Le Liban risque de traverser une "grande crise alimentaire" d'ici deux mois en raison des conséquences de l'invasion russe de l'Ukraine lancée le 24 février, a alerté samedi le président du syndicat des propriétaires de supermarchés, Nabil Fahed, alors que le pays souffre depuis 2019 d'une crise économique inédite.
Parallèlement, les supermarchés ont officialisé, samedi matin, une mesure qui compliquera encore plus le quotidien des consommateurs : le paiement par carte bancaire à la caisse ne sera accepté qu'à hauteur de 50%, le reste devant être réglé en liquide. Une mesure qui était pressentie ces derniers jours et dénoncée sur les réseaux sociaux, au moment où les banques continuent de durcir les restrictions illégales sur les retraits, notamment en livres libanaises.
"Dans deux mois, il est probable que nous ferons face à une grande crise si nous ne parvenons pas à importer des denrées alimentaires, en raison des conséquences de la guerre en Ukraine", a averti M. Fahed, dans des déclarations à la chaîne Al-Jadeed. "Nous comptons sur la bonne conscience des citoyens, pour ne pas acheter et stocker de produits plus que nécessaire", a-t-il ajouté, alors que la panique se faisait ressentir ces derniers jours, de nombreux consommateurs achetant des quantités de pain et d'huile par crainte de pénuries.
Selon une note publiée par le vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Farid Belhaj, le Liban importe d’Ukraine et de Russie plus de 90 % de ses céréales, et le pays ne dispose que d’environ un mois de réserves.
"Les commerçants sont inquiets face à la situation. La propagation d'accusations qui les visent est inacceptable", a déploré M. Fahed. "Notre objectif est d'assurer la provision d'aliments de façon permanente", a-t-il assuré.
Décision "à contre-cœur"
Dans ce contexte, le syndicat des supermarchés a officialisé sa décision de n'accepter les paiements par carte bancaire à la caisse qu'à hauteur de 50% estimant, dans un communiqué, avoir été "poussé à prendre cette décision à contre-cœur, sous la pression des mesures strictes imposées par la Banque du Liban (BDL)". M. Fahed invoque, lui, un "manque de liquidités dans le marché" comme raison supplémentaire justifiant cette décision. Le syndicat a également espéré que "la situation monétaire du pays sera rétablie le plus vite possible, dans l’intérêt de tous, et en particulier des citoyens".
Cette nouvelle restriction suscite l'indignation, alors que la filière était l’une des dernières à accepter encore les paiements par carte, dans un pays où les retraits bancaires sont déjà fortement restreints par les banques depuis le début de la crise économique et financière en 2019. Les supermarchés affirment que leurs comptes en banques sont aussi soumis à ces restrictions de plus en plus contraignantes, qui leur infligent des pertes encore plus lourdes, notamment au vu des coûts d’exploitation qui ne cessent d’augmenter.
Fin 2021, le syndicat était déjà monté au créneau pour demander que la filière – et par conséquent les clients – ne soit pas pénalisée par les restrictions bancaires sur les retraits de liquidités et s’était même réuni avec des responsables à la BDL pour tenter de trouver un terrain d’entente. De même, le syndicat a également rencontré le directeur général du ministère de l’Économie, Mohammad Abou Haïdar, afin de faciliter et d’assurer la continuité des paiements par carte bancaire. Ces efforts n'ont finalement pas abouti.
commentaires (4)
l'OLJ a encore une fois manque a son devoir de precisions : ce jour, c'etait de rapporter que la chaine de supermarches AOUN accepte touours d'etre paye integralement par cartes de debit ! pt't meme FAHED aussi.
Gaby SIOUFI
10 h 34, le 14 mars 2022