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Économie - Immobilier

Les prêts au logement subventionnés relancés « dans 40 jours »

Le Liban a bénéficié d’une enveloppe de 50 millions de dinars koweïtiens (près de 163 millions de dollars) obtenue auprès du Fonds arabe pour le développement économique et social.

Les prêts au logement subventionnés relancés « dans 40 jours »

Les nouveaux prêts-logement subventionnés concernent seulement les habitations de moins de 120 m2 situées en dehors des villes. Photo Mark Mansour

Alors que les prêts subventionnés dédiés à l’achat, la construction ou la reconstruction d’un logement au Liban sont au point mort depuis plus de trois ans, la Banque de l’habitat, un établissement spécialisé dans l’octroi de crédits immobiliers, s’apprête à les relancer.

Une bonne nouvelle pour les Libanais, dont le pouvoir d’achat a été sapé par la crise économique et monétaire entamée à l’été 2019, et à la suite de laquelle la livre a perdu plus de 90 % de sa valeur, sans parler des restrictions bancaires qui ont paralysé de nombreux dépôts, principalement en devises.

Antoine Habib, PDG de cette institution depuis février 2022, a précisé à L’Orient-Le Jour que ce programme de prêts subventionnés sera réactivé dans 40 jours et sera réservé uniquement « aux Libanais à revenu faible ou moyen ».

Remboursements sur 30 ans

Plus concrètement, « seuls les personnes ou les ménages dont le revenu mensuel est compris entre 6,75 millions (soit 10 fois le salaire mensuel minimal, toujours équivalant à 675 000 livres libanaises) et 20 millions de livres libanaises pourront bénéficier de ces prêts », dont l’échelonnement est prévu sur une durée maximale de 30 ans, avec un taux d’intérêt de 4,99 %.

Le montant du prêt sera, lui, calculé en fonction de cette enveloppe, les paiements mensuels ne pouvant pas être supérieurs au tiers du revenu mensuel. Plafonnés à un milliard de livres, soit l’équivalent de 37 000 dollars au taux du marché parallèle (autour de 27 000 livres pour un dollar hier), ces prêts seront libellés en devise nationale et constitueront un apport de 80 % du prix total du logement. L’acheteur devra assurer lui-même les 20 % restants, un montant qui sera alors payé en tant que premier versement.

Autres conditions imposées, le logement à acheter ou construire ne pourra pas dépasser une superficie de 120 m2 et ne pourra pas se situer en ville. Pour établir cette distinction, le PDG explique que son équipe se basera sur la classification établie par le ministère de l’Intérieur, en fonction de laquelle sont répartis les villes et les villages au Liban. Par ailleurs, seuls les candidats qui ne possèdent pas de logement seront retenus.

Selon Antoine Habib, ces critères s’inscrivent dans la mission de la Banque de l’habitat « d’aider les habitants à rester dans leurs villages et de réduire l’exode rural ».

Énergie solaire

En parallèle, et toujours dans ce même objectif, cette dernière s’apprête aussi à lancer des prêts subventionnés dédiés à la rénovation de domiciles endommagés situés dans ces villages. Plafonnés à hauteur de 400 millions de livres (soit moins de 15 000 dollars au taux du marché parallèle), ils seront remboursables sur une période de 10 ans, également avec un taux d’intérêt de 4,99 %.

Outre les prêts dédiés au financement de logements et compte tenu du rationnement extrême du courant électrique par Électricité du Liban (EDL), la Banque de l’habitat prévoit aussi de lancer, en partenariat avec le ministère de l’Énergie et de l’Eau, un programme de prêts subventionnés pour l’installation de panneaux solaires. Supposés aussi être mis en place dans 40 jours, ces crédits contribueront à assurer aux ménages une certaine indépendance énergétique. Ils seront respectivement plafonnés à 75 et 150 millions de livres en fonction des capacités des systèmes photovoltaïques installés (5 et 10 ampères respectivement). Tout comme les prêts-logement, ces montants représenteront aussi 80 % du prix de la facture totale, avec donc un apport des 20 % restants par le candidat. Ce prêt sera échelonné sur une période de 5 ans, avec un taux d’intérêt de 4,99 %. À noter que les ménages ayant obtenu un prêt-logement subventionné pourront aussi bénéficier de ce crédit.

