Rechercher
Rechercher

Monde - Repère

Les forces en présence en Ukraine

Tactique russe d’invasion, forces et armement russes et organisation de la défense ukrainienne... Ce qu’il faut savoir sur la guerre déclenchée hier.

Les forces en présence en Ukraine

La Russie, qui a déclenché hier une offensive multidirectionnelle en Ukraine, dispose d’un rapport de forces en sa faveur sur le terrain par rapport à son adversaire, faiblement doté en moyens militaires, malgré une aide des Occidentaux, venue trop tard.

La tactique russe d’invasion et de déstabilisation de l’Ukraine

L’attaque multidirectionnelle russe lancée contre l’Ukraine dans la nuit du 23 au 24 février est conduite principalement depuis l’est, le sud et le nord du pays, bien que des explosions aient été entendues à l’ouest également. Au matin du 24 février, Moscou a affirmé avoir détruit les systèmes de défense antiaérienne et mis « hors service » les bases aériennes de l’Ukraine, écartant les derniers doutes quant au déclenchement d’une guerre.

Les forces russes ont ouvert le front de l’est à partir de la région du Donbass, où sont présentes les forces séparatistes prorusses. L’invasion terrestre se traduit notamment par l’envoi de missiles sur les villes de Kharkiv et Dnipro. Les combats entre les troupes russes, soutenues par les séparatistes, et les forces ukrainiennes se tiennent sur la ligne de contact entre les deux camps dans le Donbass héritée du conflit de 2014.

L'édito d'Anthony SAMRANI

La rationalité selon Poutine

La Crimée a, elle, servi de point de projection des forces russes pour ouvrir le front sud. Le déploiement des forces navales russes en mer Noire permet de conduire plus rapidement des opérations en mer d’Azov et de faire face à une potentielle offensive de l’OTAN. Cette ouverture au sud a rendu possible l’acheminement par la Russie de véhicules militaires à l’intérieur de l’Ukraine. Selon cette même logique, les troupes russes sont projetées dans les villes d’Odessa et de Kherson.

Le positionnement de troupes et de tanks russes en Biélorussie dès janvier a permis à Vladimir Poutine d’attaquer sur le front nord de l’Ukraine, ce qui permettrait une prise plus facile de Kiev et créerait ainsi un effet d’encerclement du pays, à mesure de l’avancée de ses troupes sur les autres fronts.

Les attaques russes visent des cibles stratégiques, principalement les villes, les aéroports comme celui de Kherson près de la Crimée, les aérodromes et les quartiers généraux militaires près de Kiev.

Aux assauts militaires est couplée la conduite de cyberattaques pour faire régner la confusion et déstabiliser en profondeur l’Ukraine. Les attaques par déni de service touchent des banques, des sites gouvernementaux ukrainiens de même que les services informatiques des ministères de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Intérieur ou encore celui des Services de sécurité ukrainiens. Cette guerre hybride menée par la Russie s’illustre aussi par la conduite de campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux.

Les forces et armement russes

Les estimations concernant le nombre de soldats russes mobilisés sur les différents fronts s’élèvent à environ 190 000. Moscou envisage d’avoir recours aux réservistes dont le nombre total s’élève à deux millions, et a déjà déployé la garde nationale aux frontières ukrainiennes, démontrant ainsi les objectifs à long terme poursuivis par la Russie. L’entrée secrète de missionnaires russes du groupe Wagner dans les enclaves séparatistes ukrainiennes ajoute à la complexité de la situation. Environ 300 mercenaires seraient ainsi partis de Libye et de Syrie pour arriver en Crimée avant de rejoindre les territoires séparatistes du Donbass. Le recours aux mercenaires est l’une des caractéristiques de la stratégie militaire russe, née lors du conflit mené par Moscou en Ukraine en 2014. Les objectifs de ces mercenaires dépêchés en Ukraine pourraient être divers, allant d’une préparation du terrain à la guerre, à la conduite d’opérations de sabotage, en passant par l’apport d’une aide militaire aux séparatistes.

