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Économie - Transactions

L’écart entre les livres libanaises en espèces et celles bloquées en banque s’accentue

La Banque du Liban envisage d’assurer à 100 % les dollars au taux Sayrafa pour les prochaines importations de carburants.

L’écart entre les livres libanaises en espèces et celles bloquées en banque s’accentue

Les livres libanaises de plus en plus difficiles à « libérer » des banques. Joseph Eid/AFP

Il devient de plus en plus coûteux de « libérer » des livres libanaises coincées dans des comptes en banque suite aux restrictions sur les retraits de liquidités en monnaie nationale imposées par les banques et la Banque du Liban. C’est ce qu’il est possible de conclure à l’issue d’une semaine assez mouvementée, au cours de laquelle plusieurs événements se sont déroulés, dont un en particulier : selon plusieurs sources concordantes, le taux d’escompte pratiqué par ceux qui achètent des chèques libanais en livres avec des espèces a grimpé pour graviter autour de 20 % cette semaine, contre moins de 15 % avant cette échéance.

Cet escompte est imposé par ceux qui disposent de livres en espèces dans la mesure ou celles enregistrées sur les comptes en banque ne peuvent pas être retirées toute de suite ou en une fois, spécialement lorsqu’il s’agit de montants importants, en raison des plafonds mis en place sur les retraits et qui n’ont cessé de s’accentuer depuis octobre 2020. À l’instar des dollars bancaires, qui ne peuvent être retirés qu’avec une décote et qui sont aussi appelés « lollars », ces livres bloquées sont désignées sous le terme de « bira », contraction de « bank » et « lira », d’après une autre expression démocratisée par certains experts sur les réseaux sociaux. À titre de comparaison, lorsque le phénomène a commencé à se développer, le taux d’escompte imposé par un acheteur de « biras » était de l’ordre de 5 %, selon une des sources contactées.

23 % de décote

Si la hausse de ce taux d’escompte s’est accru depuis, c’est parce que la demande en livres sur le marché a augmenté alors que l’offre a été restreinte en raison de la combinaison de plusieurs phénomènes. D’une part la BDL a resserré l’été dernier les modalités aux banques sur les retraits de liquidités en livres qu’elles peuvent effectuer depuis leurs comptes courants enregistrés chez elle, un phénomène qui s’est accentué cet été. D’autre part, la demande de livres en espèces a augmenté avec la hausse des prix de certains biens et services pour lesquels les fournisseurs locaux exigent d’être réglés en espèces, à l’image des factures des générateurs privés ou celles des pleins d’essence, portés par des cours mondiaux en roue libre depuis le début de la guerre en Ukraine.

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« Il y a enfin le fait que la Banque du Liban ne vend plus que des dollars aux banques depuis qu’elle a mis en place le dispositif de sa circulaire n° 161 adoptée en décembre dernier, mais qui a véritablement commencé à être mise en œuvre en janvier. Ce qui oblige les établissements à se fournir aussi sur le marché en subissant le même taux d’escompte de 20 % », rapporte à L’Orient-Le Jour le directeur du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril.

Plusieurs facteurs risquent d’aggraver davantage cette tendance. Premièrement, le fait que les supermarchés ont décidé jeudi d’exiger de leurs clients d’effectuer la moitié de leurs paiements en espèces et non plus par carte bancaire, ce qui les faisait supporter une décote qui atteint mercredi « 23 % », alors que les comptes de ces établissements sont eux aussi soumis à ces restrictions de plus en plus contraignantes.

Deuxièmement, le fait que « la BDL va demander aux importateurs de carburant de lui fournir 100 % des montants des factures de leurs fournisseurs pour les échanger en dollars puisés dans ses réserves au taux de Sayrafa », contre un ratio de 85 % en livres et 15 % en dollars qu’ils devaient eux-mêmes trouver sur le marché. Une information confirmée par la société Medco qui a informé hier ses clients ne plus accepter que des règlements en livres. Ou encore, troisièmement, le fait que l’Association des banques a indiqué hier qu’elle limiterait à 60 % les retraits en espèces des montants prévus dans le cadre des aides sociales à toutes les catégories de fonctionnaires, les 40 % restants ne pouvant alors être utilisables que via chèque ou carte bancaire.