Accord annoncé en 2019

L’ensemble de ces prêts sera financé à partir d’une ligne de crédit de 50 millions de dinars koweïtiens, soit près de 163 millions de dollars aujourd’hui, obtenue auprès du Fonds arabe pour le développement économique et social. Annoncé depuis mars 2019, cet accord n’a été finalement approuvé par le Parlement que le 28 mai 2020, à la suite de « divergences politiques » concernant une éventuelle réaffectation des fonds alloués, selon les explications de l’ancien PDG de la Banque de l’habitat Joseph Sassine.

Ce dernier avait déjà annoncé en décembre 2020 la reprise de ce programme de prêts. À l’époque, il avait expliqué à L’Orient-Le Jour que « la Banque du Liban (BDL) recevra ces montants en dollars au fur et à mesure que les demandes seront approuvées, avant de nous les transférer en livres libanaises au taux de 3 900 pour un dollar. Un moyen qui lui permet de doper ses réserves en devises », alors qu’à cette époque, le taux en vigueur sur le marché parallèle se situait à un peu plus de 8 000 livres pour un dollar.

Le mécanisme adopté cette fois-ci s’apparente énormément à celui déjà mis en place il y a un an et demi. Si la BDL est toujours celle qui recevra cette enveloppe du Fonds arabe pour le développement économique et social et qui débloquera son équivalent à la Banque de l’habitat en livres, le taux de change en vigueur n’a en revanche toujours pas été déterminé. Selon Antoine Habib, la BDL « effectuera ces opérations au fur et à mesure des demandes soit au taux de la plateforme Sayrafa, soit à un autre taux qu’elle désignera plus tard et qui se rapprocherait de celui en vigueur sur le marché parallèle ».

Il s’agit de la troisième ligne de crédit octroyée au Liban par le Fonds arabe pour le développement économique et social, après celles débloquées en 1995 (50 millions de dollars) et en 2012 (120 millions), selon Antoine Habib.

Revenant sur les différentes raisons de l’inactivité du programme de la Banque de l’habitat depuis l’annonce de son lancement fin 2020, le PDG indique que cette situation avait principalement été causée par les nombreux différends entre le Liban et les pays du Golfe, qui ont finalement culminé avec le départ de Beyrouth de certains ambassadeurs, dont celui du Koweït. Une situation qui semble aujourd’hui résolue avec le retour au Liban, début avril, des ambassadeurs saoudien et koweïtien.

Pour rappel, la Banque de l’habitat, créée en 1977 et dont le capital est détenu à 20 % par l’État et à 80 % par le secteur privé (banques commerciales, compagnies d’assurances et investisseurs), n’a aucun lien avec l’Établissement public pour l’habitat (EPH), qui est une institution publique créée à la fin des années 1990 et dont la mission est d’aménager le coût du crédit souscrit par les ménages les plus modestes auprès des banques commerciales.

Alors que les prêts subventionnés dédiés à l’achat, la construction ou la reconstruction d’un logement au Liban sont au point mort depuis plus de trois ans, la Banque de l’habitat, un établissement spécialisé dans l’octroi de crédits immobiliers, s’apprête à les relancer.Une bonne nouvelle pour les Libanais, dont le pouvoir d’achat a été sapé par la crise économique et...

commentaires (2)

He He C'est le Mikou qui doit se frotter les mains. Il va bientot pouvoir se regaler de nouveau.

Michel Trad

08 h 59, le 10 mai 2022

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Commentaires (2)

  • He He C'est le Mikou qui doit se frotter les mains. Il va bientot pouvoir se regaler de nouveau.

    Michel Trad

    08 h 59, le 10 mai 2022

  • Est-ce que M. Mikati comptera, cette fois encore, parmi les Libanais « à revenu faible ou moyen »? Faut lui dire qu’il y a une nouvelle enveloppe pour qu’il se mette sur les rangs.

    Marionet

    01 h 04, le 10 mai 2022

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