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Économie - Liban

Le juge Mansour ordonne la libération de Raja Salamé contre une caution de 500 milliards de livres

L'audition du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé reportée au 9 juin. 

Le palais de justice de Baabda, le 17 mars 2022. Photo REUTERS/Ahmad al-Kerdi

Le premier juge d'instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour, a ordonné jeudi la remise en liberté de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), détenu depuis deux semaines après que la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, a engagé des poursuites à son encontre pour soupçon d'implication dans des affaires immobilières ayant conduit à un enrichissement illicite. M. Salamé reste toutefois en détention, en attendant que la juge Aoun décide d'interjeter ou non appel devant la Chambre d'accusation du Mont-Liban pour contester cette remise en liberté. 

Une source a confirmé à L'Orient-Le Jour que le juge Mansour a autorisé la libération de Raja Salamé contre une caution de 500 milliards de livres, avec interdiction de voyager et saisie de fonds. Cette décision devrait vraisemblablement être contestée, dans un délai de 24h, par la magistrate Aoun, qui avait déjà rejeté la veille la remise en liberté du détenu. L'avocat de M. Salamé, Marwan Issa el-Khoury, avait en effet présenté lundi cette demande auprès du juge Mansour qui l'avait déférée à la magistrate Aoun. Pour sa part, l'avocat el-Khoury a présenté jeudi un appel devant la même Chambre pour demander que le montant de la caution soit abaissé. 

Jeudi dernier, le juge Mansour avait interrogé pendant plusieurs heures Raja Salamé pour soupçon d’implication dans des affaires immobilières en France en lien avec la BDL puis avait émis un mandat d'arrêt à son encontre.

Report de l'audience de Riad Salamé

Une source a par ailleurs confirmé à L'Orient-Le Jour que le juge Mansour a reporté jeudi l'audition de Riad Salamé au 9 juin, après que ce dernier ne s'est pas présenté aujourd'hui au palais de justice. Il a également accordé un délai de dix jours à l'avocat de M. Salamé, Chaouki Azan, pour que celui-ci présente des exceptions de formes à son encontre.

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Fin de partie pour Riad Salamé ?

Riad Salamé, 71 ans et aux commandes de la BDL depuis 1993, est considéré par de nombreux Libanais comme l'un des responsables de la crise économique et financière dans laquelle s'enfonce le Liban depuis 2019. Ancien banquier d'affaires, il assure que sa fortune est le fruit d'investissements effectués lorsqu'il travaillait pour Merrill Lynch, avant de rejoindre la banque centrale libanaise. Outre les enquêtes sur son patrimoine au Liban, des enquêtes sont aussi en cours dans au moins cinq pays européens (Allemagne, Belgique, France, Luxembourg et Monaco). Eurojust, organe européen de coordination de la lutte contre la criminalité organisée, a en outre annoncé lundi la saisie d'environ 120 millions d'euros d'actifs d'origine libanaise dans ces cinq pays et le parquet allemand a précisé que Riad Salamé faisait partie des suspects dans ce dossier. La procureure Aoun, réputée proche du camp présidentiel, l'a dernièrement poursuivi pour enrichissement illicite, une accusation qui concerne des appartements acquis en France par le gouverneur de la BDL, ainsi que des bureaux immobiliers loués par la banque centrale auprès d'une ex-compagne du gouverneur sur l'avenue des Champs-Elysées à Paris.

Affaire Marc Habka

Les poursuites engagées dernièrement par la juge Ghada ont également touché la chaîne MTV, son avocat Marc Habka ainsi que le journaliste vedette de la chaîne, Marcel Ghanem, qu'elle accuse de s'en être pris à elle dans l'émission Sar el-Wa't.

Pour mémoire

Ghada Aoun va porter plainte lundi contre le journaliste Marcel Ghanem, son frère et la MTV

Jeudi, l'avocat Habka a affirmé qu'il s'apprête à présenter deux actions civile et pénale contre la procureure Aoun, peu après avoir comparu devant l'avocat général près la cour d'appel du Mont-Liban, Raëd Abou Chacra. Il a également affirmé qu'il présentera tous les documents nécessaires mardi dans le cadre de cette affaire et d'autres lors d'une deuxième audience devant le juge Abou Chacra. Une source a affirmé à L'Orient-Le Jour que les documents pourraient être liés, entre autres, au dossier de la société de transfert de fonds Mecattaf (également cible de poursuites par la juge, NDLR) ou encore, à une violation de l'obligation de réserve, la juge Aoun s'exprimant sur Twitter à propos de dossiers qu'elle a en charge. 

Rq : Cet article a été modifié le 1er avril 2022 à 13h14

Le premier juge d'instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour, a ordonné jeudi la remise en liberté de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), détenu depuis deux semaines après que la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, a engagé des poursuites à son encontre pour soupçon d'implication dans des affaires...

commentaires (5)

20 millions de dollars…c’est rien par rapport aux sommes détournées et gagnées dans l’illégalité

Karam Georges

22 h 10, le 31 mars 2022

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Commentaires (5)

  • 20 millions de dollars…c’est rien par rapport aux sommes détournées et gagnées dans l’illégalité

    Karam Georges

    22 h 10, le 31 mars 2022

  • Un ancien de Merryl Lynch, c’est un Merryl Lynchien ou un Merryl Lynchiotte? Comment dit-on déjà?

    Gros Gnon

    17 h 07, le 31 mars 2022

  • Une caution de 500 milliards de livres... Une première. Est-ce que Raja Salamé peut s'acquitter de cette somme malgré les restrictions bancaires ? Ou bien, c'est une façon de le garder derrière les barreaux.

    Esber

    16 h 45, le 31 mars 2022

  • pas mal, 2 millions de fresh $ comme caution. si seulement il fuyait et laissait cette some au ... zut je ne sais plus a qui elle reviendrait : au grand peuple du Liban? a ses dignes honorables reps? AH VOILA, a un de ces "conseils de....... " a notre solde a nous.

    Gaby SIOUFI

    16 h 41, le 31 mars 2022

  • Après tout plus rien n'étonne dans ce pays de cocagne pour tous ces justiciables qui trouvent toujours le subterfuge idéal afin de se soustraire à la justice en remettant en cause toutes décisions ou même à minima une convocation . En droit pénal Libanais, n'existe t il pas un acte par lequel un juge d'instruction prescrit que telle personne lui soit amenée ou soit placée en détention. Le salamé a rendez vous au mois de juin, en d'autres termes après les élections !!!! Quant aux deux anciens ministres impliqués dans l'explosion du port, ils utilisent tous les artifices, afin de se défiler , l'ancien premier ministre l’ancien Premier ministre Hassan Diab devait comparaître dans l’enquête sur l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, on attend encore, tandis que le juge Bitar est cantonné à régler les affaires concernant les pensions alimentaires impayées....

    C…

    16 h 29, le 31 mars 2022

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