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Nos Lecteurs ont la Parole

Des Javottes et des Anastasies

La haine, cette « odieuse passion » à laquelle le monde des contes nous initie dès le plus jeune âge, à sa factualité, à ses avatars et à ses conséquences affreuses et désastreuses, revient à la mode de façon vigoureusement exacerbée.

En fait, le monde des contes n’est pas un monde si imaginaire que ça quand il touche aux caractéristiques physionomiques et psychologiques de ses protagonistes, antagonistes et autres personnages. Il est toujours, et à juste titre d’ailleurs, inspiré de faits réels. De la réalité tout court, la nôtre. Une réalité belle et brutale à la fois. Des fois irréprochable et d’autres fois épouvantable, toujours prégnante et immuable, cette réalité n’a pas pris une seule ride depuis Adam et Ève.

Au fond, à un degré plus simpliste et plus drolatique que dramatique, c’est l’histoire de nos passions, de nos ego, de nos défauts ou encore de nos minables relations les uns avec les autres qui nous est narrée dans ces contes et de façon pédagogique. Dès l’enfance, elle nous éveille sur la vérité de la vie, elle nous apprend l’existence de la bonté, et surtout – et c’est le plus important–, l’existence de la méchanceté, de la médiocrité, de la violence, de la haine, et nous guide instinctivement à mieux faire face comme les vrais héros aux adversités et adoucit ultimement et viscéralement le choc de l’affront qui nous attend une fois plongés dans le monde de l’humanité adulte.

Ô combien de fois ces personnalités fictives qui ont contribué à élargir l’horizon de notre imagination et de nos rêves d’enfants contribuent, à partir d’un certain âge, à nous aider à mieux reconnaître les personnes réelles porteuses d’animosité et de bassesse, à les catégoriser et à leur attribuer les noms de certains caractères auxquels elles s’identifient à merveille, à les mater éventuellement ou à défaut à les narguer et les ignorer.

Avec la jalousie qui gangrène leur cerveau et l’ignorance qui conforte leur stupidité et leur impéritie avec de l’ignominie en bonus, sans oublier la méchanceté qui s’accompagne de la laideur de leur esprit, avec en toile de fond, la médisance dans leur faconde, ces méchants brillent sur les réseaux sociaux et dans cet autre monde virtuel où la virulence de leurs propos atteint des bassesses inimaginables. Et nos enfants affrontent ce déchaînement humain sans limite, sans être bien munis pour combattre ces nouvelles forces du mal.

Une cyberviolence gratuite qui frappe fort, détruit et désacralise les pensées bienveillantes. Faire une belle initiative, créer, écrire et être publié, peindre, jouer d’un instrument, être jeune et élu à la tête d’un pays, avoir des postes de responsabilité, ou être tout simplement née belle et intelligente, enchante moins et attire plus les jaloux et les mauvais esprits et leur donnent ce stimulus pavlovien qui définit le but et la raison même de leur existence. Incapables d’en faire de même, ils s’acharnent à détruire la bonté dans l’inspiration et à croquer dans les idées prodigieuses pour les ridiculiser ou pour s’en approprier les mérites dans le but de satisfaire leurs ego démesurés. Dans la décrépitude de leurs esprits, ils reflètent, par leurs critiques négatives et leur haine de la réussite de cet autre, leur âme, la véritable.

Ô combien d’auteurs, de peintres, de philosophes, de musiciens, de simples gens animés par la bonté pour éveiller les esprits, de Delacroix à Manet, Voltaire, Victor Hugo, j’en passe et des meilleurs, ont subi des injures, des jugements malsains, des paroles proférées et décuplées de sarcasme par des personnes dont la crétinerie le dispute au narcissisme. Ô combien d’artistes et des hommes et femmes aux belles initiatives, qui prônent un monde plus humanisé, en subissent encore.

Un monde de contes revisités serait le bienvenu. Des Cendrillons plus puissantes, qui ne subissent plus leur sort et qui ne le pleurent plus, qui seraient dotées toujours de bonté mais également d’un mental d’acier, sont à prévoir pour vaincre du premier coup des Javottes et des Anastasies qui prennent une place de bienséance dans ce monde ridicule où la bienveillance et les bonnes actions ne trouvent plus leur place.

À vos plumes, auteurs de contes ! Préparez au mieux nos enfants ! C’est urgent !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

La haine, cette « odieuse passion » à laquelle le monde des contes nous initie dès le plus jeune âge, à sa factualité, à ses avatars et à ses conséquences affreuses et désastreuses, revient à la mode de façon vigoureusement exacerbée.En fait, le monde des contes n’est pas un monde si imaginaire que ça quand il touche aux caractéristiques physionomiques et...

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