Nady Salamé, le fils du gouverneur de la banque centrale (BDL) a transféré plus de 6,5 millions de dollars hors du Liban après octobre 2019, selon une enquête du réseau journalistique OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project). Quatre transferts — allant de 1 à 2 millions de dollars — ont ainsi été réalisés vers l'étranger entre le 1er octobre et le 2 décembre 2019, d'après la fuite de données examinée par le consortium.
Selon l’OCCRP, les relevés bancaires montrent que les sommes ont été transférées à l’étranger depuis la Banque al-Mawarid, présidée et détenue en partie par Marwan Kheireddine, ancien ministre d’État et candidat aux élections législatives dans la circonscription du Liban-Sud III. Les documents, dont l'authenticité a été confirmée par « deux banquiers libanais connaissant le système de facturation » de la banque, n’indiquent pas la destination finale de ces opérations.
Première
Les documents examinés par le consortium montrent qu'un premier transfert d’un million de dollars a été effectué depuis le compte de Nady Salamé le 1er octobre, soit un peu plus de deux semaines avant la fermeture des banques. Plus de 5,5 millions de dollars ont ensuite été transférés en trois fois, après leur réouverture le 1er novembre. Le même jour, le frère du gouverneur aurait également converti plus l’équivalent de plus de 2,6 millions de dollars au taux officiel de son compte en livres libanaises. Une opération lui permettant d’économiser plus de 300 000 dollars par rapport aux déposants ordinaires, contraints de recourir au taux du marché parallèle (1 750 LL/USD à l’époque), dans un contexte de restrictions bancaires établies de manière discrétionnaire, relève l'OCCRP.
Des rapports sur des mouvements de fonds réalisés après octobre 2019 avaient déjà tiré la sonnette d’alarme sur ces transferts vers l'étranger qui échappent aux restrictions imposées de manière discrétionnaires par l’Association des banques (ABL) et les établissements, en l'absence de loi sur le contrôle des capitaux. Selon une enquête de la Commission de contrôle des banques (CCB) publiée en février 2020, plus de 2,276 milliards de dollars de dépôts ont été transférés depuis les banques libanaises vers la Suisse entre le 17 octobre 2019 et fin 2019. Les résultats d’une autre enquête plus large de la CCB sur les transferts offshore vers tous les pays entre le 1er juillet 2019 et le début de 2020 n’ont, eux, pas été divulgués. Dès juillet 2020, l’ancien directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, avait affirmé au Financial Times que plus de 5,5 milliards de dollars avaient quitté le Liban en neuf mois.
C'est cependant la première fois que le nom d’une personnalité politiquement exposée (PEP) ayant bénéficié de faveurs apparait dans la presse, le secret bancaire rendant particulièrement difficile ce type de révélations. Si la justice libanaise a déjà demandé à l’ABL les noms des personnes ayant effectué des virements à l’étranger depuis 2019, cette dernière n’a pas donné suite, estimant qu’elle était déjà en conformité avec la loi n°44/2015 sur le blanchiment d’argent, où l’appréciation quant à la levée du secret bancaire est laissée à la Commission spéciale d’investigation contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (CSI), présidée par Riad Salamé.
D’un point de vue légal, même sans officialisation du contrôle des capitaux, ces virements à l’étranger réalisés depuis le début de la crise pourraient constituer un délit. « Les PEP ont pu avoir accès à des informations privilégiées et procéder à des transferts de fonds illicites en collusion avec certains financiers et banquiers ou par le biais de trafic d’influence ou d’abus de poste. Cela pourrait tomber sous le coup de la loi n°160/2011 sur le délit d’initié ou sur d’autres délits de corruption visés par le Code pénal », explique à L'OLJ Karim Daher, président de l’Association libanaise pour les droits et l’information des déposants (Aldic).
Ce n’est pas la première fois que le nom de Nady Salamé apparaît dans une enquête de l’OCCRP. Le consortium avait en effet déjà révélé des achats de biens immobiliers à Londres d’une valeur de près de 29 millions de dollars réalisés par sa société en 2020, au plus fort de la crise économique. Le bénéficiaire ultime de ces biens est Riad Salamé, qui fait l’objet d’une enquête dans plusieurs pays en Europe et au Liban pour détournement de fonds, enrichissement illicite et blanchiment d’argent. En mars, l’Agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust) avait annoncé la saisie de 120 millions d’euros d’actifs par les justices française, allemande et luxembourgeoise dans le cadre de ces procédures.
ce ne sera pas nady salame le coupable. ce sera la banque qui aurait effectue ces transactions ! assez de matraquage publicitaire gratuits, assez de diabolisation deplacee. appeler a l'abrogation de la loi sur le secret bancaire est un must absolu, plutot que de poursuivre des campagnes inutiles.
10 h 32, le 18 mai 2022