Depuis qu’il est à la tête de la Russie, Vladimir Poutine a gagné toutes les guerres qu’il a menées, de la Tchétchénie (1999) à la Syrie (2015) en passant par la Géorgie (2008), avec à chaque fois des coûts exorbitants pour les populations locales mais assez limités pour Moscou.
Ses autres coups de poker, comme l’annexion de la Crimée en 2014, l’intervention en Libye via la puissante milice Wagner à partir de 2019, le déploiement des troupes russes dans le Haut-Karabakh en 2020, ou encore la mise sous tutelle de la Biélorussie en 2021 ont été, de la même façon, des paris réussis. Le chef du Kremlin a redonné à la Russie son statut de grande puissance géopolitique, incontournable sur de nombreux dossiers, au-delà de l’espace postsoviétique, comme le nucléaire iranien ou les équilibres de puissances en Méditerranée orientale. Il a pu le faire essentiellement pour deux raisons. La première, c’est qu’en s’appuyant sur ses ressources énergétiques et en annihilant toutes les voix contestataires sur la scène interne, il a pu moderniser son armée et mobiliser sa population autour d’un discours politique fondé sur la nostalgie de la grande Russie et sur le sentiment de revanche à l’égard de l’Occident. La seconde, beaucoup plus élémentaire mais encore plus fondamentale, c’est que personne n’a sérieusement cherché à l’en empêcher.
La Russie de Vladimir Poutine est une puissance nucléaire, qui peut se targuer d’avoir l’une des armées les plus redoutables au monde. Mais sa véritable force découlait jusqu’à maintenant surtout de la faiblesse de ses adversaires. Cela est peut-être en train de changer.
Moins d’une semaine après le début de l’invasion de l’Ukraine, le chef du Kremlin a réussi l’impossible : unir toute la population ukrainienne contre lui ; ressusciter l’OTAN, que le président français Emmanuel Macron décrivait comme étant en état de « mort cérébrale » en novembre 2019 ; et surtout, contraindre les Européens à faire leur retour dans l’histoire.
L’issue militaire du conflit ne fait, normalement, toujours pas de doute. Compte tenu de l’asymétrie des forces en présence, l’armée russe devrait effectivement parvenir à s’emparer du territoire ukrainien et à briser le pouvoir en place à Kiev. Mais à quel prix ? Les troupes ukrainiennes, soutenues par l’aide militaire occidentale, semblent mieux résister que ne l’avait anticipé l’état-major russe. La nation entière est mobilisée derrière un président transformé en dernier héraut du monde libre. Si les chiffres doivent évidemment être pris avec précaution, Kiev affirmait dimanche avoir déjà tué plus de 4 000 soldats russes. À titre de comparaison, l’intervention en Syrie a fait moins de deux cents morts côté russe.
Au-delà du bilan humain, le coût économique est lui aussi probablement plus important que ne l’avait anticipé le Kremlin. Loin d’être timide, la réponse occidentale est sans concession et sans dissension, avec des sanctions massives frappant le cœur de l’économie russe. En réaction, le rouble a chuté hier de 30 %.
Le réveil occidental a été tardif, mais il s’avère brutal pour Moscou. Les Occidentaux agissent à nouveau comme un bloc. L’OTAN vit une seconde jeunesse. L’Europe, même l’Allemagne, se réarme. Avec un objectif affirmé : faire en sorte que Vladimir Poutine paye sa guerre au prix le plus fort.
L’Ours blessé n’est pas du genre à rendre les armes aussi facilement. Et l’ostracisme d’un pays aussi important que la Russie, qui se voyait même hier exclue de la prochaine Coupe du monde de football, n’est pas sans risques et peut même avoir des effets contre-productifs. Vladimir Poutine va tenter de reprendre la main, en témoigne sa menace, dimanche, de recourir à l’arme nucléaire. Mais même cette annonce est avant tout un signe de faiblesse. Clairement, son plan ne se passe pas comme prévu. Pire, il ne semble avoir aucun scénario de sortie de crise. Va-t-il transformer Kiev en cendres comme il l’a fait à Grozny ou à Alep ? Et compte-t-il ensuite occuper durablement un pays dont la majorité de la population lui est hostile, et à l’intérieur duquel il aurait sans doute affaire à une insurrection sans répit, appuyée par les Occidentaux ? Vladimir Poutine est allé si loin qu’aucune perspective diplomatique n’apparaît aujourd’hui possible. Il peut écraser la résistance ukrainienne et négocier sa reddition, mais cela ne suffira probablement pas à stabiliser l’Ukraine. Combien de temps, en parallèle, la Russie peut-elle supporter d’être asphyxiée par les sanctions occidentales et mise au ban d’une large partie de la communauté internationale ?
En moins d’une semaine, Vladimir Poutine a déjà perdu la guerre de la communication. Mais si la dynamique actuelle se poursuit, le chef du Kremlin va perdre beaucoup plus que cela dans son aventure ukrainienne.
Ya 3a2ntar min 3a2ntarak? Je l’ai fait et personne ne m’a retenu! Depuis le temps du Bush le fils, Poutine attaque et occupe des pays sans que quelqu’un l’appel à l’ordre. Obama n’a même pas réagi convenablement lorsqu’il a occupé la Crémie. Sous le mandat de Trump, Poutine n’a pas occupé d’autre pays parce Trump est plus fou que lui. En sus, ce dernier a fait chuter le prix de baril de pétrole à des prix moindre que les coûts de production, laissant Russie sans grandes ressources financières. Avec Sleepy Joe, Poutine s’est permis une opération de grande envergure! Hélas les Européens se sont réveillés trop tard. Arrêtons de rêver que la Russie fera un jour partie de l’EU.
00 h 02, le 10 mars 2022