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Tous ces facteurs se manifestent au cours d’une semaine délicate pour le taux de change sur le marché, qui s’était à peu près stabilisé entre 20 000 et 21 000 livres pour un dollar depuis la mi-janvier, mais a subitement dévissé mercredi au-delà de 24 000 livres mercredi pour ensuite se replier autour de 22 500 livres pour un dollar. Le taux de Sayrafa, dont l’évolution est en partie corrélée à celui du marché – sans que cette corrélation ne soit claire pour autant – a aussi augmenté, mais dans des proportions moins importantes, tandis que le volume des transactions journalières a retrouvé en fin de semaine un niveau proche de celui affiché lundi (au-dessus de 90 millions de dollars), alors qu’il était descendu aux environ de 60 millions le même mercredi où le taux avait dérapé.

Pour Nassib Ghobril, ce décrochage ponctuel est directement lié au fait que « certaines banques ont épuisé rapidement leur quota de dollars pouvant être vendus dans le cadre du dispositif de la circulaire n° 161 de la journée mercredi, ce qui s’est répercuté sur le taux parallèle, avant que la situation ne revienne à la normale jeudi ». « Cela a au moins eu deux mérites : montrer que la circulaire n° 161 est un outil qui stabilise le marché et rappeler qu’il existe toujours un marché parallèle », ajoute-t-il. Il prévient toutefois que l’outil déployé par la BDL – et qu’elle finance via ses réserves – ne peut pas être indéfiniment maintenu. « Il a permis de donner du temps aux dirigeants pour avancer dans les discussions avec le FMI, mais ces dernières doivent aboutir si le pays veut espérer une sortie de crise », analyse-t-il.

Pour rappel, la livre a perdu plus de 90 % de sa valeur depuis le début de la crise.

Il devient de plus en plus coûteux de « libérer » des livres libanaises coincées dans des comptes en banque suite aux restrictions sur les retraits de liquidités en monnaie nationale imposées par les banques et la Banque du Liban. C’est ce qu’il est possible de conclure à l’issue d’une semaine assez mouvementée, au cours de laquelle plusieurs événements se sont...
commentaires (2)

VRAIMENT ? "ce qui les faisait supporter AUX SUPERMARCHES une décote qui atteint mercredi « 23 % ""?? SERIEUSEMENT? A T ON SEULEMENT VERIFIE LA VERACITE DE CETTE AFFIRMATION AUPRES DES BANQUES & DE CEUX QUI GERE LES CARTES DE DEBIT POUR LEURS COMPTES ???? SUREMENT QUE NON... AH LA LA... LA FACILITE A GERE NOTRE PAYS , ELLE LE FAIT A CE JOUR

Gaby SIOUFI

14 h 01, le 12 mars 2022

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Commentaires (2)

  • VRAIMENT ? "ce qui les faisait supporter AUX SUPERMARCHES une décote qui atteint mercredi « 23 % ""?? SERIEUSEMENT? A T ON SEULEMENT VERIFIE LA VERACITE DE CETTE AFFIRMATION AUPRES DES BANQUES & DE CEUX QUI GERE LES CARTES DE DEBIT POUR LEURS COMPTES ???? SUREMENT QUE NON... AH LA LA... LA FACILITE A GERE NOTRE PAYS , ELLE LE FAIT A CE JOUR

    Gaby SIOUFI

    14 h 01, le 12 mars 2022

  • C,EST LE BORDEL FINANCIER ! DONT LES VICTIMES SONT TOUJOURS LES ECONOMIES D,UNE VIE DES DEPOSANTS.

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    08 h 24, le 12 mars 2022

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