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Politique - Décryptage

La nomination d’un ministre de l’Information, signe d’une longévité du gouvernement ?

La nomination d’un ministre de l’Information, signe d’une longévité du gouvernement ?

Ziad Makari prononçant sa déclaration après une réunion avec le chef de l’État, hier, à Baabda.

La nouvelle est passée presque inaperçue, tant les Libanais sont débordés par les problèmes du quotidien. Alors qu’en principe, et si tout se déroule conformément à ce qui est prévu, le gouvernement actuel devrait démissionner de facto après les élections législatives prévues le 15 mai, le Conseil des ministres a nommé jeudi sans tambour ni trompette un successeur à Georges Cordahi au ministère de l’Information. Ce dernier avait en effet démissionné le 3 décembre dernier, suite à la crise diplomatique avec les pays du Golfe provoquée par une déclaration sur la guerre au Yémen qu’il avait faite avant d’être nommé ministre.

Pendant près de trois mois, ni le Conseil des ministres ni la partie politique qui avait désigné Georges Cordahi, à savoir le courant des Marada et son chef Sleiman Frangié, n’avaient manifesté la moindre intention de nommer un nouveau ministre de l’Information, se contenant de confier ce portefeuille de façon intérimaire au ministre de l’Éducation Abbas Halabi. Il est vrai qu’au cours de ces trois derniers mois, le gouvernement a eu plus d’un dossier chaud à traiter, entre les tiraillements internes, la menace de boycott des ministres d’Amal et du Hezbollah, les pénuries et les crises diplomatiques. Mais il n’en reste pas moins que la décision de nommer Ziad Makari à la tête du ministère de l’Information à ce timing précis a surpris les milieux politiques.

Certes, il ne s’agit pas de remettre en cause les compétences du nouveau ministre, connu dans les milieux académiques et politiques, ayant présenté sa candidature aux élections législatives en 2000, mais de se poser des questions sur la signification de cette nomination, alors qu’en principe, les fonctions de l’actuel gouvernement devraient toucher à leur fin. Justement sur ce point les avis sont partagés. Pour certains, c’est un nouvel indice de la confusion qui règne au sujet des scénarios des prochains mois. C’est aussi un signe du chef des Marada – qui avait nommé deux ministres, Georges Cordahi à l’Information et Johnny Corm (proche de Farid el-Khazen) aux Télécommunications – sur sa volonté de préserver son influence au sein du cabinet, au cas où la mission de ce dernier se prolongerait.

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Dans ce contexte, deux scénarios sont envisagés : soit les élections législatives sont reportées et dans ce cas le gouvernement actuel reste en place. Soit elles ont lieu mais un nouveau gouvernement ne sera pas formé rapidement, en raison des divisions et des tiraillements internes et le cabinet actuel restera en place, même démissionnaire, pour gérer les affaires courantes. Après le Conseil des ministres de jeudi, le conflit sur les mégacentres de vote ne peut certes plus servir de prétexte pour reporter les élections. Le camp aouniste a décidé de ne pas mettre en danger la tenue du scrutin à la date prévue, même si la décision de renvoyer les mégacentres aux législatives de 2026 est loin de le satisfaire et qu’il compte l’utiliser dans sa campagne électorale. Malgré cela, des rumeurs continuent à circuler sur un éventuel report des élections, car la plupart des parties politiques le souhaitent, face à la grande démobilisation des électeurs de tous bords et dans toutes les régions. Il faut toutefois une bonne raison pour que cela se produise et jusqu’à présent, rien de tel n’est en vue.

Calculs électoraux ?

Quoi qu’il en soit, même si les élections ont lieu à la date prévue et qu’un nouveau Parlement entre en fonction à partir de la fin du mois de mai, il ne sera pas nécessairement facile de former un nouveau gouvernement, surtout avec l’approche de l’échéance présidentielle, le mandat de Michel Aoun expirant le 31 octobre prochain. Si, à cette date, le Parlement, actuel ou nouveau, ne parvient pas à élire un nouveau chef de l’État, tous les pouvoirs seront aux mains du gouvernement actuel dans ce cas de vacance présidentielle, selon la Constitution. C’est donc, selon certains analystes, une des raisons pour lesquelles Sleiman Frangié préférerait avoir deux ministres au lieu d’un seul au sein du gouvernement, pour être plus influent dans la prise des décisions dans la période à venir. La soudaine décision de nommer un successeur à M. Cordahi a donc été prise par M. Frangié, mais elle a aussi été acceptée par le président du Conseil Nagib Mikati et par le chef de l’État Michel Aoun, qui tous deux préfèrent un gouvernement pleinement constitué, en mesure de prendre des décisions importantes dans cette période délicate. Comme Georges Cordahi avait été choisi par le chef des Marada, il était donc normal que son successeur le soit aussi. Ainsi, les équilibres des forces qui avaient régi la formation du gouvernement annoncé le 10 septembre dernier sont respectés, et les deux camps chrétiens qui se considèrent comme des concurrents pour la prochaine échéance présidentielle, à savoir le Courant patriotique libre et les Marada, seront à égalité de chances, au moins au niveau de l’exécutif.

