Le centre Mercœur existe depuis une soixantaine d’années. « Au départ, nous étions une association que la ville de Paris a récupérée pour assurer notre gestion financière et nous proposer des subventions. Nous sommes gérés par un conseil d’administration et nos projets sont menés par des salariés et des bénévoles », explique Fabienne Diaike, qui a organisé cette nouvelle édition du festival « Saveur et savoir du monde ». « C’est la sixième édition de ce festival. En général, nous choisissons des pays ou régions francophones. Il y a déjà eu la Louisiane, le Québec, la Réunion… Nous avons choisi le Liban car nous avons une communauté libanaise importante dans le onzième arrondissement et dans Paris. Cela fait deux ans que nous préparons ce projet, qui a dû être reporté avec les différents confinements. Cette semaine va ramener de la vie à notre structure, c’est un projet culturel qui a pour objectif d’aller vers l’autre, de travailler les notions d’identité et d’altérité, avec l’idée que l’on se comprend mieux soi-même en découvrant les autres dans leurs différences », poursuit l’organisatrice du projet. Pendant quinze jours, la bibliothèque du centre Mercœur sera à l’heure du Liban ; vendredi 10 avril a été inaugurée l’exposition « Mémoire collective » de Bassam Anouti. Des peintures mixtes (acrylique, encre et feuilles d’or), en petits formats, entre pop art et art contemporain, qui représentent des personnages iconiques des années 80, au Liban et ailleurs, mais aussi des personnages de manga sur fond d’art islamique et chrétien. « Ces 71 tableaux exposent des icônes des années 80 que les jeunes visiteurs ne connaissent pas forcément, ce qui a donné lieu à un jeu qui consiste à leur faire reconnaître au moins trois des personnages représentés. Concernant les célébrités libanaises, je ne les connaissais pas, et c’est une bénévole libanaise, Rania Zaghir, qui prend des cours de français chez nous, qui m’a éclairée à ce sujet. Elle nous a bien aidés dans la mise en place du projet », explique Fabienne Diaike.
Des films, des contes et des « man’ouchés »
Le week-end dernier, le programme était chargé, proposant des activités variées aux 11 000 habitants du quartier de la Roquette : la projection du film La mémoire libanaise en présence d’Alexis Lavenne, ou de Wardi, de Mats Grorud, mais aussi des ateliers culinaires, où coopèrent les membres du centre Mercoeur et des invités, comme Noha Baz, pédiatre et gastronome, qui a proposé deux ateliers autour du zaatar et de la grenade pour raconter le Liban par ses saveurs et ses couleurs. « L’idée est de créer une rencontre entre les professionnels de la maison et les invités ; notre référente famille a participé aux ateliers de Noha Baz par exemple. Le groupe Zaffet el-Koffieh, composé de sept danseurs et dirigé par Rawad Saadi, est intervenu le samedi 9 avril. Cette troupe libanaise de dabké a animé un temps d’initiation, de présentation et de lecture de contes », précise celle qui insiste sur l’importance du mini-Salon du livre qui a eu lieu ce week-end, et qui se poursuivra dans la semaine. Clarence Massiani, qui travaille au centre Mercœur, a assuré, avec ses élèves, les lectures à voix haute pour les rencontres littéraires avec la romancière Najwa Barakat (Monsieur N., Actes Sud, 2021) et l’auteur et éditeur Farouk Mardam-Bey. Un atelier d’écriture a également été proposé dans une continuité thématique et textuelle. La suite des festivités a repris hier mardi, avec un nouvel atelier dabké. D’autres activités sont prévues, parmi lesquelles une initiation à la langue et la calligraphie arabes, un atelier d’écriture et un concert de oud de Ben Chaouacha. Samedi prochain, Rania Zaghir proposera une lecture des contes qu’elle a écrits et édités, destinés au jeune public. L’édition libanaise du festival Saveur et savoir du monde propose aux 1 200 usagers du centre Mercœur et à son quartier animé une occasion précieuse de croiser les parcours d’artistes, d’écrivains, de bénévoles, de familles, dans une atmosphère conviviale, dépaysante et décloisonnée, bercée de mots, de saveurs et de danses.
commentaires (2)
Merci Josephine pour ta belle description de ces journées . L’atelier découverte du Zaatar que j’ai piloté à été un moment extraordinaire de partage . Pétrir , façonner raconter l’histoire du Liban autrement en sculptant la pâte De la manouche était un grand moment Grands et petits étaient à la fête tout comme les goûts du Liban Fabienne Et Rania extraordinaires Vive la table qui rassemble
Noha Baz
09 h 24, le 13 avril 2022