Le chef du Courant Patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a admis que le mandat de son beau-père, le président Michel Aoun, avait échoué et en a imputé la responsabilité au chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, tout en prenant une nouvelle fois la défense du Hezbollah pro-iranien et de ses armes qui, selon lui, ont "favorisé un équilibre" dans le pays alors qu'elles sont décriées par la communauté internationale, les pays du Golfe et plusieurs forces politiques libanaises.
Dans une interview diffusée dimanche soir dans le cadre de l’émission Sawt el-Nass sur la chaîne LBCI, M. Bassil a estimé que M. Geagea, son principal rival chrétien, "a réussi à faire échouer le mandat" de M. Aoun, et l'a accusé de dépenser de "l'argent politique" en amont des législatives du 15 mai. Il a assuré, en outre, ne pas avoir discuté de l'élection présidentielle, prévue en octobre, avec son autre rival chrétien, le chef du parti des Marada, Sleiman Frangié, qu'il avait rencontré vendredi dernier chez le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
"Le plan de Samir Geagea visant à faire parvenir Michel Aoun à la présidence pour le faire échouer a réussi", a fustigé M. Bassil, estimant que le chef des FL a également "réussi dans l'effondrement survenu sous le mandat du président", mais il s'est déclaré prêt à le rencontrer.
Revenant sur des propos qu'il avait tenus et dans lesquels il dénonçait le recours à "l'argent politique", le député de Batroun a affirmé qu'il "parlait essentiellement des FL". "Recourir à de l'argent politique pour acheter la conscience des gens est la plus grande humiliation infligée à la société chrétienne (...) et cela "ne pourra être réparé (...) Les FL ont dépassé la limite des dépenses électorales, regardez les panneaux dans la rue", a-t-il dit, les FL ayant massivement affiché les slogans de leur campagne électorale dans plusieurs régions.
Dans ce cadre, M. Bassil a tenu à démentir que le Hezbollah finance son parti en vue des législatives. Il a également assuré que les "élections auront lieu" et que des "solutions seront trouvées pour cette fin", alors que des doutes planent toujours sur la tenue du scrutin, notamment à l'étranger, en raison d'une grève des diplomates qui réclament de nouvelles nominations.
M. Bassil a par ailleurs qualifié sa dernière rencontre avec Sleiman Frangieh, de "naturelle", les deux dirigeants ayant été invités à un Iftar par le secrétaire général du Hezbollah. "Sleiman Frangié a manifesté un mécontentement depuis la présidentielle (de 2016) alors que j'affirmais ne pas avoir de problème avec lui", a-t-il noté. Le parlementaire a souligné que la prochaine présidentielle, prévue en octobre, et une éventuelle réélection du président de la Chambre Nabih Berry à son poste, n'étaient pas au menu de ses discussions avec MM. Nasrallah et Frangié. "Je n'avais pas voté pour lui la dernière fois et je ne vois pas la nécessité de le faire maintenant", a-t-il dit.
Le CPL est "encerclé"
Le chef du CPL est, une nouvelle fois, revenu à la charge contre ses adversaires. "La prédominance de l'argent est plus forte que la prédominance des armes", a-t-il observé, prenant de nouveau la défense du Hezbollah, seul parti à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile de 1975-1990. "Les armes du Hezbollah ont favorisé un équilibre qui nous a permis de négocier avec Israël sur le tracé de la frontière maritime. Elles constituent un point fort qui permettrait de ne pas accepter que les Palestiniens restent au Liban", a-t-il soutenu, ajoutant toutefois être "contre le recours aux armes (hors du territoire libanais) et à l'ingérence à l’étranger", soulignant ensuite "la nécessité de trouver une solution" concernant le tracé de la frontière maritime avec Israel, étant donné que le Liban n'a toujours pas remis sa réponse à ce sujet à l'émissaire américain Amos Hochstein.
"Le CPL a été encerclé et a perdu nombre de sièges qu'il ne devait pas perdre, mais cela ne veut pas dire qu'il est incapable de former le plus grand parti au sein du Parlement si certaines choses ne sont pas manipulées et si de l'argent politique n'est pas fortement dépensé", a espéré M. Bassil. "Nous nous débarrasserons après les élections du mensonge des technocrates au sein du gouvernement, dont le but était uniquement de nous éliminer", a-t-il promis.
Alliances politiques
Concernant son alliance avec le Hezbollah et le mouvement chiite Amal, le député de Batroun a fait valoir que "le tandem chiite (Amal-Hezbollah) ne veut pas que le CPL ait des députés chiites". "En 2018, nous voulions être le troisième parti chiite au Liban, mais ils ne l'ont pas accepté", a-t-il déclaré en soutenant que son "alliance avec le mouvement Amal n'est pas politique" et qu'elle relève seulement d'un "besoin commun" entre les trois partis, CPL, Amal et Hezbollah.
Au sujet de l'explosion meurtrière au port de Beyrouth en août 2020, le député aouniste a estimé que le tandem chiite a "mal agi" dans le cadre de ce dossier, des personnalités proches des deux partis ayant déposé plusieurs plaintes contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction. Selon lui, "trois parties sont essentiellement responsables dans cette affaire : le pouvoir judiciaire, l'armée et l'administration du port". "L'enquête s'est concentrée sur l'administration du port et a oublié le reste", a-t-il déploré, prenant la défense du directeur des Douanes, Badri Daher, réputé proche du camp aouniste et incarcéré depuis des mois dans le cadre de l'enquête.
commentaires (28)
Et dire que cette lumière risque de devenir Président si hassan nasrallah le décide !
Goraieb Nada
09 h 01, le 12 avril 2022