Interrogé sur cette question, un responsable des Marada affirme que la décision de nommer Ziad Makari au portefeuille de l’Information n’a rien à voir avec toutes ces considérations. Il s’agit d’une démarche normale, indépendamment de la longévité du gouvernement. Si donc cette décision a tardé, c’est qu’il y a eu des développements prioritaires, mais la question était toujours présente dans les calculs de Sleiman Frangié. Dans ce contexte, certaines parties laissent entendre que le choix de Sleiman Frangié s’est porté sur Ziad Makari, qui dispose d’une assise populaire réelle à Zghorta, d’abord parce qu’il a de hautes qualifications, mais surtout pour l’empêcher de songer à présenter sa candidature aux législatives, parce qu’elle pourrait nuire à ses propres candidats. Ce qui montrerait que le leader maronite de Zghorta se prépare quand même à l’éventualité que les élections se tiennent à la date prévue.

Ziad Makari reçu par Aoun et Mikati

Le nouveau ministre de l’Information Ziad Makari, nommé à ce poste jeudi par le gouvernement de Nagib Mikati, s’est entretenu hier avec le président de la République Michel Aoun, et le Premier ministre. À l’issue de la réunion avec le chef de l’État, M. Makari a estimé que « la période difficile que traverse le pays exige une action gouvernementale à même de réduire la souffrance des Libanais ». « Nous devons travailler plutôt que parler », a-t-il estimé.

Le nouveau ministre, un ingénieur proche du courant des Marada du leader maronite du Liban-Nord Sleiman Frangié, s’est ensuite rendu au Sérail, où il s’est entretenu avec M. Mikati. « J’ai remercié le Premier ministre pour sa confiance », a-t-il dit, réaffirmant avoir pris la décision de travailler plutôt que de parler. Et de préciser que la cérémonie de passation des pouvoirs avec son prédécesseur par intérim, le ministre de l’Éducation Abbas Halabi, aura lieu lundi au siège du ministère de l’Information à Beyrouth.

Lors de sa séance jeudi à Baabda, le Conseil des ministres a été notifié de la nomination de M. Makari, trois mois après la démission de Georges Cordahi, après des propos hostiles qu’il avait tenus sur le rôle de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen.

La nouvelle est passée presque inaperçue, tant les Libanais sont débordés par les problèmes du quotidien. Alors qu’en principe, et si tout se déroule conformément à ce qui est prévu, le gouvernement actuel devrait démissionner de facto après les élections législatives prévues le 15 mai, le Conseil des ministres a nommé jeudi sans tambour ni trompette un successeur à...

commentaires (7)

Libanais, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Un clown de plus a été vite nommé à un poste inutile. Quelle mascarade ce pays.

Sissi zayyat

11 h 21, le 13 mars 2022

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Commentaires (7)

  • Libanais, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Un clown de plus a été vite nommé à un poste inutile. Quelle mascarade ce pays.

    Sissi zayyat

    11 h 21, le 13 mars 2022

  • Who needs that guy ? Porte-parole des mafieux, c’est une première !

    Wow

    19 h 32, le 12 mars 2022

  • Un salaire inutile de plus pour offrir des services inutiles de moindre qualité au peuple.

    Wlek Sanferlou

    16 h 59, le 12 mars 2022

  • On nomme un ministre à 2 mois des législatives, mais, on omet d'élire 11 députés pour les postes vacants depuis 2 ans avant les législatives. Mascarade de ce régime fantoche.

    Esber

    11 h 18, le 12 mars 2022

  • Tous ces politiciens vereux corrompus et soumis font des comptes d’épiciers alors que la population creve la faim. Tous des pourris qui mériteraien la potence

    Goraieb Nada

    09 h 07, le 12 mars 2022

  • Ministre de l’information, c’est celui qui prend des notes pendant les réunions puis doit les lire devant les caméras? Secrétaire, quoi… Ou alors son rôle est peut-être de supprimer l’information, à l’instar des ses collègues qui ont brillamment supprimé l’électricité, l’eau, l’économie, les finances, l’éducation, etc? Au bout de plusieurs années d’efforts et de travail d’équipe, il est vrai, mais quand même un résultat admirable…

    Gros Gnon

    08 h 03, le 12 mars 2022

  • Pays de Bananiers

    Robert Moumdjian

    03 h 58, le 12 mars 2022

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