doit...

commentaires (1)

ET NON SEULEMENT BANK OF AMERICA. C,EST CLAIR COMME LE JOUR. RIEN N,A CHANGE. LES MEMES FACES MAFIEUSES QUI ONT DETRUIT LE PAYS SONT TOUJOURS LA. CONSENSUS ET MARCHANDAGES AVEC INTIMIDATIONS ET BLOCAGES PARALYSERONT ENCORE POUR LONGTEMPS LE PAYS. - AU LIBAN LE CHANGEMENT NE PEUT PAS VENIR DES URNES. IL NE PEUT VENIR QUE DE LA VOLONTE DU PEUPLE DE L,IMPOSER PAR TOUS LES MOYENS. ON A MARRE DE SE VOIR TOUJOURS MENACE DE GUERRE CIVILE PAR TOUS LES VENDUS ET TRAITRES A LA PATRIE.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 01, le 19 mai 2022

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Commentaires (1)

  • ET NON SEULEMENT BANK OF AMERICA. C,EST CLAIR COMME LE JOUR. RIEN N,A CHANGE. LES MEMES FACES MAFIEUSES QUI ONT DETRUIT LE PAYS SONT TOUJOURS LA. CONSENSUS ET MARCHANDAGES AVEC INTIMIDATIONS ET BLOCAGES PARALYSERONT ENCORE POUR LONGTEMPS LE PAYS. - AU LIBAN LE CHANGEMENT NE PEUT PAS VENIR DES URNES. IL NE PEUT VENIR QUE DE LA VOLONTE DU PEUPLE DE L,IMPOSER PAR TOUS LES MOYENS. ON A MARRE DE SE VOIR TOUJOURS MENACE DE GUERRE CIVILE PAR TOUS LES VENDUS ET TRAITRES A LA PATRIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 01, le 19 mai 2022

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