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Moyen-Orient - Disparition

Cheikh Khalifa, le discret président des Émirats arabes unis, n’est plus

Décédé hier, le souverain régnait depuis 2004 dans les pas de son père et fondateur de la fédération, cheikh Zayed. Son demi-frère, Mohammad ben Zayed, prince héritier d’Abou Dhabi, devrait lui succéder.

Cheikh Khalifa, le discret président des Émirats arabes unis, n’est plus

Le président décédé des Émirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, au départ du 10 Downing Street à Londres, le 1er Mai 2013. Photo d’archives Reuters/Andrew Winning.

Le président des Émirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, s’est éteint hier à l’âge de 73 ans. À la tête de la fédération émiratie depuis 2004, le souverain d’Abou Dhabi avait une personnalité discrète, tenant à l’héritage de son géniteur, père fondateur de l’État moderne du Golfe. Depuis un accident vasculaire cérébral en 2014, il s’était fait rare en public, sa santé ne lui permettant plus vraiment de gérer les affaires de la fédération, dirigée de facto par son demi-frère, Mohammad ben Zayed. Actuel prince héritier de l’émirat d’Abou Dhabi, celui-ci devrait prendre la succession à la tête du pays après confirmation du conseil suprême fédéral rassemblant les dirigeants des sept émirats. Dans les EAU, 40 jours de deuil ont été déclarés, durant lesquels les drapeaux seront mis en berne, tandis que le secteur public, les ministères et les administrations resteront fermés pendant trois jours à compter de vendredi aux niveaux local comme fédéral.

Né en 1948, cheikh Khalifa a vécu de près l’établissement en 1971 de la fédération émiratie avec six autres petites monarchies du Golfe, sous l’impulsion de son père, cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane. Une figure de père fondateur dont le fils aîné se voulait l’héritier. « J’apprends de lui tous les jours, je suis son chemin et intègre ses valeurs, autant que la nécessité d’être prudent et patient en toute chose », confiait cheikh Khalifa dans une interview en 1990. Connu pour sa capacité à être à l’écoute, l’homme était soucieux d’entretenir de bons rapports avec les représentants des tribus, allant aussi souvent à la rencontre du peuple et d’officiels pour écouter leurs doléances et tenter d’y apporter des solutions.

Dans les pas du père
Devenu prince héritier d’Abou Dhabi à l’âge de 21 ans, cheikh Khalifa a assumé par la même occasion la présidence du département de Défense de l’émirat, qui a constitué ensuite la base des forces armées émiraties. Il en assure par la suite la modernisation et la formation, insistant sur le fait que les EAU sont « un pays qui ne construit pas son armée dans le but d’agresser quiconque, mais que les expériences ont montré que cela était impératif pour contrer ceux qui ont des projets contre lui ». Devenant le second président des EAU en 2004, à la mort de son père, cheikh Khalifa perpétue la tradition de coopération avec Washington établie sous le règne de son père. Alors que ce dernier avait notamment envoyé des contingents pour participer à l’offensive menée par les Américains pour contrer l’invasion irakienne du Koweït en 1991, son fils et successeur se félicite moins de deux décennies après de contribuer à la mission onusienne en Afghanistan, suite cette fois à l’invasion américaine du pays.

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Au niveau national également, il marche dans les pas de son père. C’est avec une tradition familiale et politique de fédération qu’il vient au secours de Dubaï lorsque l’émirat, cœur financier et économique de la fédération, est touché par la crise des subprimes en 2008. Complexée par son infériorité économique mais forte de ses revenus pétroliers, la capitale Abou Dhabi en profite pour contenir l’ascension de l’émirat voisin, coupant court à toute velléité potentielle de réclamer la présidence des EAU, prévue originellement pour être tournante. Le sauvetage de Dubaï vaudra au souverain de voir la plus haute tour du monde rebaptisée en son nom, « Burj Khalifa ».

Succession
Un hommage de son vivant à celui qui a accompagné au fil des décennies la consolidation et la transformation de la fédération émiratie en hub régional influent. L’avènement des printemps arabes en 2011, la montée en puissance des Frères musulmans – honnis par Abou Dhabi – et le risque de contagion constituent un électrochoc pour les EAU. En plus de serrer la vis face aux voix contestataires qui oseraient s’élever en interne, le pays commence à soutenir les forces contre-révolutionnaires dans la région, comme en Égypte notamment. Par ailleurs, la fédération adopte une politique étrangère plus agressive, participant à des opérations militaires conjointes comme face à l’État islamique en Syrie et en Irak, ou encore au Yémen, sous l’égide de la coalition menée par Riyad contre les rebelles houthis soutenus par Téhéran, dans une logique de confrontation indirecte avec l’Iran. Une politique insufflée surtout par le prince héritier et chef d’état-major des forces armées depuis 1993, Mohammad ben Zayed.

Une manière pour cet ambitieux demi-frère d’affirmer sa place de successeur. À la tête de l’armée de l’air dans les années 1980, celui-ci avait alors commencé à alimenter le fonds souverain Mubadala, grâce au système des offsets lié aux contrats d’armements, qui impliquent des investissements dans le pays acheteur. Il s’agissait de s’assurer une autonomie face à celui qui n’était encore que prince héritier d’Abou Dhabi, mais président du Conseil supérieur du pétrole et dirigeant d’un des plus grands fonds souverains du monde, Abu Dhabi Investment Authority. Une concurrence que l’absence de charisme de cheikh Khalifa n’a pu juguler, alors que son père nomme Mohammad ben Zayed vice-prince héritier d’Abou Dhabi peu avant sa mort en 2004. Celui qui détient de fait les rênes du pays depuis l’AVC de son demi-frère en 2014 devrait sans surprise devenir le prochain président de la fédération émiratie. « Mon frère et mentor, le premier fils des EAU, nous avons été bénis par ta force, ta sagesse et ton leadership », s’est-il exprimé en guise d’hommage. Parmi autres, le président égyptien, le roi Salmane d’Arabie saoudite et son fils, l’émir du Qatar ont notamment présenté leurs condoléances, tout comme le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Naftali Bennett, alors qu’Abou Dhabi a normalisé ses relations avec l’État hébreu en 2020.

Le président des Émirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, s’est éteint hier à l’âge de 73 ans. À la tête de la fédération émiratie depuis 2004, le souverain d’Abou Dhabi avait une personnalité discrète, tenant à l’héritage de son géniteur, père fondateur de l’État moderne du Golfe. Depuis un accident vasculaire cérébral en 2014, il s’était fait...

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