
Vue sur les silos détruits du port de Beyrouth. Photo Anwar Amro/AFP
L'explosion meurtrière au port de Beyrouth du 4 août 2020 n'en finit plus d'endeuiller le Liban. Plus d'un an et demi après le drame qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, une nouvelle victime est venue s'ajouter samedi à ce triste bilan : Rita Antoun Hardini, âgée d'une trentaine d'années. Il s'agit du deuxième décès lié à l'explosion du port en 24 heures.
Selon une annonce faite dimanche par Mariana Fodoulian, dont la sœur Gaya est décédée le 4 août, Rita Antoun Hardini, qui avait été grièvement blessée et qui était restée sous respiration artificielle, s'est éteinte samedi. Ses obsèques auront lieu lundi. Samedi, une autre victime est également décédée des suites de ses blessures. Julia Audi était restée dans le coma pendant une trentaine de jours après le drame. Samedi, elle a succombé à ses blessures.
Depuis le 4 août 2020, un certain nombre de personnes blessées lors de l'explosion ont fini par succomber, à l'instar de Abbas Mazloum fin octobre 2021. Le 4 août 2021, un an jour pour jour après le drame, c'est Arlette Katta qui s'était éteinte dans un centre de soins de Ghadras. Un an plus tôt, à 18h07, cette pharmacienne avait été soufflée par les explosions au port. Ce ne sont pas des blessures physiques qui avaient eu raison de cette femme de 64 ans. Ses blessures, à elle, étaient cachées. Des blessures au cœur, des blessures à l’âme, à l’esprit, dont elle ne s’était jamais remise.
Une enquête toujours suspendue
L'explosion du 4 août était due au stockage sans mesures de sécurité depuis fin 2013 d'énormes quantités de nitrate d'ammonium qui avaient pris feu, ce que les autorités ont elles-mêmes avoué. Outre le lourd bilan humain, le cataclysme a dévasté des quartiers entiers de la capitale dans un pays en plein effondrement économique depuis 2019.
Aujourd'hui, l'enquête confiée au juge Tarek Bitar est suspendue par les nombreux recours présentés à son encontre par plusieurs responsables politiques et sécuritaires qui sont eux-mêmes poursuivis. Les ingérences flagrantes de toutes parts de l'échiquier politique font craindre aux proches des victimes une impunité totale des responsables. Mercredi dernier, deux anciens responsables portuaires, détenus dans le cadre de l’enquête, ont porté plainte devant la sixième chambre de cassation, afin de réclamer le transfert du volet relatif aux mesures exécutives à un autre juge. Régulièrement, des associations de familles de victimes manifestent à travers tout le Liban et réclament que justice leur soit rendue.
Tant que nous avons des juges achetés ce pays ne sera jamais capable de se redresser. Il faut commencer par le commencement et procéder à des sanctions radicales pour tous les traitres de ce pays. Où sont les juges patriotiques? Pourquoi tant de laxisme alors qu’ils ont juré de défendre les opprimés contre les tortionnaires et les traitres? Des têtes doivent tomber pour servir d’exemple pour qu’à l’avenir aucun homme de droit ne daigne trahir pour acquérir un poste ou une somme d’argent pour ruiner son propre pays. Remuez-vous et passez à l’acte, ça urge.
13 h 24, le 28 mars 2022