"Nous devons être là contre eux", "Ils essaient de nous voler", "Ils ne peuvent pas fuir" : une centaine de manifestants ont crié mardi matin leur colère contre l'adoption d'une loi sur le contrôle des capitaux devant le siège du Parlement, où la réunion des commissions parlementaires des Finances et de l'Administration et de la Justice, consacrée à cette fin, a été annulée ce matin, faute de quorum. L'information a été confirmée par une source au journaliste de L'Orient Today, Kabalan Farah.
Initialement rédigé par l’équipe de négociateurs libanais chargée de discuter avec le Fonds monétaire international (FMI) auprès de qui Beyrouth a sollicité une assistance financière, ce projet avait été avalisé fin mars par le Conseil des ministres avec de légères modifications dans un Liban en plein effondrement.
"Nous devons être là contre eux"
Plusieurs associations, partis et ordres de professions libérales, dont les membres subissent depuis plus de deux ans et demi de crise des restrictions conséquentes sur l’accès à leurs comptes bancaires, ont participé à ce rassemblement, dès 9h, de crainte de voir leur sort s’aggraver à travers le vote de cette loi. Brandissant des drapeaux libanais et ceux des partis auxquels ils sont rattachés, les protestataires ont scandé des slogans patriotiques et dénoncé le contenu de cette loi. "Non au règne des banques. Non au règne des chefs confessionnels. Oui à la construction d'un Etat", peut-on lire sur une banderole brandie par un manifestant.
"Ils essaient de nous humilier davantage, de nous voler et de nous tuer. Nous devons être là, contre eux, pour qu'ils sachent qu'ils ne peuvent pas fuir", a confié une femme, Alia el-Khaldé, à notre journaliste sur place, Zeina Antonios. "Nous réclamons nos droits et notre argent depuis deux ans et demi. Mon mari est à l'étranger depuis trente ans et j'ai quatre enfants", a regretté Mariam, la cinquantaine, déplorant "l'humiliation aux portes des banques" dans lesquelles son argent est bloqué.
Des accrochages ont eu lieu entre des manifestants et l'armée libanaise au passage d'un véhicule, transportant la présidente de l'Ordre des avocats de Tripoli Marie-Thérèse al-Qawal, selon l'Agence nationale d'information. "La bataille n'est pas contre celui qui se trouve dans la voiture mais contre eux", a lancé un manifestant réprimé par un militaire, pointant du doigt le siège du Parlement. Marie-Thérèse el-Qawal a par la suite indiqué, dans une intervention télévisée, que les manifestants avaient attaqué son véhicule croyant que l'ancien ministre des Transports et des Travaux publics, Youssef Fenianos, s'y trouvait.
القمع والتشبيح ضد الناس!! pic.twitter.com/3rls00RA7T
— Salman Andary (@salmanonline) April 26, 2022
Peu avant le début de la séance, le président de la Commission des Finances, Ibrahim Kanaan (CPL), a une nouvelle fois critiqué la loi sur le contrôle des capitaux. "Je réitère notre refus de la version du projet de loi sur le contrôle des capitaux présenté par le gouvernement, notamment ce qui concerne la radiation de l'argent des déposants. J'assure, tout comme je l'avais fait, que nous ne participerons pas à la législation de ce texte mais au vote d'une loi temporaire qui mette un terme au népotisme et fasse partie d'une vision de sauvetage qui protège les droits des déposants", a-t-il tweeté. Selon plusieurs médias, plusieurs groupes parlementaires, notamment le Courant du Futur, le Courant patriotique libre et les Forces libanaises avaient annoncé boycotter la réunion.
Mercredi dernier, la réunion des commissions parlementaires consacrée à l'étude de ce projet de loi avait été levée, sans que les députés n'approuvent le texte, en raison de divisions autour de cette question.
Transmis une première fois au Parlement fin mars, le document avait été renvoyé vers l’exécutif par les députés qui avaient dénoncé des vices de forme et de fond. Le gouvernement l’avait rapidement avalisé avant un nouveau passage devant les députés, cette fois au sein des commissions parlementaires qui y ont consacré plusieurs réunions sans pour autant annoncer avoir effectué de modifications décisives. Entre-temps, le FMI a annoncé avoir conclu un accord préliminaire avec le Liban. Une étape pouvant faire office de prélude à un possible déblocage d’une assistance financière de 3 milliards de dollars sur 4 ans, à condition que les dirigeants libanais mettent en place plusieurs engagements préalables, dont justement le vote d’une loi instaurant un contrôle formel des capitaux.
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Ces mêmes voleurs, traitres et criminels se représentent pour renouveler leur mandat comme si de rien n’était et le pire c’est que certains citoyens se font une joie de faire tirer leur portrait à côté d’eux fiers de leur bilan catastrophique qui les a humilié et qui les tuent à une vitesse grand V. Comment voulez-vous édifier un pays avec des demeurés qui n’ont pas assez de leur misère mais en redemandent en les encourageant à aller encore plus loin dans leurs massacres collectifs. Il n’y a pas de mots pour qualifier ce comportement.
Sissi zayyat
11 h 11, le 27 avril 2022