Lire aussi

Le pari osé de Poutine en Ukraine

Les forces russes peuvent s’appuyer sur des capacités militaires importantes, composées d’environ 1 500 avions de combat, 1 000 véhicules blindés, d’hélicoptères d’attaque accompagnés d’unités de parachutistes d’élite et de forces spéciales. Les forces navales déployées par la Russie au large des villes d’Odessa et de Marioupol, au sud du pays, sont quant à elles composées de trois frégates, du croiseur lance-missiles Moskva et d’une flottille de corvettes dotées de missiles de longue portée.

L’organisation de la défense ukrainienne

Le 23 février, le Parlement ukrainien votait l’état d’urgence face à la menace russe, dont les attaques ont touché jusqu’à présent 10 régions du pays, principalement à l’est et au sud.

Face à la puissance de feu russe, les Ukrainiens disposent de certains atouts, comme la possession par l’armée de terre d’une force blindée mécanisée importante, composée de quatre brigades de chars et de sept brigades d’infanterie. Ils possèdent également des missiles S-300, qui constituent un avantage pour mettre en place une défense antiaérienne efficace. Les 850 chars détenus par l’armée ukrainienne représentent une autre de ses forces.

Mais les capacités générales de défense nationale de l’Ukraine demeurent faibles, notamment dans les domaines aérien et naval. La marine nationale, décimée lors du conflit de 2014, ne comprend plus qu’une frégate, une corvette et quelques patrouilleurs. Quant à l’aviation ukrainienne, elle est seulement composée de 120 avions de combat, tous de fabrication soviétique.

Les forces armées ukrainiennes sont quant à elles constituées de plusieurs composantes, dont l’addition ne semble pas être en mesure de garantir une victoire face aux Russes. L’armée nationale compte environ 145 000 soldats, mais demeure peu expérimentée, mal structurée et mal équipée. Kiev dispose aussi de 102 000 forces paramilitaires, 8 000 troupes aéroportées et 900 000 réservistes potentiels, dont la formation est décrite comme sommaire. Le vote d’une loi autorisant les Ukrainiens à se doter et à porter leurs armes personnelles illustre la guerre asymétrique qui se joue actuellement. Les nombreuses forces en présence du côté ukrainien, peu habituées à conduire des entraînements communs, pourraient conduire au développement d’une « guérilla désorganisée ».

Pour tenter de combler ce déséquilibre, les alliés de Volodymyr Zelensky acheminent des tonnes d’armes et de munitions pour renforcer les capacités de défense des forces ukrainiennes. Les membres de l’OTAN ont livré des centaines de missiles antichars et antiaériens, de même que des munitions. Les Britanniques ont fait parvenir des missiles antichars, quand les États-Unis envoyaient le 25 janvier, et ce pour la troisième fois en peu de temps, 300 missiles Javelin et 880 tonnes de munitions à Kiev. En février, des pays comme la Lituanie ou l’Estonie ont expédié à Kiev des missiles sol-air Stinger, utiles pour menacer les hélicoptères de combat russes. Si l’aide totale s’élève à deux mille tonnes d’armes et de munitions selon Oleksii Reznikov, ministre ukrainien de la Défense, de nombreux analystes soulignent la faible quantité de cette aide en comparaison avec l’arsenal militaire russe, et son arrivée trop tardive. Les préoccupations quant à la capacité des soldats ukrainiens à se servir de l’armement envoyé du fait d’un manque d’entraînement pourraient être un autre obstacle à l’élaboration d’une réponse efficace à l’attaque russe.

La Russie, qui a déclenché hier une offensive multidirectionnelle en Ukraine, dispose d’un rapport de forces en sa faveur sur le terrain par rapport à son adversaire, faiblement doté en moyens militaires, malgré une aide des Occidentaux, venue trop tard. La tactique russe d’invasion et de déstabilisation de l’UkraineL’attaque multidirectionnelle russe lancée contre...

commentaires (1)

Dans un rapport de forces de 1 à 10, l'Ukraine n'a aucune chance. Tout ce qu'elle peut espérer, c'est faire payer à Poutine sa victoire le [lus cher possible.

Yves Prevost

06 h 56, le 25 février 2022

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Dans un rapport de forces de 1 à 10, l'Ukraine n'a aucune chance. Tout ce qu'elle peut espérer, c'est faire payer à Poutine sa victoire le [lus cher possible.

    Yves Prevost

    06 h 56, le 25 février 2022

Retour en haut