Rechercher
Rechercher

Politique - Droits des déposants

Les professions libérales donnent à la BDL une semaine pour mettre au pas les banques déficientes

Si leur demande n’était pas satisfaite, les ordres concernés pourraient aller jusqu’à réclamer la destitution du gouverneur.

Les professions libérales donnent à la BDL une semaine pour mettre au pas les banques déficientes

Dans sa mobilisation pour la défense des droits des déposants, l’ordre des avocats de Beyrouth, présidé par Nader Gaspard, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Avec les présidents des ordres des autres professions libérales (représentant plus de 120 000 Libanais), M. Gaspard a adressé hier un véritable ultimatum au gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, lui demandant d’enclencher, dans le délai d’une semaine, une procédure de mise sous tutelle de toute banque qui n’est plus en mesure de poursuivre ses activités.À défaut, l’Union des ordres des professions libérales aurait recours à de sérieuses mesures d’escalade, a averti le bâtonnier, lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’ordre des avocats, au Palais de justice de Beyrouth.En décembre dernier, le barreau avait créé une commission pour la protection des droits des déposants, chargée de renforcer les moyens juridiques de faire valoir ces droits. Il y a un peu plus d’un mois, M. Gaspard et les représentants des autres ordres ont en outre mandaté un « observatoire » composé de représentants des professions libérales et de la société civile pour exposer au Fonds monétaire international (FMI) les craintes des déposants sur un plan de répartition des pertes que concoctait le pouvoir en place, et qui imputait les pertes les plus grosses aux déposants plutôt qu’aux établissements bancaires, à la BDL et à l’État.

« Deux ans et demi après le début de la crise financière, les plans qui visent à faire fondre les dépôts bancaires et échapper à la redevabilité sont plus que jamais avérés », a lancé Nader Gaspard. Il était entouré hier des présidents et des représentants de plusieurs ordres, dont ceux des ingénieurs, des médecins, des rédacteurs, des physiothérapeutes, des topographes et des infirmiers et infirmières. Des ordres tripolitains étaient aussi représentés. « Alors que les dirigeants en place continuent de lancer des promesses vaines, il est temps de libérer les déposants de l’étau resserré contre eux », a poursuivi M. Gaspard, demandant au « responsable des autorités de contrôle et de la sécurité financière, Riad Salamé, d’assumer, dans un délai maximal d’une semaine, ses responsabilités à travers l’application des lois bancaires ». Il a cité notamment la loi 110 (1991), qui impose au gouverneur de déférer au tribunal bancaire toute banque qui n’est plus en mesure de poursuivre ses activités.

En parallèle, M. Gaspard a réclamé « la mise à l’écart du président, des membres des conseils d’administration et d’autres responsables de toute banque mise en cause, ainsi que la saisie préventive de leurs avoirs ». Si cet ultimatum n’était pas suivi d’effet, « l’Union des ordres des professions libérales adopterait des mesures d’escalade progressives », a-t-il lâché, en ajoutant : « Nous irons jusqu’au bout. »

Solidarité inédite des ordres professionnels

« Jamais les représentants des professions libérales ne s’étaient autant solidarisés pour tenter de sauver les fonds des déposants », estime Karim Daher, président de la commission pour la protection des déposants au sein du barreau, dans une déclaration à L’Orient-Le Jour. « Depuis la création de la commission, ils se réunissent de manière quasi quotidienne, de sorte qu’ils sont parvenus à signer une feuille de route, laissant percevoir qu’il y a une décision de ne plus laisser faire les choses », révèle Me Daher. « Un comité exécutif composé du bâtonnier de Beyrouth et des présidents des ordres des médecins et des ingénieurs a même été désigné pour entrer en communication avec les chancelleries étrangères et les organismes internationaux (FMI, Banque mondiale…) », ajoute-t-il.

« Tant que nos revendications ne sont pas satisfaites, la pression sur la classe politique et financière ira en s’amplifiant », indique Me Daher, évoquant notamment « une mobilisation sur le terrain et des démarches judiciaires ».

« Le gouverneur de la BDL aurait dû prendre des mesures à l’égard des banques dès le 1er novembre 2019, c’est-à-dire dès la réouverture des établissements bancaires, intervenue après le déclenchement du mouvement du 17 octobre », martèle Me Daher. Il révèle que les ordres iraient jusqu’à demander la « destitution » de Riad Salamé si le délai d’une semaine expirait sans qu’aucune action n’ait été menée. La récusation de M. Salamé ne serait-elle pas un danger pour le secteur bancaire ? « En tout état de cause, le secteur bancaire va mal », note l’avocat, affirmant que depuis le début de la crise, « les banques opèrent des haircuts sur les dépôts en faveur de leurs actionnaires, dont 40 % sont des hommes politiques ». Et Me Daher de déplorer « l’immobilisme de la classe au pouvoir pour couvrir les infractions commises par les propriétaires des banques ».

« Il était urgent d’amorcer notre démarche, d’autant que nombre d’actions judiciaires sont intentées à l’étranger par de gros déposants dans des filiales de banques libanaises à l’étranger », indique par ailleurs Me Daher. Il craint qu’en raison de ces procès, « les droits des déposants dans les banques au Liban ne soient bafoués ». « Il faut restructurer le secteur avant que des particuliers, ayant les moyens d’engager de gros cabinets d’avocats à l’étranger, ne se servent en premier dans l’assiette des actifs des banques », prône-t-il enfin.

Dans sa mobilisation pour la défense des droits des déposants, l’ordre des avocats de Beyrouth, présidé par Nader Gaspard, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Avec les présidents des ordres des autres professions libérales (représentant plus de 120 000 Libanais), M. Gaspard a adressé hier un véritable ultimatum au gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé,...

commentaires (3)

Oh, il était temps qu’ils se réveillent et encore, ils n’ont ouvert qu’un œil. Le temps qu’ils ouvrent le second, les coffres seront complètement vides.

Marionet

22 h 13, le 01 mars 2022

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Oh, il était temps qu’ils se réveillent et encore, ils n’ont ouvert qu’un œil. Le temps qu’ils ouvrent le second, les coffres seront complètement vides.

    Marionet

    22 h 13, le 01 mars 2022

  • Du baratin pour rien. Tous les mandataires sociaux des banques ainsi que le gouverneur de la BdL doivent être mis en garde à vue, déférés devant les juges d’instruction du parquet financier et ensuite places en détention préventive pour gestion hasardeuse des dépôts des clients ayant conduit à la faillite et abus de biens sociaux

    Lecteur excédé par la censure

    20 h 38, le 01 mars 2022

  • tres beau toute cette batterie de menaces. mais reste qq chose de flou-pour le commun des mortels seulement ? a voir ! mais que veut vraiment dire, je cite- "déférer au tribunal bancaire toute banque qui n’est plus en mesure de poursuivre ses activités"". c'est quoi exactement ? enfin quoi ce que les banques -toutes les banques-nous font subir deja fait il partie de ce qui a precede? poursuivre quelles activites exactement?

    Gaby SIOUFI

    10 h 13, le 01 mars 2022

Retour en haut